Le système intégré de gestion budgétaire et comptable (SIGB) en débat : «Toute numérisation participe à plus de transparence»

17/05/2022 mis à jour: 17:04
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Photo : B. Souhil

Le système SIGB est en phase d’expérimentation depuis hier au CIC à Alger, à travers cinq ministères pilotes : le ministère des Finances, de l’Enseignement supérieur, de l’Hydraulique, des Travaux publics et de l’Education nationale, et s’étalera jusqu’à la fin de l’année.

Le Système intégré de gestion budgétaire et comptable (SIGB) fait l’objet de trois journées d’étude, entamées hier au Centre international des conférences à Alger. Co-organisé par le ministère des Finances et l’Union européenne, le nouveau système, en vogue dans plusieurs pays européens et occidentaux, a été présenté par les différents intervenants comme un gage de «transparence et d’efficacité» dans la gestion du budget de l’Etat.

Mieux encore, le nouveau SIGB, financé par l’UE via son assistance technique pour la mise en œuvre du programme EU-Refin Algérie, est vu comme un moyen efficace de lutte contre la corruption, qui a gangrené le pays. «Toute numérisation participe à la transparence et à la lutte contre la corruption. Si nous gagnons la bataille de la numérisation, nous gagnerons la bataille contre la corruption.

La numérisation des administrations publiques a un lien direct avec la lutte contre la corruption», dira Laaziz Faid, directeur général du budget au ministère des Finances, pour qui, le SIGB est «un élément nécessaire, certes insuffisant, mais il fait partie des paramètres importants». Il cite, dans le même ordre d’idées, le texte sur les marchés publics qui va intervenir dans les prochains jours et qui va apporter, selon lui, «beaucoup de nouveautés concernant le mode de passation des marchés publics, le retrait des cahiers des charges et la soumission qui se fera désormais via le portail électronique».

«Même la numérisation de cette partie va impacter positivement la lutte contre la corruption. En plus des autres dispositifs liés à plus de souplesse et traçabilité», a souligné le même responsable.

Le SIGB est donc en phase d’expérimentation depuis hier, à travers cinq ministères pilotes : le ministère des Finances, de l’Enseignement supérieur, de l’Hydraulique, des Travaux publics et de l’Education nationale, et s’étalera jusqu’à la fin de l’année, selon M. Faid. L’opération sera généralisée ensuite à l’ensemble des ministères, wilayas et autres administrations publiques.

«Cette décision vient en application de la loi sur la constitution financière du pays, la loi organique 18/15 relative à la loi de finances et qui vise à améliorer la gouvernance des finances publiques du pays et leur modernisation.» Et cela ne représente, selon lui, «qu’une étape, avec d’autres et qui s’imbriquent harmonieusement pour améliorer la gouvernance des finances publiques».

Améliorer la gouvernance des finances publiques

Pour sa part, Emmanuelle Guiheneuf, cheffe des opérations de coopération de la délégation de l’Union européenne en Algérie, a estimé que ce système va constituer l’une des pierres angulaires de gestion et de modernisation des finances publiques en Algérie. «L’Union européenne a été très heureuse de fournir et de continuer à fournir une assistance experte dans ce domaine», a-t-elle indiqué.

Pour elle, le SIGB consiste à fournir essentiellement les outils sur le volet exécution du budget, des éléments principaux de la LOLF (la loi organique relative aux lois de finances est un texte juridique qui fixe le cadre des lois de finances en France), à savoir la budgétisation par programme, la budgétisation en multi-annuelle mais aussi une budgétisation basée sur une comptabilité qu’on doit constater.

«Ce qui est recherché, a-t-elle souligné, est à la fois la transparence budgétaire, l’efficacité au sens où la budgétisation par programme a principalement pour objet de donner les moyens de mettre en œuvre et d’atteindre des objectifs précis décrits dans le budget annuel.»

A la question de savoir si le SIGB contribue-t-il à lutter contre la corruption, Mme Guiheneuf ne voit, pour sa part, «aucun lien» entre le mode de budgétisation et la corruption qui sévit dans certains pays. «Si vous programmez par objectifs, effectivement vous pouvez voir si l’argent affecté a été bien utilisé.

Ceci étant, je vous invite à vous reporter à la lolf pour voir que l’ensemble des éléments, y compris la transparence budgétaire, sont repris dans ses différents articles. Il n’y a pas de lien direct entre le mode de gestion budgétaire et une absence ou présence de corruption», a-t-elle expliquée.

Enfin, et dans une courte allocution, Abdelkrim Bouzred, DG du Trésor et gestion comptable des opérations financières de l’Etat, a estimé que le SIGB intéresse le Trésor et le secteur de la comptabilité par certains aspects. Selon lui, l’exécution financière du budget se termine chez les comptables publics.

«L’exécution budgétaire va s’automatiser avec le système et deviendra plus transparente, facile à vérifier et permettra aussi les consolidations rapides et significatives», ce qui permet d’«avoir des états financiers dans des délais courts, pour ne pas dire instantanés», souligne le même responsable, qui déclare que le nouveau système de comptabilité de l’Etat permettra en effet d’avoir une meilleure gestion des finances publiques en matière de trésorerie.

Enfin, «le système va assurer un certain suivi d’un point de vue économique, dans le sens où le ministère des Finances va disposer de l’ensemble des informations fiables et assez rapidement pour pouvoir faire les analyses économiques et tirer les conclusions dans le but de préparer les années à venir», a tenu à souligner le DG du Trésor, pour qui, «tout changement nécessite la mobilisation de tous à tous les niveaux»

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