Les éléments de ce récit, réels ou possiblement existants, comportent des personnages marquants, qui tiennent tous à la probité et aux vertus de la vie.
Les dards du Talion est un roman écrit dans une langue savoureuse et corsée. Le lecteur prend plaisir à déguster des phrases belles, parfois rythmées en tirades, dominées par l’élégance du style et la poésie.
Ce roman, d’un genre inédit, explore des variétés de textes poétiques, narratifs, avec des intermèdes de phrases explicatives pour ne pas laisser le lecteur dans le langage énigmatique ou incompréhensible. Une sorte de compromis entre poésie, écrits romanesques et phrases documentaires. Ce livre nous rappelle, à bien des égards, un certain Vladimir Nabokov dans ses illustrations des genres.
C’est-à-dire l’art de montrer à la fois du romanesque, des jeux de mots et des poèmes célébrant des instants solennels. L’histoire en elle-même est tirée d’un mythe fondateur d’un village, Azroubar, dont les premiers occupants sont venus d’un autre village, Arbi, tous les deux de la même région de Tigzirt, chassés pour une histoire de vendetta.
A cette géographie réelle, se superpose une bouleversante légende, celle d’Umjane, le personnage principal. Cette histoire, racontée toujours avec ce souffle épique, s’enrobe de choses réelles et de celles imaginées. Elle possède tous les ingrédients des contes kabyles anciens.
Les éléments de ce récit, réels ou possiblement existants, comportent des personnages marquants qui tiennent tous à la probité et aux vertus de la vie. L’image, qui en ressort d’eux, est celle de la sagesse et la responsabilité plutôt que la colère incontrôlée qui mène à l’inconscient chemin de la vengeance.
Ce qui fait l’originalité aussi de ce livre, c’est qu’il est à la fois enflammé par l’histoire racontée et mesuré dans le ton, débordant dans la passion et subtil dans la forme. Cela en plus des glissements subjectifs vers le monde merveilleux des contes populaires où le fantasque suspend souvent la réalité pour enivrer le lecteur de sensations et de saveurs fortes, car ce roman se nourrit de tout ce qui est légende, mythe, pour s’opposer aux violences de cette histoire et aux aléas du destin des personnages.
Des personnages, tels que Saadi, Tihert... dont les stigmates des souffrances endurées ne sont visibles que dans le terme de vengeance moult fois ressassé, que dans les vagues de réminiscences qui ne se sont jamais réellement tues.
L’auteur, qui obéit souvent aux soucis du détail, nous montre aussi ce monde de la fin du XVIIIe siècle, à la fois cruel et naïf, mais plein de vertus. A déplorer cependant dans ce livre édité à compte d’auteur, un manque dans la qualité de la présentation et d’autres petits éléments techniques, car avec le travail d’une bonne maison d’édition, ce roman fera à coup sûr beaucoup de chemin.
Correspondance particulière