Les eaux souterraines en danger

23/02/2022 mis à jour: 01:01
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Que faire face à la sécheresse qui met particulièrement sous pression l’agriculture algérienne ? Faut-il céder à la facilité en recourant aux extractions effrénées des eaux souterraines, ou faut-il au contraire opter pour une solution durable en favorisant les systèmes d’irrigation agricole économes en eau ? 
 

«La baisse du niveau des eaux souterraines dans certaines zones montre qu’une surexploitation est en cours», a alerté, déjà en 2018, une équipe d’universitaires algériens qui a réalisé une étude publiée par l’Atlas des eaux souterraines d’Afrique qui fournit des informations sur l’hydrogéologie et les ressources en eaux souterraines de 51 pays africains. De leur côté, les hydrologues de la FAO estiment que près de 70% de la superficie agricole algérienne est irriguée par les eaux souterraines. 

A ce rythme, le processus de tarissement est inéluctable. Le gouvernement doit commander un rapport sur la situation précise et actualisée des eaux souterraines en vue de bien concevoir une réforme de la politique de l’eau. Alors que les experts alertent sur le fait qu’une surexploitation des eaux souterraines est déjà en cours, la «course au surpompage» s’accélère à un rythme inquiétant. Des pompes de plus en plus puissantes permettent de puiser l’eau des aquifères plus rapidement qu’elle n’est remplacée par les précipitations. La situation des nappes phréatiques est invisible et attire donc moins l’attention. 

Les hydrologues avertissent pourtant que les générations futures risquent de devoir faire face à la «bombe à retardement» des nappes phréatiques. Le stress hydrique complique la donne, puisque les aquifères sont difficilement rechargés par des précipitations de plus en plus rares. Les prélèvements des eaux souterraines sont favorisés par des subventions qui rendent son extraction peu coûteuse. Le Sahara algérien abrite, certes, 70% de l’un des plus grands aquifères du monde, à cheval sur trois pays, l’Algérie, la Libye et la Tunisie, mais la recharge de cette nappe de l’Albien est extrêmement faible. Le déclin des ressources disponibles est inexorable.
 

L’autre source d’inquiétude des experts concerne la pollution des aquifères par les fertilisants, les pesticides et les nitrates utilisés dans l’agriculture, malgré la législation contraignante. L’enfouissement de déchets pollue également les nappes souterraines. S’impose alors la question cruciale de la gouvernance de l’eau. 

Face à la pénurie et au danger de surexploitation des nappes phréatiques, l’Etat doit mieux réguler l’usage de l’eau. Les politiques nationales de l’eau doivent encourager en priorité les économies d’eau en prenant des mesures d’incitation, en freinant les autorisations de forage et en assurant l’application stricte de sanctions pour les auteurs des forages illicites. 

Le cap doit être définitivement mis sur l’amélioration de l’efficience de l’irrigation et la mise en place d’outils de protection qualitative et quantitative des eaux souterraines. Les mesures de protection permettent aussi d’éviter la contamination des eaux souterraines par les polluants.

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