Les marchés mondiaux ont «les nerfs à vif»

05/04/2025 mis à jour: 01:40
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Un vent de panique s’est emparé des marchés mondiaux hier après la réponse ferme de Pékin aux droits de douane américains, laissant craindre une escalade dans les tensions commerciales entre  les deux premières puissances économiques du globe. 

Déjà ébranlées par la dernière offensive protectionniste américaine, les Bourses mondiales ont continué de plonger après les annonces de Pékin imposant en réponse des droits de douane de 34% sur toutes les importations de biens américains à partir du 10 avril. En Europe, la Bourse de Paris a dévissé de 4,26%, effaçant tous ses gains de l’année, peu après avoir perdu plus de 5%. Les Bourses de Francfort et Londres ont toutes deux chuté de 4,95% et Milan de 6,53%, leurs plus fortes chutes depuis le début de la pandémie de Covid-19 en mars 2020. La Bourse suisse a dégringolé de 5,14% et Madrid de 5,83%. Wall Street n’y échappe pas, le Dow Jones plongeant de 3,94%, l’indice Nasdaq de 4,82% et l’indice élargi S&P de 4,70% vers 16h30 GMT, après avoir déjà subi une très forte baisse la veille. «Les nerfs des investisseurs sont actuellement à vif», écrit Andreas Lipkow, analyste indépendant sollicité par l’AFP. 

«L’annonce des droits de douane réciproques de cette semaine par les Etats-Unis représente le changement le plus radical de la politique commerciale mondiale de ces dernières décennies», affirment les analystes de Deutsche Bank. Et «les mesures de rétorsion de la Chine annoncent le début d’une escalade» entre les deux géants économiques de la planète, souligne Alexandre Baradez, responsable de l’analyse marchés à IG France. Tout «ce que le marché craint». «Le ralentissement de l’économie devient maintenant une certitude», note Gilles Guibout, responsable des actions européennes chez AXA IM. Les marchés d’actions par ailleurs ont mal accueilli les déclarations du président de la banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell, hier, affirmant qu’il était «trop tôt pour dire quelle est la politique monétaire appropriée». 

Une façon de dire qu’il n’entendait pas faire bouger les taux dans ce contexte. L’onde de choc provoquée par les annonces de droits de douane américaines a ravivé les craintes d’une possible «récession aux Etats-Unis et à plus grande échelle», souligne Guillaume Chaloin, directeur de la gestion actions de Delubac AM. Les cours du pétrole, très sensibles aux évolutions de la consommation mondiale, étaient touchés de plein de fouet, évoluant à leur plus bas niveau depuis quatre ans. Vers 14h30 GMT, le prix du baril de Brent de la mer du Nord chutait de 6,74% à 65,41 dollars. Son équivalent américain, le WTI, plongeait de 7,61% à 61,85 dollars le baril. «Les craintes d’une récession signifient moins d’industrie et moins de consommation de pétrole», de quoi faire plonger valeurs industrielles et pétrolières. 

A Londres, Shell a dévissé de 7,47% et BP de 7,43%. A Paris, TotalEnergies a abandonné 6,24%. A Milan, Eni a perdu 4,53%. Outre-Atlantique, vers 16h30 GMT, Exxon Mobil (-4,91%), Chevron (-6,03%), ConocoPhilips (-8,18%) dégringolaient. 

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