L’écrivain Waciny Laredj à Tlemcen : Quelle marge de liberté pour l’écrivain ?

27/08/2024 mis à jour: 03:32
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L’écrivain Waciny Laredj - Photo : D. R.

La 4e édition de la Pensée, organisée par la bibliothèque publique Mohammed Dib, a réuni, jeudi, l’auteur Waciny Laredj et une grande assistance composée d’amoureux des lettres, des écrivains en pleine verdeur, des étudiants, des universitaires et des lecteurs, autour de «l’écriture de fiction et ses interrogations angoissantes».


Bien à l’aise dans sa région -l’auteur de La maison andalouse, avec un verbe facile et accessible, avait, d’emblée, effectué un flash back dans son cursus pour rappeler les prémices de son penchant pour la littérature, l’écriture de fiction.

Son mémoire de magister sur «la preuve de l’existence du roman algérien en arabe» a été un choix, mais aussi comme une prédiction à ce qu’il allait devenir, lui, l’auteur prolifique, souvent sujet à des polémiques, suite notamment à son œuvre Hizya, qui lui avait valu en 2023, le prestigieux prix Great Arab Minds (les grands esprits arabes) pour la catégorie « littérature et art».

Une distinction représentant l’équivalent du prix Nobel de littérature du monde arabe. Humble, il raconte son expérience d’écrivain sans fioritures, introduisant des anecdotes par moments, ce qui contribuait à capter davantage l’attention de l’auditoire.

«Il faut soutenir les jeunes talents et investir dans leurs compétences (littéraires) avec sagesse», avait-il insisté, sans omettre de rappeler les structures et les formes narratives, en donnant l’exemple du patrimoine littéraire arabe.

Pendant les débats, et c’était incontournable, le romancier ne pouvait passer sous silence le sujet des tabous et de la liberté d’écrire, en s’appuyant sur son expérience et son roman historique Le livre de l’Emir, étayé par une documentation historique vaste et précise, il restitue en particulier la relation de l’Emir avec Mgr Antoine Dupuch, premier évêque d’Alger, rencontré en 1841.

Échanges

Des échanges sur la dialectique de l’écriture dialectale, derja, ou en arabe classique, les points forts de chacune, leurs différences et leur transmission des repères culturels, l’influence et le renforcement des sens du texte narratif…

Epoux de la poétesse Zineb Laouedj, Waciny, né en 1954, est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages en arabe et en français, traduites dans une vingtaine de langues et publiés par Sindbad/Actes Sud.Son sujet de prédilection : les conditions des sociétés arabes.

Entre autres romans, Les balcons de la mer du nord, Les Ailes de la reine, Le livre de l’Emir, Les fantômes de Jérusalem, Fleurs d’amandier,  La Maison andalouse (son dernier livre), son traducteur attitré était le défunt  Marcel Bois.

M. Laredj a été professeur de littérature moderne à l’université d’Alger jusqu’en 1994. Il réside actuellement à Paris où il enseigne à la Sorbonne. «A travers mon voyage créatif de plus de 40 ans, je me suis intéressé, à l’instar des écrivains de ma génération, aux questions révolutionnaires dont j’étais épris. Mon père, martyr, était toujours présent dans mes premiers écrits», confesse-t-il, jovial avec une teinte nostalgique.

Par la suite, ses intérêts se sont tournés vers le traitement des questions sociales accompagnant la période post-indépendance en Algérie, comme en témoignent les thèmes sociaux abordés dans ses textes. Jeudi, une journée plus qu’instructive, un mois d’été où l’amour des mots, des lettres a eu raison de la canicule…
 

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