Les actions de solidarité durant ce ramadhan sont en nette baisse : Les associations caritatives frappées par la crise

06/04/2022 mis à jour: 20:00
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L’inflation et la pandémie de coronavirus ont impacté les aides et les actions de solidarité pour ce mois de Ramadhan

Au quatrième jour du mois de Ramadhan, les associations caritatives peinent à atteindre leurs objectifs. Les appels aux dons se font rares. Les dons également. Le phénomène est nouveau lorsque l’on sait que les opérations de solidarité pullulaient sur les réseaux sociaux. Que s’est-il réellement passé cette année ? Les Algériens sont-ils moins généreux ? 
 

L’association «Cœur sur la main» qui lance des opérations de solidarité même hors du mois sacré, livre son constat. «C’est la situation de crise que tout le monde traverse. Avec ces deux années de pandémie, beaucoup de personnes ont du mal à rééquilibrer leur budget familial. Nous avons été choqués cette année de voir des donateurs venir chercher de l’aide. La situation est difficile pour tous, même pour les entreprises qui souffrent de la récession de l’investissement», note Abdelkader Affak, président de l’association. Il souligne que cette année, contrairement aux précédentes, son association n’a distribué que 125 couffins. Les opérations d’aide ne s’arrêtent toutefois pas. 
 

D’ailleurs, contactée par des entreprises, notamment pharmaceutiques, l’association lance encore de nouvelles opérations dont la prochaine est prévue pour la fin de cette semaine. Elle consiste en la distribution de repas chauds aux étudiants subsahariens qui n’ont pas pu rejoindre leurs familles durant ce mois. Même son de cloche à l’association Nass El Kheir. 
 

Pour cette fondation, activant sur le territoire national, l’opération de remplissage des couffins relève du parcours du combattant. Cherrared Rabie, responsable à Ness El Kheir de Raïs Hamidou à Alger, raconte les «embûches» rencontrées cette année. «Cette année, c’est plus compliqué qu’avant. D’un côté, les retombées de la pandémie sur les ressources financières des familles, et du coup le nombre élevé de nécessiteux. De l’autre, il y a cette inflation qui rend difficile l’opération d’achat. Même si nous faisons nos achats à la source, la hausse des prix est infernale. Nous sommes obligés de jongler avec notre budget et de faire plusieurs communes et plusieurs fournisseurs pour avoir un gain de quelques dinars», raconte notre interlocuteur qui cite aussi le problème de la pénurie de certains produits, tels que la semoule ou encore l’huile de table. 
 

Plus de 2,2 millions de familles nécessiteuses
 

Il a fallu, selon ses propos, attendre la nuit pour être livré avec une quantité qui ne correspondait pas aux véritables besoins. Le fournisseur aurait exigé de s’approvisionner en totalité chez lui pour pouvoir donner une quantité supérieure. «Malheureusement, le prix qu’il proposait était très cher par rapport à notre budget. Nous avons été obligés de nous contenter de ce qu’on a pu avoir. Jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons pas encore atteint nos objectifs de distribution de 200 couffins. Nous en sommes à 150 seulement alors que d’habitude nous dépassons largement nos objectifs», ajoute notre interlocuteur. 

Des propos confirmés par Alaa Eddine, coordinateur de l’association pour la wilaya d’Alger. Il confirme que les opérations de solidarité sont plus difficiles cette année. Les 1400 repas distribués par jour n’ont pas encore été atteints. «Les donateurs existent toujours et la solidarité des Algériens ne s’éteindra jamais. Nous sommes d’ailleurs à notre 12e édition de la campagne ‘‘Rana Lahna’’, qui consiste en la distribution de repas chauds aux personnes de passage et aux voyageurs. Nous avons aussi nos ‘‘restos du cœur’’ dans lesquels nous recevons au quotidien des nécessiteux venus rompre le jeûne. Le nombre devrait augmenter dans les prochains jours», souligne-t-il. Pour le Croissant-Rouge algérien (CRA), un programme de solidarité a été mis en place à l’occasion de ce mois sacré au profit des familles démunies. La cible, ce ne sont pas les grandes villes, mais plutôt les «zones d’ombre». 
 

Il s’agit de l’ouverture de 200 restaurants «Rahma» et la distribution de 40 000 colis de produits alimentaires. L’opération avait commencé jeudi dernier par la distribution de 6000 colis de produits alimentaires pour les familles nécessiteuses. Le programme qui se poursuit toujours intègre aussi des aides pour les familles en organisant des opérations de circoncision de plus de 2000 enfants et la distribution de vêtements de l’Aïd. Il est à signaler qu’il a été recensé en 2020 quelque 2,2 millions de familles nécessiteuses en Algérie. Avec les retombées de la Covid-19 sur le marché du travail, le chômage et le secteur économique en général ainsi que l’érosion du pouvoir d’achat, ce nombre aurait doublé. 

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