Les Etats-Unis affrontent une forte inflation : Le patron de la Fed avertit les Américains

28/08/2022 mis à jour: 07:28
AFP
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La lutte contre l’inflation aux Etats-Unis «va faire souffrir les ménages et entreprises» américains, mais y renoncer serait encore plus dommageable pour l’économie, a prévenu cette semaine le patron de la Banque centrale (Fed), Jerome Powell. 

Dans une déclaration résolue et d’une rare franchise, prononcée à la conférence des banquiers centraux de Jackson Hole (Wyoming), le président de la Fed a averti que la Banque centrale américaine userait «vigoureusement de ses outils» en relevant les taux d’intérêt. Revenir à la stabilité des prix «prendra du temps» et entraînera «une longue période de croissance plus faible» ainsi qu’«un ralentissement du marché du travail», a-t-il martelé dans un discours exceptionnellement bref mais déterminé, à quelques mois des élections de mi-mandat pour l’administration démocrate de Joe Biden. 
 

L’inflation aux Etats-Unis caracole à 8,5% en juillet sur un an, contre 9,1% en juin, un plus haut en 40 ans, selon l’indice des prix à la consommation CPI. Selon un autre indicateur très observé par la Fed, l’indice PCE, publié vendredi, elle s’est inscrite à 6,3%, contre 6,8% sur un an. «Si ces dernières baisses de juillet sont bienvenues, une amélioration sur un mois seulement est loin d’être suffisante» et nécessitera d’être confirmée, a déclaré M. Powell. La Banque centrale veut ramener la hausse des prix autour de 2%, et cette politique aura une série de «coûts regrettables», a précisé M. Powel. Il a redit que la Fed était prête à «une autre forte hausse exceptionnelle des taux» à la prochaine réunion du Comité monétaire du 21 septembre, après déjà deux tours de vis consécutifs de 75 points de base (0,75%). 

Le banquier central a prévenu les marchés que les taux d’intérêt iraient en territoire «restrictif» et que la barre du taux neutre, qui reflète le niveau idéal des taux, généralement évalué autour de 2,5%, pour ne créer ni de surchauffe ni refroidir l’économie, n’était plus guère d’actualité pour l’instant. «Les estimations du taux neutre à long terme ne sont pas un seuil où l’on doit faire une pause», a-t-il averti. M. Powell a admis «qu’à un certain stade, il sera opportun de ralentir le rythme des relèvements de taux» mais il a ajouté un bémol à cette notion déjà rapportée, qui avait réjoui les marchés financiers récemment. «L’histoire montre qu’il faut prendre garde à ne pas relâcher la politique monétaire trop tôt», a-t-il ajouté, dans ce message qu’il a voulu «direct».  

Comme chaque année, mais cette fois plus encore, le discours du dirigeant de la plus puissante des Banques centrales était au centre de toutes les attentions lors du symposium de Jackson Hole, en présentiel pour la première fois depuis 2019. M. Powell a reconnu que «l’inflation actuelle était un phénomène mondial et que beaucoup d’économies dans le monde faisaient face à une hausse des prix égale, voire plus haute que celle des Etats-Unis». Pour refroidir la surchauffe des prix, depuis le printemps dernier, la Réserve fédérale a fait passer les taux au jour le jour, qui influencent tous les autres crédits, de zéro à une fourchette entre 2,25% et 2,50%. A plusieurs reprises dans son discours, M. Powell a cité un illustre prédécesseur à la tête de la Banque centrale, Paul Volcker, crédité pour avoir d’une main de fer jugulé une inflation galopante au début des années 1980. Après ce discours et la publication de l’indice PCE de l’inflation, le dollar perdait 0,73% à 1,0050 dollar pour un euro. 

 

Wall Street plombée par la Fed


La Bourse de New York a terminé en forte baisse vendredi, saisie par la promesse du président de la Banque centrale américaine de continuer à remonter les taux et de les maintenir durablement à un niveau élevé pour calmer l’inflation. Le Dow Jones a abandonné 3,03%, 32 283,40 points, et lâché plus de 1000 points, sa pire performance sur une séance depuis mi-mai, soit plus de trois mois. L’indice Nasdaq a lui chuté de 3,94%, à 12 141,71 points, et l’indice élargi S&P 500 de 3,37%, à 4057,66 points. A l’issue de cette séance calamiteuse, le S&P 500 a retrouvé son plus bas niveau en clôture depuis un mois. «Les marchés ne réagissent pas comme ça parce que le discours du président Powell était brutal, mais plutôt du fait que la dernière possibilité d’un repositionnement» et d’un assouplissement à court terme de la politique monétaire de la Fed «a été écartée», a expliqué Keith Buchanan (de Globalt Investments). Après la sortie très attendue de Jerome Powell, les opérateurs pariaient majoritairement sur une nouvelle hausse de 0,75 point de pourcentage du taux directeur de la Fed, qui serait la troisième d’affilée, lors de sa prochaine réunion, les 21 et 22 septembre. R. E.

 

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