Les stations de dessalement de l’eau de mer : L’inquiétude des spécialistes sur le fonctionnement énergivore

12/05/2022 mis à jour: 02:15
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Photo : D. R.

Il était en effet question, lors de la journée d’étude des scientifiques, de pollution, de l’énergie propre et enfin des matériels vitaux pour l’entretien des équipements des SDEM. Autant de thèmes abordés pour élaborer une vision stratégique qui rentre dans de le cadre de la sécurité hydrique nationale.

La mise à l’arrêt de ces unités de production de l’eau guette les SDEM en Algérie. La construction des SDEM uniquement ne suffit plus pour faire face à la «sécheresse». En effet, la politique de construction des SDEM, sans se soucier d’une dépendance de l’étranger, n’est pas la solution idoine. Tous les équipements de ces unités industrielles érigées le long du littoral sont importés. Par conséquent, le fonctionnement de ces SDEM relève de l’importation.

En cas de crise, l’Algérie fera l’objet du chantage des fournisseurs étrangers. «Chaque SDEM consomme 9072 membranes par an, affirme le directeur technique de la SDEM de Fouka, le coût d’une membrane s’élève à 500 dollars US, le prix de réalisation d’une SDEM avoisine 200 millions US. Le prix de réalisation d’une SDEM avoisine 200 millions de dollars US», nous explique un des chercheurs ayant pris part à cette rencontre.

Dans le contexte actuel, et dans l’intérêt national, les scientifiques et chercheurs algériens sont mobilisés pour rendre ces usines moins budgétivores et moins énergivores. Selon un scientifique, intervenant lors de cette journée, le coût d’une membrane fabriquée en Algérie avoisinera sans aucun doute 1200 DA. Les matières premières sont disponibles en Algérie.

Cette journée d’étude s’est articulée sur des interventions ayant pour thèmes, «La stratégie nationale de la sécurité hydrique» ; «L’expérience des SDEM en Algérie» ; «Le rôle de la recherche scientifique dans la sécurité hydrique» ; «Dessalement des eaux par osmose inverse couplé à l’énergie solaire voltaïque» ; «Elaboration des membranes polymétriques et leurs applications dans le dessalement des eaux», les conférences avaient été suivies par des débats fructueux et enrichissants.

Mohamed Abbès, chercheur et directeur de l’UDES, explique que les objectifs qu’il est impératif de conjuguer les énergies renouvelables avec les techniques de dessalement. «Notre pays est pourvu actuellement de 11 SDEM, toutes énergivores. L’UDES est tenue de proposer des solutions à cette problémaqtique. Toutes les SDEM dépendent de l’étranger. Nous travaillons pour augmenter la durée de vie de la membrane. Nos chercheurs sont arrivés à atteindre des buts dans leurs laboratoires respectifs, nous voulons valoriser et assurer la pérennité de nos SDEM, en utilisant les énergies propres»,, conclut le directeur de l’UDES.

Expérimenté dans le domaine des techniques de construction d’une SDEM, la mise en place des équipements et l’exploitation de ces usines stratégiques pour notre pays, Mohamed Khateb, directeur technique de la SDEM 1 de Fouka, affirme que l’Algérie dépense beaucoup d’argent pour importer les membranes et autres pièces pour faire fonctionner ses SDEM.

Je lance un appel à nos hautes autorités pour se pencher sérieusement à la production des membranes à osmose inverse dans notre pays. «C’est une technologie de pointe. Mais avec les potentialités algériennes, il est possible d’installer des usines destinées à alimenter nos SDEM en pièces consommables d’entretien. Il faut, de son avis encourager les opérateurs à construire des usines pour fabriquer des pompes à pression, des pompes booster, des récupérateurs d’énergie. L’Algérie importe ces équipements qui coûtent énormément d’argent à notre pays.

Le risque de l’arrêt des SDEM est réel. Il est temps de mener une politique d’industrialisation intelligente, afin d’assurer la continuité et l’indépendance de nos SDEM. L’Etat a décidé de construire six méga-SDEM, mais il doit penser à créer des usines pour fabriquer les pièces d’entretien», explique encore le directeur technique de la SDEM 1 de Fouka.

Une problématique qui devra secouer les esprits de nos politiques. La SDEM de Fouka subit des arrêts techniques à cause de la pollution des eaux de mer. A l’Est, les rejets et les crues que débite l’oued Mazafran et à l’Ouest les déversements des eaux polluées et toxiques dégagées par la zone d’activité de la ville de Bou Ismaïl et les eaux usées rejetées par les réseaux des usées constituent un problème pour cette SDEM.

Des facteurs polluants qui obligent l’arrêt technique de la SDEM pour entretenir les pièces des équipements, bien que le réseau d’amenée de l’eau se trouve au large, à 900 ml du littoral.

En chiffre

Il est question de réaliser dans les plus courts délais de six méga-SDEM (station de dessalement de l’eau de mer), d’une capacité globale de production journalière de 1,8 million de mètres cubes d’eau.

Cette production s’ajoute à celle produite par les 11 SDEM déjà opérationnelles dans le pays. Certaines tombent en panne à cause des problèmes d’alimentation en énergie électrique, de la pollution des eaux, la rupture de stock en pièces pour les équipements de production. Le dessalement de l’eau de mer produisait dans le passé 17% du liquide précieux, avec l’apport des six nouvelles SDEM, ce taux passera à 42%, avant d’atteindre l’objectif de 60%.

Le projet de la SDEM 2 de Fouka (300 000 m3/jour) sera érigé à côté de la SDEM 1 (120 000 m3/jour). Nonobstant la production des deux barrages à Tipasa (Boukourdane, Kef-Eddir), les trois SDEM de la wilaya de Tipasa (Fouka et Bou Ismaïl) produiront quotidiennement à moyen terme 460 000 m3 d’eau, dès que l’extension de la SDEM 1 de Fouka sera achevée.

L’ouest du pays sera pourvu d’une autre méga-SDEM (300 000 m3), en plus de celle Mactâa (500  000 m3/jour théoriquement) et Kahrama, déclare Karim Hasni, qui enregistrera la solidarité hydrique, en plus des SDEM de Aïn Témouchent, Mostaganem et Tlemcen, précise-t-il, une sécurité pour cette région de notre pays, enchaîne-t-il, la partie est du pays sera également alimentée suffisamment avec les deux SDEM à Cap-Djinet, celle à Tarf et enfin à Béjaïa, le parc des SDEM atteindra le chiffre de 19, il s’agit d’une stratégie du gouvernement, afin d’assurer la sécurité hydrique à court terme.

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