Le Syndicat national des pharmaciens d’officines (Snapo) a adressé, hier, une lettre au ministre de la Santé, exprimant sa vive inquiétude face à la précipitation entourant l’élaboration de nouveaux textes réglementaires touchant à la profession.
Dans cette correspondance signée par son président, le Syndicat met en garde contre «les risques que ces changements pourraient engendrer pour les plus de 13 000 officines du pays, déjà confrontées à une situation économique critique». Le Snapo critique notamment la rapidité avec laquelle le ministère a convoqué une réunion pour discuter et finaliser des textes essentiels en moins de 72 heures.
Ces textes portent sur les règles d’ouverture et de transfert des officines, les conditions de recrutement des pharmaciens assistants, ainsi que d’autres aspects fondamentaux du secteur. «Peut-on réellement préparer un projet de décret touchant aux fondements de la profession en si peu de temps ?», s’interroge le Syndicat, soulignant les potentielles répercussions immédiates et graves pour le réseau officinal.
Selon le Snapo, cette réforme précipitée intervient alors que plusieurs textes réglementaires essentiels restent en suspens. Parmi eux, la promulgation du code de déontologie, l’application de l’article 179 de la loi 18-11 sur les services liés à la santé, la révision des marges bénéficiaires fixées par le décret exécutif 98-44, une réglementation spécifique pour les dispositifs médicaux, les compléments alimentaires et les laits infantiles, la mise en place de la formation continue obligatoire et une meilleure organisation des gardes. «Ces réformes sont indispensables pour stabiliser un secteur en crise avant de revoir les conditions d’installation et d’exercice des pharmaciens assistants», souligne le président du Snapo.
Le Syndicat tire également la sonnette d’alarme sur la saturation du réseau officinal. Avec l’augmentation annuelle du nombre de diplômés en pharmacie, les officines peinent à survivre face à une crise économique et financière sans précédent. «Le réseau officinal, déjà malade, ne peut être une solution au chômage des nouveaux diplômés», insiste le Snapo.
Contacté, le Dr Khélifa Slama, 1er vice-président du Snapo, abonde dans le même registre. «Notre Syndicat propose une refonte du cursus de pharmacie, avec l’introduction de sous-spécialités telles que la pharmacie industrielle, clinique ou préparatoire, cette dernière étant une revendication des étudiants en grève. Le Snapo se déclare aussi favorable à réserver les spécialités de biologie aux pharmaciens.».
Et de rappeler : «Toute réforme doit être soigneusement réfléchie pour éviter d’aggraver la situation.» Dans sa lettre, le Snapo rappelle les nombreux sacrifices consentis par les pharmaciens pour soutenir des politiques nationales, telles que la généralisation du tiers payant, le système Chifa ou encore la promotion des médicaments génériques.
Ces efforts ont permis à des millions d’Algériens d’avoir accès aux médicaments, y compris dans les zones enclavées. «Nous ne comprenons pas pourquoi aujourd’hui, on veut signer la mise à mort de la pharmacie algérienne en révisant des normes déjà mal respectées sur le terrain», s’indigne le Syndicat. Face à cette situation, le Snapo se dit prêt à contribuer à une réflexion globale et approfondie, prenant en compte les défis et préoccupations de la profession.
Cependant, il refuse de cautionner ce qu’il qualifie de «massacre de la pharmacie algérienne».
La lettre du Snapo est un cri d’alarme adressé au ministre de la Santé pour qu’il revoie son approche et engage un dialogue constructif avec les représentants du secteur. A travers cet appel, les pharmaciens espèrent éviter des décisions précipitées qui pourraient menacer l’avenir de leur profession et, par ricochet, l’accès des citoyens aux soins.