Le tourisme national gagne du terrain

02/01/2023 mis à jour: 04:11
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L'Algérie dispose d’atouts touristiques indéniables et reconnus. Le premier pays du continent en superficie a la chance de jouir d’attraits diversifiés et de paysages contrastés et chatoyants de son nord vers son sud. Le littoral côtier est parsemé de plages de sable et de criques escarpées d’une beauté bouleversante le long de ses 1200 kilomètres. L’intérieur, tout de montagnes, de hautes plaines et de désert, offre une diversité de sites époustouflants et originaux et où l’histoire, depuis les temps immémoriaux, a laissé ses empreinte de pierres bigarrées nées de différentes civilisations. Vestiges architecturaux d’époque et peintures rupestres exotiques font remarquer au voyageur non averti que cette terre d'Algérie a toujours été habitée, aimée, jalousée, convoitée, admirée et parfois conquise par des envahisseurs à tous ses âges. L’Algérie a différentes facettes culturelles, cultuelles, civilisationnelles et anthropologiques. Elle est à la fois méditerranéenne, africaine, maghrébine, berbère et arabo-orientale avec une once d’attache nostalgique andalouse. Pays de contrastes, l’Algérie du Nord ne ressemble aucunement à l’Algérie du Sud immense, étalée, sublime, magique, tout de roc, de sable, de dunes, d’oasis et de palmeraies. Ce joyau touristique saharien est malheureusement peu fréquenté et pas assez apprécié par les visiteurs venus du Nord. Cette désaffection, cette indifférence est un héritage ; elles sont le fait d’une politique poussive de l’indépendance à tout récemment. Le tourisme a de tout temps été dans notre pays un objectif subalterne. Quasiment inexistant dans les premières années 1960, le budget consacré au développement du secteur touristique était minuscule. Seul 1,4% des investissements publics lui a été consacré durant le deuxième plan quadriennal (1973-1977). Premier motif de cet «oubli» volontaire : l’Algérie de Boumediène a donné la priorité à une politique d’industrialisation effrénée (43% des investissements totaux de 1973 à 1977). S’appuyant sur le cas de Cuba qui a subi un embargo sévère en 1962, alors que l'île était un fleuron du tourisme international, Boumediene avait estimé, avec les positions internationales pertinentes de l’Algérie, qu’il ne fallait pas s’appuyer sur un secteur touristique avide de perfusions financières importantes alors que la conjoncture politique était incertaine au plan extérieur. L’autre aspect de cette indigence du tourisme en Algérie réside dans la mentalité même des Algériens. On les dit fiers et indépendants et rebutent de faire de leur pays l’image paradoxale d’un paradis pour les riches servis par des pauvres autochtones à force de courbettes et de «oui sidi» comme se soumettent à le faire nos voisins marocains et d’autres contrées africaines et du Sud-est asiatique. Ces réticences psychologiques ont aussi influencé la politique d’Etat en matière d’investissements touristiques dans l’après-Boumediénisme. L’Etat aura donc été, jusqu’à l’orée des années 1990, le seul dépositaire du secteur touristique, dont il a peu ou prou limité l’expansion. Cette attitude a été dans la forme dommageable. Elle n’en a pas moins eu l’avantage de préserver le patrimoine naturel, la virginité de sites fabuleux et le blocage de la spéculation immobilière mangeuse d’espaces idylliques.

Depuis une vingtaine d’années, l’Etat a apprécié à sa juste mesure que le développement de ce secteur induisait des gains importants aux économies locales et nationales, surtout après des vagues successives de chute drastique du prix du pétrole. Finies les décennies de réticence et de suspicion telles que prônées par les idées tiers-mondistes de Boumediene à l’égard de tout ce qui vient de l’étranger occidental. Le pouvoir estime aujourd’hui à sa juste valeur ce que peut ramener un développement touristique ordonné et réfléchi et toutes les activités adjacentes qu’il peu générer : création massive d’emplois, développement des zones déshéritées ou enclavées et gains fiscaux pour les collectivités locales, regain des activités artisanales, culturelles et de loisirs et apport de devises. Depuis peu, c’est-à-dire depuis trois ans, des actions d’encouragement au tourisme national et local sont amorcées grâce aux nouvelles orientations émises par le gouvernement. Avec l'élévation du niveau de vie de certaines catégories de citoyens, un tourisme intérieur de masse est visé et encouragé, été comme hiver. Mais dans ce vaste pays aux sites diversifiés, la politique de l’Etat se heurte à l’insuffisance des infrastructures hôtelières et autres, mêlant diverses offres et différents niveaux de prix. De l’autre côté, des efforts sont nettement faits pour encourager le tourisme saharien et les destinations du grand Sud. L’Europe se trouvant à deux heures de vol de l’Algérie, des lignes aériennes sont déjà ouvertes et d’autres en projet. Le souhait déclaré est qu’on puisse se dire un jour : «Pourquoi aller cherche ailleurs, alors que notre pays est une destination touristique appréciée des étrangers et attractive en toutes saisons…» 

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