Les prix de la volaille en forte baisse : Une mauvaise bonne nouvelle

21/05/2022 mis à jour: 18:45
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Photo : D. R.

Une baisse subite qui prédit une augmentation des prix dans les prochains jours et un nouveau dérèglement de la filière. Ce n’est pas une nouveauté que de constater les fluctuations des prix de la viande blanche.

Après s’être envolé pendant plusieurs mois, le prix de la volaille connaît une baisse brutale. Cette chute prédit cependant une augmentation des prix dans les prochaines semaines et un nouveau dérèglement de la filière.

Ce n’est pas une nouveauté que de constater les fluctuations des prix de la viande blanche. Le poulet est, dans certaines régions, à moins de 200 DA le kilo. Une baisse surprenante qui pourrait s’expliquer par le recul de la demande. D’ailleurs, c’est la piste donnée par le ministère du Commerce, qui explique la chute des prix par le retour à la normale de la demande après le mois de Ramadhan.

Cette baisse sensible des prix ne se limite pas à la viande blanche et concerne tous les produits agricoles. De son côté, l’Office national des aliments de bétail (ONAB) donne quelques explications. «Les prix étaient très instables durant les trois derniers mois.

Des productions ont été lancées pour combler la hausse de la demande durant cette période, notamment le mois de Ramadhan. Voyant les prix augmenter, beaucoup d’éleveurs ont lancé de nouvelles productions. Une fois mises sur le marché, la demande avait nettement baissé, d’où les prix pratiqués ces derniers temps», déclare Laleg Mohamed Said, chargé de communication de cet Office.

Les prix actuels arrangent les affaires des ménages, qui ont été saignés durant le mois sacré du Ramadhan. Les œufs en revanche n’ont pas été touchés par cette forte baisse des prix. Le plateau de 30 unités est toujours à 360 et 390 DA. Mais cette situation fait naître des craintes quant aux retombées de cette baisse des prix sur la filière avicole.

D’ailleurs, l’Association de protection et d’orientation du consommateur et son environnement (Apoce) avertit sur l’impact de cette fluctuation subite sur les éleveurs. «Il est bien beau de se réjouir de cette baisse des prix, qui profite certes aux consommateurs, mais il ne faut pas oublier les pertes qu’endossent les éleveurs, qui vont certainement arrêter la production. Résultat des courses : une augmentation importante des prix ne tardera pas à s’inviter sur le marché. C’est la raison pour laquelle nous avons appelé les instances concernées, notamment l’Office national des aliments de bétail, à prendre les dispositions nécessaires pour éviter une nouvelle crise», déclare Mustapha Zebdi, président de l’Apoce.

Désorganisation

Pourquoi autant de fluctuations dans la filière ? Il est à savoir que le secteur avicole connaît depuis des années une véritable désorganisation. Les élevages activant dans l’informel représentent plus de 50% du tissu de production.

Plusieurs opérations de réorganisation ont été lancées ces dernières années sans pour autant que leurs résultats soient probants. Une chose est sûre : le ministère de l’Agriculture et du Développement rural ainsi que le Conseil national interprofessionnel de la filière avicole (Cnifa) ont du pain sur la planche.

Le chargé de la communication de l’ONAB assure que, suite aux directives du ministre de l’Agriculture, Mohamed Abdelhafid Henni, des dispositions ont été prises pour éviter les prochaines envolées du prix de la volaille. La mesure principale est d’assurer le stockage de toute la surproduction afin de l’écouler en cas de hausse de la demande.

«Nous voulons, à travers cette mesure, réguler le marché en cas de crise ou retard de production. Nous avons justement publié sur nos comptes sur les réseaux sociaux tous les contacts et adresses de nos abattoirs mis à la disposition des éleveurs. Leur production sera achetée, stockée et écoulée en temps opportun», ajoute notre interlocuteur, qui rassure que l’ONAB dispose des capacités de stockage nécessaires pour absorber tout le surplus de production. Pour ce responsable, le retour à la flambée des prix de la volaille pourrait avoir lieu dans un mois.

Il est à rappeler que les experts ont toujours alerté sur le manque de prévisions chiffrées quant aux besoins des Algériens en produits avicoles ou autres. Ce manque de visibilité est, selon eux, la source de toute cette instabilité sur le marché des produits agricoles et agroalimentaires.

Les seuls chiffres disponibles sont ceux liés à la consommation annuelle de viande blanche des Algériens, qui varie entre 550 à 600 000 tonnes par an. Autre chiffre disponible : le nombre de poussins repro-chair dont le pays a besoin annuellement et qui est de 5 à 6 millions.

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