Si la filière des mathématiques occupe cette année la première place au classement national du baccalauréat, avec un taux de 78,78%, celle des lettres et philosophie vient, malheureusement, en queue de peloton avec 54,80%. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que cette filière est mal classée.
Pourquoi cette régression qui a eu une incidence négative sur le taux global d’admission au baccalauréat ? Les responsables de ce secteur devaient réaliser il y a quelques années une étude-diagnostic multisectorielle approfondie, qui devait permettre de dégager des actions afin de remédier à cette situation, mais ce travail qui devait porter plus particulièrement sur la pertinence des sujets d’examen et le cadre contextuel éducatif n’a jamais vu le jour. A l’unanimité, les pédagogues, les enseignants et les syndicats considèrent que les résultats catastrophiques constatés dans la filière lettres et philosophie s’expliquent par la mauvaise orientation scolaire du collège vers le lycée. «Les meilleurs élèves du collège sont orientés vers deux troncs communs : les sciences et technologies et les lettres. On oriente vers le premier les meilleurs élèves, alors que vers le deuxième les moins bons, sans tenir compte des capacités des uns et des autres. Un élève peut avoir un 15 comme moyenne générale et être un bon littéraire», explique Meziane Meriane, pédagogue et ex-président du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapeste). Pour lui, il faut revenir aux tests psychotechniques pour les élèves de 4e année moyenne afin d’avoir une bonne orientation. «Une orientation ratée est synonyme d’un échec programmé», tranche-t-il.
«Refonte du système éducatif»
Et d’ajouter : «La filière lettres est dévalorisée au collège. Les bons élèves ne choisissent pas le tronc commun lettres parce qu’ils ont une mauvaise appréciation sur la filière. S’ajoute à cela une orientation expéditive alors que certains pays essayent dès le primaire de déterminer les capacités des uns et des autres pour avoir une bonne orientation future de l’enfant.» «Un scientifique admis au bac avec 9 de moyenne en sciences, 9 en maths, 8 en physique et des 17 des 18 dans les autres matières, c’est un bon littéraire et non un scientifique, d’où la nécessité de la réforme du bac», suggère l’ex-syndicaliste.
Ce constat est partagé par l’ensemble des syndicats du secteur, qui ne cessent de réclamer depuis bien longtemps une refonte du système éducatif, à leur tête la réforme du baccalauréat. «Nous demandons une refonte radical du système éducatif, qui se penchera sur la réorganisation de tous les examens, la révision du rythme scolaire, le volume horaire, le système d’orientation des élèves, les méthodes d’enseignement, les programmes, la violence à l’école», revendique Boualem Amoura, président du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef). Ce dernier reste persuadé que ce faible taux de réussite au bac, notamment pour les littéraires, est la conséquence, entre autres, du passage d’un cycle à un autre avec des acquis en moins puisque les élèves dans leur majorité n’ont jamais achevé les programmes. «L’école algérienne est malade et les résultats obtenus cette année au baccalauréat, avec au passage à 9,5 de moyenne, le confirment. Il faut en urgence revoir le fonctionnement de l’école et opérer une refonte», lance M. Amoura.