Pour faire du lait, il faut une vache, pour faire une vache, il faut de l’herbe, bien verte et fraîche toute l’année. Doit-on importer l’herbe, la vache ou le lait ? Pays semi-aride, y compris au niveau de sa gouvernance, l’Algérie a choisi d’importer le lait, n’ayant pas d’herbe fraîche.
Mais renseignements pris, la crise du lait a une explication : l’arrêt des importations fin 2021 pour que les quotas soient défalqués sur 2022 et avoir ainsi une facture d’importation en baisse, soit une histoire de comptabilité pour que sur le papier, le gouvernement puisse annoncer qu’il est sur la bonne voie.
Il faut d’ailleurs des tonnes de papier pour pouvoir importer quoi que ce soit, d’autres papiers pour avoir le droit de déposer des papiers et encore des kilomètres de papier pour ouvrir une compagnie aérienne, une compagnie maritime, une banque, une société d’assurances, un club de parachutisme ou un restaurant-bar, avec, comble de l’absurde, une licence d’ancien moudjahid, soit un papier pour avoir un café avec une machine à café qui a plus de deux bras. L’Algérie est un empire de papier, preuve en est que quand il pleut, elle se gondole et quand il fait chaud elle jaunit.
Sur le papier, la liberté de réunion est consacrée, en réalité elle est soumise à autorisation, sur le papier, un journaliste ne doit pas aller en prison, en réalité ils sont nombreux dans les cachots, sur le papier un chef de parti est libre de s’opposer et de critiquer le régime, en réalité il peut être condamné à de la prison ferme.
Tout comme sur le papier, il y a de l’huile, dans une production suffisante, mais dans la réalité des commerces, supérettes ou alimentations générales, il n’y en a pas. Sur le papier tout va bien, sauf que le problème est que l’Algérie a abandonné depuis bien longtemps la production de papier à base de l’alfa des Hauts-Plateaux. Depuis des décennies, l’empire de papier importe donc son papier.