Les shebab, un mouvement lié à Al Qaîda, cherchent à renverser le fragile gouvernement fédéral somalien, soutenu par la communauté internationale, et contrôlent de vastes territoires dans les zones rurales de la Somalie.
Plusieurs personnes ont été tuées hier dans un attentat-suicide à la voiture piégée survenu au sud de la capitale somalienne Mogadiscio, ont indiqué des responsables. Un porte-parole du gouvernement fédéral a déclaré que l’attaque avait fait quatre morts, tandis qu’un responsable des services de sécurité en a évoqué «au moins six». L’attaque, qui a eu lieu sur une route animée du sud de la capitale, a été revendiquée par le groupe terroriste shebab, qui a affirmé dans un communiqué avoir ciblé des «responsables étrangers».
Cet attentat intervient quelques jours après que les dirigeants somaliens ont conclu un accord pour achever en février les élections parlementaires, dont les retards répétés ont généré une profonde crise politique dans ce pays instable de la Corne de l’Afrique.
«Le gouvernement de la Somalie condamne la lâche attaque suicide d’aujourd’hui (hier, Ndlr) à Mogadiscio au cours de laquelle quatre civils ont été tués et six autres blessés», a déclaré sur Twitter un porte-parole du gouvernement, Mohamed Ibrahim Moalimuu. «De tels actes de terrorisme ne feront pas dérailler la paix et les développements en cours dans le pays. Nous devons nous unir dans le combat contre le terrorisme».
Mohamed Abdi, un responsable des services locaux de sécurité, a de son côté affirmé à l’AFP qu’au moins six personnes étaient mortes et que ce bilan risquait de s’alourdir. «Selon les premières informations, au moins six personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées par cette énorme explosion, toute la zone a été dévastée», a-t-il dit.
Selon des témoins, un convoi de plusieurs véhicules d’une société de sécurité escortait des étrangers à travers cette partie de la ville lorsque l’explosion a eu lieu. «J’ai vu certains passagers blessés être transportés», a déclaré Osman Hassan, un témoin. Un autre témoin, Hassan Nur, a affirmé : «L’explosion était tellement énorme qu’elle a détruit la plupart des bâtiments proches de la route». «J’ai vu plusieurs morts et blessés éparpillés», a-t-il ajouté.
Les shebab, un mouvement lié à Al Qada, cherchent à renverser le fragile gouvernement fédéral somalien, soutenu par la communauté internationale, et contrôlent de vastes territoires dans les zones rurales de la Somalie.
De nombreux observateurs estiment que la crise au sommet de l’Etat et l’impasse électorale qui dure depuis un an détournent l’attention de problèmes plus importants de la Somalie, comme cette insurrection terroriste. Président depuis 2017, Mohamed Abdullahi Mohamed, plus connu sous le surnom de Farmajo, a vu son mandat expirer le 8 février 2021 en ayant failli à organiser des élections.
L’annonce mi-avril de la prolongation de son mandat pour deux ans avait provoqué des affrontements armés à Mogadiscio. Dans un geste d’apaisement, le chef de l’Etat avait chargé le Premier ministre Mohamed Hussein Roble d’organiser les élections. Mais dans les mois qui ont suivi, les accrochages entre les deux hommes ont perduré, faisant craindre que leur conflit ne dégénère en violences généralisées.
En décembre, Farmajo a suspendu le Premier ministre qu’il avait lui-même nommé en septembre 2020. Celui-ci a aussitôt accusé le président de «tentative de coup d’Etat» et défié son autorité, tandis que l’opposition appelait Farmajo à démissionner. Dimanche, M. Roble et les dirigeants régionaux somaliens ont annoncé avoir conclu un accord pour achever les élections parlementaires d’ici au 25 février.
Farmajo a dans la foulée affirmé son soutien à cet accord. Selon le complexe système électoral somalien, les Assemblées des cinq Etats du pays et des délégués investis par une myriade de clans et de sous-clans choisissent les législateurs qui, à leur tour, désignent le président. Les élections pour la Chambre haute sont terminées dans tous les Etats, à l’exception de Galmudug, et les votes ont commencé début novembre pour la Chambre basse.