Les médicaments en rupture enfin réceptionnés par la PCH

09/02/2022 mis à jour: 00:03
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Siège de la Pharmacie centrale des hôpitaux / Photo : D. R.

Un produit de biotechnologie compris dans le protocole de traitement, un quota de 60 000 flacons du Méthotrexate injectable 1 g, un produit de chimiothérapie en rupture depuis plusieurs mois, a été livré hier par le laboratoire suisse Sandoz.

La Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) vient d’acquérir les quantités nécessaires de médicaments indiqués dans le traitement des cancers pédiatriques, à savoir les leucémies, les tumeurs du cerveau, le cancer des os et les lymphomes.

Après avoir réceptionné les commandes du Vincristine et de l’Asparaginase ces derniers mois, un produit de biotechnologie compris dans le protocole de traitement, un quota de 60 000 flacons du Méthotrexate injectable 1 g, un produit de chimiothérapie en rupture depuis plusieurs mois, a été livré hier par le laboratoire suisse Sandoz, qui a hérité du portefeuille de l’activité d’injectables en oncologie du génériqueur autrichien Ebewe Pharma, en bénéficiant d’une variation de l’Agence nationale des produits pharmaceutiques dont le produit en question est enregistré par le laboratoire suisse en Algérie. Une seconde commande importante du laboratoire indien Cipla avec les deux dosages, à savoir 500 mg et 1 g, est attendue dans les prochains jours.

«Cette commande représente une couverture de 13 mois de traitement en plus des 60 000 flacons reçus hier, une première tranche fournie par Sandoz. Cette quantité couvrira les quatre prochains mois en attendant de réceptionner progressivement les 189 000 flacons restants chez Sandoz», a indiqué Fatima Ouakti, directrice générale de la PCH.

Suite à la défaillance du laboratoire américain Mylan, seul détenteur de la décision d’enregistrement de cette molécule en Algérie et fournisseur de la Pharmacie centrale des hôpitaux, un bon de commande a été signé au début du mois de mars 2020 et des démarches ont été entreprises par la PCH depuis une année afin d’en acquérir des quantités auprès d’autres fournisseurs et soumettre leur produit à l’enregistrement.

Convoqué par le ministère de l’Industrie pharmaceutique, le laboratoire Mylan a expliqué qu’il avait eu un problème d’approvisionnement de matière première auprès des fournisseurs chinois à cause de la pandémie de Covid-19, alors qu’il avait livré d’autres pays, selon notre source.

Situation inextricable

Devant cette situation inextricable où des enfants étaient en danger de mort, les médecins traitants et les parents des malades n’ont pas arrêté de se démener pour trouver des flacons de Méthotrexate dans les différents centres du pays et même à l’étranger.

Par ailleurs, un don de 1000 flacons de Méthotrexate injectable 500 mg a été mis à la disposition de la PCH par le laboratoire Biopharm en décembre 2021, lequel a déclaré dans un communiqué rendu public que «tous les moyens ont été mobilisés en procédure d’urgence en moins d’une semaine pour la réussite de cette opération».

La directrice de la PCH explique que les retards enregistrés pour l’acquisition de ces produits s’explique par le fait que «nous sommes tenus de respecter rigoureusement les procédés réglementaires pharmaceutiques ainsi que les procédures d’achat de tous les produits pharmaceutiques et dispositifs médicaux, qui sont en nombre 1760, dont 1060 médicaments toutes classes confondues, dont 459 ne sont pas enregistrés, tels que les produits radioactifs nécessaires pour la prise en charge en charge de certaines pathologies».

Et de préciser que «la PCH ne peut acheter que les produits enregistrés par les fournisseurs auprès de l’Agence nationale des produits pharmaceutiques et ceux autorisés par arrêté ministériel inscrits dans le cadre des 27 programmes nationaux de santé et pris en charge par le ministère de la Santé. Il s’agit des médicaments pour la lutte contre le VIH/sida, la tuberculose, le paludisme, l’hépatite, etc.»

Mme Ouakti rappelle que toute procédure d’achat engagée par la PCH est soumise à vérification par les organismes de contrôle externes, notamment la Cour des compte et l’IGF. Par ailleurs, le ministère de l’Industrie pharmaceutique a pris des mesures à l’égard du premier fournisseur Mylan, qui n’a pas honoré ses engagements, et a ouvert des négociations à travers le groupe Saidal avec son partenaire sud-coréen, CKD OTTO Pharma, dont une joint-venture pour la fabrication de six médicaments anticancéreux a été signée, en décembre 2020, pour introduire la Méthotrexate en attendant d’engager un projet de fabrication de ce produit localement.

L’importation auprès de ce laboratoire et la mise sur le marché de ce produit non enregistré bénéficieront d’une Autorisation temporaire de mise sur le marché (ATU) délivrée pour les produits non enregistrés, en attendant son enregistrement et sa fabrication.

Ainsi, 10 000 flacons de Méthotrexate 50 mg ont été livrés par les partenaires du groupe Saidal et n’ont pas encore été réceptionnés par la PCH. Du côté des soignants et des parents d’enfants, c’est un grand soulagement, mais que «cela ne se reproduise plus jamais», déclare le Pr Houda Boudiaf, chef de service d’oncologie pédiatrique au CHU Mustapha, qui a lancé l’alerte il y a une année. «Enfin, nous sommes rassurés que les médicaments sont arrivés et nous allons pouvoir traiter nos patients.

Je souhaite que ce qui est arrivé servira de leçon aux responsables concernés pour être plus réactifs et agir rapidement à l’avenir», a-t-elle ajouté tout en rappelant que les médecins étaient obligés de changer de protocole pour assurer la continuité des soins aux enfants malades, notamment pour les tumeurs osseuses. Lesquels protocoles n’étaient pas sans conséquences sur l’évolution de la maladie. «Si ce n’est pas le développement des métastases, ce sont les amputations des membres, voire fatalement la mort des patients», avaient averti les médecins.

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