Les laiteries appelées à intensifier la collecte du lait cru : 600 millions de dollars d’importation de poudre de lait en 2021

23/02/2022 mis à jour: 23:11
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Il faut accentuer les efforts pour développer la filière

En 2021, l’importation de la poudre de lait s’est élevée à 600 millions de dollars, selon le directeur de l’Office national interprofessionnel du lait (ONIL), Khaled Soualmia. Et ce, pour une quantité de près de 200 000 tonnes. 

Ce qui représente 46% des besoins nationaux alors que le reste (54%) est importé par les entreprises de la filière laitière relevant du privé. L’ONIL alimente les usines en poudre de lait comme complément au lait cru et distribue, par ailleurs, 14 579 tonnes aux 119 laiteries, dont 15 publiques et 104 privées réparties à travers le territoire national. 

Cela pour illustrer la faible intégration de lait cru dans le processus de production. Une tendance que l’ONIL veut inverser en œuvrant à réduire les quantités de poudre de lait distribuées pour les substituer par du lait cru collecté. 

«Les usines sont légalement responsables de l’opération de collecte pour pouvoir bénéficier de la poudre de lait subventionnée, ce qui les oblige à collecter le maximum», a précisé Khaled Soualmia. 

Mais faudrait-il que la production soit à même de répondre aux besoins des transformateurs. Ce qui n’est pas aisé à assurer en cette période de stress hydrique puisque, selon les représentants des laiteries, la collecte a baissé de 25% en 2021. D’où l’urgence d’accentuer les efforts pour développer la filière. 

A ce sujet, le directeur général de l’ONIL a évoqué la mise en place de quatre groupes locaux de soutien depuis 2015 à travers quatre wilayas (Souk Ahras, Blida, Relizane et Ghardaïa), dont la mission consiste à prodiguer des conseils aux éleveurs et producteurs de fourrage pour optimiser leur rendement. Un programme numérisé a été également mis en place pour que l’ONIL puisse réduire les délais d’examen des dossiers relatifs au soutien des agriculteurs, des distributeurs et des laiteries.
 

En attendant que ces programmes donnent des résultats en termes de rendement et de collecte, les responsables du secteur tentent de répondre à la demande de poudre de lait via les importations et la révision à la hausse des quantités distribuées, notamment en période de forte pression, comme le Ramadhan. 

D’ailleurs, depuis le mois de janvier, l’ensemble des laiteries reçoivent 5000 tonnes supplémentaires. «Cette décision a été prise dans le cadre de la commission mixte chargée de la mise en place d’un programme de distribution de la poudre de lait et qui interviendra en cas de pénurie enregistrée dans n’importe quelle wilaya du pays», a précisé le DG de l’ONIL devant la commission de l’agriculture, de la pêche et de l’environnement de l’Assemblée populaire nationale (APN) lors d’une séance d’audition tenue le 21 février.
 

En application de cette décision, le Groupe industriel des productions laitières du lait (Giplait) recevra une quantité supplémentaire de 500 tonnes/mois, «pour anticiper une éventuelle pénurie due à la forte densité de la population et au changement du mode de consommation des citoyens», selon le DG de l’ONIL. 

Ce dernier affirmera dans ce sillage que le groupe a pris ses dispositions concernant la production destinée au mois sacré de Ramadhan, alors que la tension sur ce produit se fait ressentir tout au long de l’année, comme c’est le cas actuellement pour le lait subventionné. 

Les représentants de Giplait expliquent cette tension par des problèmes d’organisation, comme l’a souligné récemment le PDG du complexe Colaital (filiale de Giplait) à Alger, Mohamed Miraoui, qui a appelé à revoir le réseau de distribution du lait subventionné, en tenant compte du changement de la densité de la population dans la capitale et ses alentours.

 Ce changement est, faut-il le noter, également observer dans d’autres régions avec les nouveaux pôles et les cités nouvellement livrées. En plus de la dépendance vis-à-vis des importations des matières premières, la filière lait fait face aux dysfonctionnements de la chaîne de distribution, une question en attente de prise en charge. 

Problème que les députés ont soulevé en appelant à revoir la méthode de distribution des quantités de lait à travers le territoire national en rapprochant les points de vente des consommateurs et en modifiant la carte de répartition des laiteries, conformément aux besoins de chaque wilaya. Ils ont plaidé aussi pour la révision et la marge bénéficiaire des distributeurs et des détaillants. 
 

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