Les entreprises se liguent contre la «bureaucratie»

20/02/2022 mis à jour: 09:48
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Photo : D. R.

La nouvelle organisation veut mettre à la disposition de l’Etat l’expertise de nombreux opérateurs dans plusieurs secteurs, notamment la lutte contre la bureaucratie, l’économie informelle et la contrefaçon.

A l’initiative de dirigeants d’entreprises nationales publiques et privées, une nouvelle organisation syndicale patronale a été créée : il s’agit du Conseil du renouveau économique algérien (CREA). Une assemblée générale constitutive a eu lieu hier au Centre international des conférences (CIC, Abdelatif Rahal) à Alger. L’objectif affiché est la contribution active à la transition économique de l’Algérie dans un contexte délicat. Les membres fondateurs du CREA ont élu Kamel Moula, directeur général des laboratoires Vénus, comme président pour un mandat de 3 ans. 70 entreprises sont partantes pour cette nouvelle aventure et 29 membres du bureau exécutif ont également été élus lors de cette assemblée générale constitutive.

Lors d’une conférence de presse, Kamel Moula n’a pas fait dans la nuance. Il affirme clairement que ce Conseil «est une force de proposition, d’écoute et d’accompagnement à la transition économique qui mettra à profit l’intelligence collective», d’autant plus que le président de la République lui-même a affirmé que «2022 sera une année consacrée exclusivement à l’économie» et que ce qui est demandé aujourd’hui est tout simplement de «donner un saut qualitatif à l’économie nationale». Le temps presse et il est primordial de passer de la stratégie à l’opérationnel, de l’intention à l’action, il n’y a pas de solution miracle mais des réponses concrètes à des enjeux.

La nouvelle organisation veut mettre à la disposition de l’Etat l’expertise de nombreux opérateurs dans plusieurs secteurs, notamment la lutte contre la bureaucratie, l’économie informelle et la contrefaçon, le développement de nouvelles filières dans la formation professionnelle, la relance industrielle, la création et la gestion des zones industrielles, la fiscalité et le développement des investissements. Le défi est immense dans un contexte particulièrement inquiétant, où tous les indicateurs sont au rouge : récession mondiale, chute de la valeur du dinar et du pouvoir d’achat des ménages.

Au-delà des discours, la bataille de l’emploi et de la croissance est un enjeu majeur. Kamel Moula cite au moins trois handicaps qui ont freiné les initiatives et retardé tout décollage économique : «Absence de confiance entre les opérateurs et les pouvoirs publics et manque de concertation, ce qui a abouti à la promulgation de textes de loi en parfait décalage avec la réalité et une paralysie de l’administration qui résiste encore au changement et dont certains veulent continuer à vouloir faire perdurer des pratiques du passé.»

Faire face à la hausse du chômage

Sortir de la crise, faire face à la hausse du chômage et aux risques de faillite et favoriser la reprise économique : ces questions feront la une de l’actualité et seront au cœur des enjeux politiques. Donc, la priorité n° 1 est de rétablir la confiance auprès des forces vives de la nation, le message se veut clair. Aucune réforme ne pourra produire de résultat si on ne remet pas les principes de bonne gestion, de compétitivité et de performance au cœur du développement économique du pays.

Les opérateurs se sont plaints à de multiples reprises d’un manque de considération qui a fait sinon échoué des projets, du moins retardé leur concrétisation. A une question sur la multiplication des organisations patronales qui peut être assimilée à un émiettement qui risque, à moyen terme, de ne pas peser sur la décision économique, le président du CREA affirme : «Nous n’avons aucun différent avec eux. On est complémentaires au regard de la gravité de la situation et des urgences actuelles. Il est primordial de mutualiser les efforts, d’autant plus que nous n’avons pas été assez écoutés par le passé, on partage pourtant les mêmes problèmes et les mêmes soucis.» Initier le changement demande l’engagement de tous.

Le plus court chemin de la compréhension à la réalisation, c’est la «co-construction». Des entreprises publiques, des entreprises privées, des start-up et des entreprises importantes, telles que Sonatrach, BEA banque, l’opérateur de téléphonie mobile Mobilis, le groupe Saïdal, Biopharm, Faderco ont fait le choix de se fédérer pour créer ce nouveau Conseil, car «conscients des opportunités d’émergence économique existantes» et en «prenant acte de la volonté ferme du président de la République d’établir un climat des affaires serein et attractif et de sa démarche entreprise pour la construction d’une Algérie économiquement nouvelle».

«Nous n’avons pas été assez écoutés par le passé»

Des entreprises algériennes connaissent diverses difficultés dues notamment au poids de la bureaucratie. Pourtant, les investissements lancés par des hommes d’affaires algériens représentaient un espoir pour des milliers de jeunes afin de sortir du chômage et développer l’économie du pays. Les défis du CREA porteront sur «toutes les filières» participant à l’édification d’une économie forte. Il s’agit d’aller vers «une agriculture et une pêche fortes et diversifiées garantissant la sécurité alimentaire de l’Algérie et constituant un socle solide pour l’industrie agroalimentaire.

Deuxième élément à prendre en compte : bâtir des infrastructures et moyens logistiques permettant aux opérateurs d’optimiser les échanges, et une industrie manufacturière fortement intégrée, performante et fondée sur la haute valeur ajoutée».

Ces défis porteront aussi sur «une économie de l’innovation exploitant tout le potentiel de la jeunesse prête à fonder des start-up et à attaquer les marchés internationaux, des services et un système bancaire modernes répondant aux aspirations des opérateurs et usagers algériens, un mix énergétique exploitant au mieux les ressources, notamment renouvelables, et un secteur minier comme nouveau pilier des exportations et de la transformation». Pour le CREA, il ne faut plus jouer l’effet d’annonce pour cacher la réalité.

Le constat est connu par tous, il n’est malheureusement pas très reluisant. Le CREA ambitionne aussi de devenir un outil de promotion de l’Algérie, grâce à des partenariats de qualité dans le monde et à l’implication de la communauté nationale établie à l’étranger. 
 

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