LE SOMMET DE LA CLARIFICATION

01/11/2022 mis à jour: 03:42
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En plaçant la barre très haut, en battant le rappel des institutions, à l’échelle internationale, continentale et régionale : l’Organisation des Nations unies, l’Union africaine (UA), le Mouvement des non-alignés, l’Organisation de la Conférence islamique – représentées au plus haut niveau, respectivement par Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, Macky Fall, président du Sénégal et président en exercice de l’UA, Ilham Aliyev, le secrétaire général du Mouvement des non-alignés, Hissein Brahim Taha, secrétaire général de l’OCI, qui ont répondu présents à l’invitation de l’Algérie pour prendre part en qualité d’invités d’honneur au 31e Sommet de la Ligue des Etats arabes –, l’Algérie s’est taillée une cuirasse à toute épreuve, pour affronter les vents contraires qui ont soufflé perfidement sur le Sommet, à la veille de son ouverture, pour chahuter ses travaux et le décrédibiliser. La partition était bien orchestrée : les défections des dirigeants arabes qui n’ont pas fait le déplacement à Alger ont été annoncées de façon quasi synchronisée, à quelques heures de la tenue du sommet. On peut toujours, à la décharge des absents, relativiser les choses, se garder de donner une connotation politique à ces grains de sable qui ont émaillé l’événement en concluant au boycott, ainsi que se sont précipitées à le faire les parties qui ont un compte à régler avec l’Algérie et la cause palestinienne. A moins d’être atteint de cécité visuel et politique, il est difficile à l’observateur impartial d’ignorer le ballet ininterrompu des arrivées à l’aéroport Houari Boumediène inauguré lundi et qui s’est poursuivi durant la matinée d'hier, de tous les hôtes de marque de l’Algérie qui ont répondu à l’invitation de prendre part au sommet. Pas plus que ne convainc l’argument fantaisiste de la prétendue faiblesse du niveau de la représentation des délégations qui ont foulé le sol algérien brandi tel un trophée de guerre par les milieux qui nourrissent de l’adversité et des sentiments d’inimitiés à l’encontre de l’Algérie pour crier, avant l’heure, à l’échec annoncé du sommet, en s’appuyant sur l’absence de certains leaders arabes, principalement des monarchies du Golfe : Arabie Saoudite, Emirats arabes unis, Bahreïn, Sultanat d’Oman, auquel il faut ajouter la défection du roi Abdellah II de Jordanie. Même si l’on convient à l’idée selon laquelle il y aurait des messages politiques sous-jacents derrière la décision des leaders arabes ayant pris la décision de ne pas se rendre à Alger, et un lien étroit, une connivence, à établir avec la tentative avortée du ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, de mettre le feu au Sommet d’Alger, il faudra bien se garder d’anticiper les événements. On ne peut pas objectivement ne pas accorder de préjugés favorables et comprendre le souci légitime des pays hôtes qui n’ont pas dépêché leurs plus hauts dignitaires, pour des raisons impérieuses liées à leur agenda interne, mais tout de même, des représentants d’un calibre de niveau élevé : des princes héritiers, comme c’est le cas de l’Arabie Saoudite et de la Jordanie, pour ne voir que le côté vide de la bouteille. A ce niveau du pouvoir, le prince héritier, s’il ne règne pas, jouit, s’il a la maturité et l’âge, des prérogatives étendues qui en font un homme de confiance, presque un vice-roi sans couronne. S’il y avait une intention malveillante et belliqueuse à l’encontre de l’Algérie, comme le sont certaines positions assumées publiquement, à l’instar de celle du Maroc qui ne rate aucune occasion pour chercher à en découdre avec l’Algérie, qu’est-ce qui aurait empêché ces Etats à dépêcher au Sommet d’Alger des seconds couteaux ? Ceux qui cherchent désespérément à transformer des acquis probants, une victoire à la Pyrrhus, au regard des résultats des travaux préparatoires au sommet, du nombre et de la qualité des invités présents, en échecs cuisants de la diplomatie algérienne, au motif que quelques défections marginales de leaders arabes ont été enregistrées, ont dû déchanter en voyant les plus hauts responsables des instances internationales et des organisations continentales et régionales, à leur tête, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, débarquer à Alger. C’est là une réponse cinglante aux officines du makhzen et d’ailleurs, ainsi qu’à leurs mentors politiques qui se sont réveillés, hier, avec la gueule de bois, après une soirée festive qui a viré au cauchemar. Rien que pour cela, en attendant les résultats du Sommet qui sont déjà prometteurs, selon les déclarations officielles, les retrouvailles arabes d’Alger ont déjà ce mérite historique d’avoir poussé le loup à sortir du bois. En attendant la réconciliation interarabes qui s’apparente à une escalade de l’Everest, le Sommet d’Alger a permis d’avoir une vision plus épurée de l’échiquier arabe. C’est le sommet de la clarification. «La Déclaration d’Alger», scellant la réconciliation interpalestinienne intervenue à la mi-octobre dernier, a montré aux dirigeants arabes la voie du consensus et de la réunification des rangs. 

Aux dirigeants d’être en phase avec l’histoire !

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