Les artistes Moh Ouali Hakem et son fils Mehdi revisités : Emouvant hommage

23/03/2022 mis à jour: 22:04
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Moh Ouali avait chanté l’immigration, l’exil, la nostalgie pour son amour au pays et divers thèmes avec une rare sensibilité

La mémoire du chanteur Moh Ouali Hakem (Moh Ouali Tizi-Tamlelt) a été honorée, vendredi, à l’occasion d’un hommage émouvant qui lui a été rendu par sa famille et les citoyens de son village natal, Tizi Tamlelt, commune d’Iflissen, daïra de Tigzirt et à une quarantaine de kilomètres au nord de Tizi Ouzou.

 Ainsi, pour marquer l’anniversaire de la naissance du défunt qui a vu le jour le 18 mars 1934, un recueillement a été observé à la mémoire de cet artiste qui s’éteint le 25 septembre 2015, à l’âge de 81 ans. Après des témoignages sur la vie et l’œuvre du regretté, une gerbe de fleurs a été déposée sur la tombe de Moh Ouali qui repose en paix dans un endroit ombragé d’oliviers au cimetière du village. 

Des photos de l’artiste ont été exhibées par les présents lors de cet hommage. «Mon père était un homme aimé pour ses qualités humaines. Il était un artiste qui avait chanté avec Dahmane El Harrachi, quand il est arrivé en France au début des années 1950. Il était aussi très séduit par la chanson de Cheikh El Hasnaoui. Aujourd’hui, nous rendons hommage à mon père et à mon frère Mehdi qui, lui aussi artiste, est décédé très jeune. Il venait juste d’entamer sa quarantaine d’années quand il s’est éteint laissant derrière lui un vide incommensurable que personne ne peut combler. Mon père a vécu très discret et humble. 

Comme beaucoup de chanteurs de sa génération, il a commencé à fredonner ses premières mélodies dès son jeune âge. En 1952, soit à l’âge de 18 ans, il quitte son village natal pour partir en France, où il a persévéré dans la chanson, en composant plusieurs textes, dont la quasi-totalité n’a pas a été éditée», a déclaré, avec beaucoup d’émotion, Karim Hakem, fils de Moh Ouali, qui vient de sortir un album. 

D’autres membres de la famille Hakem ont également revisité, dans le souvenir, l’artiste Moh Ouali et son fils Mehdi qui régalaient, jadis, les fêtes de mariage dans la région par des galas envoûtants, dont des citoyens gardent toujours en mémoire ces moments, disent-ils, inoubliables. 

Par ailleurs, rappelons que Moh Ouali a chanté l’immigration, l’exil et la nostalgie pour son amour au pays. Le chanteur a traité divers thèmes avec une rare sensibilité dans des chansons magnifiques, pleines d’émotion et d’une subtile tendresse. Il savait bien choisir scrupuleusement les mots qu’il mariait avec des sons pour en faire des œuvres palpitantes. 

En août 2008, les habitants de son village, Tizi Tamlelt, lui avaient rendu un vibrant hommage avec un grand gala animé, notamment par des artistes comme Cherif Hamani, Ali Ideflawen, Moh Saïd Fahem, Mohand Akli Belkheir et Yasmina. D’autre part, il est important d’annoncer la sortie de l’album de Karim Hakem qui se veut, estime-t-il, un hommage à son père et son frère disparus qui lui ont légué un précieux héritage artistique. Il signe ainsi son premier produit qu’il a confectionné, ajoute-t-il, des années durant, comme une toile d’araignée, compte tenu de l’importance symbolique de ce travail. 

Des chansons inédites de Moh Ouali et de Mehdi ont été chantées par Karim qui s’est engagé, raconte-t-il, dans la production artistique presque par obligation. «Il y a de belles chansons de mon père qui n’ont jamais été éditées. Il y avait mon frère Mehdi qui devait les interpréter dans un album mais, après son décès, tout est tombé à l’eau. Donc, aujourd’hui, j’ai décidé de me mettre dans le bain de la production artistique, mais après des années de travail», nous souligne-t-il avec un sentiment d’avoir accompli un devoir de mémoire.

 Ainsi, dans ce nouveau produit, Karim Moh Ouali a interprété, entre autres, Tsamarvuht Agma Thamaghra et Mukhelkhal, des textes appuyés d’une pensée aux jeunes de son village disparus à la fleur de l’âge. Un produit qui donne vraiment des frissons. 

D’ailleurs, tous ceux qui ont écouté les extraits des chansons mis en ligne, même avant la sortie officielle de l’album concordent à exprimer la même sensation. «Bravo cher cousin Karim. J’ai eu vraiment la chair de poule en écoutant ces belles chansons qui me plongent dans des souvenirs lointains, aussi lointains même, au temps où Dda Moh Ouali, ton père adulé, nous gavait avec ce style chaâbi qui a fait de lui un grand maître parmi les grands de sa génération. Cet hommage me touche énormément. Deux en un, l’un à Dda Moh Ouali et l’autre à notre grand frère Mehdi, qui nous a quittés très tôt. 

Paix à leurs âmes. Même s’ils ne sont plus là aujourd’hui, ils restent toujours vivants éternellement dans nos mémoires. Les œuvres ne pourront jamais disparaître, car les deux défunts ont beaucoup apporté pour la culture berbère. Bon courage à notre frère Karim pour d’autres productions», a écrit Sadjia Hakem, la nièce du chanteur Moh Ouali.
 

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