Le secrétaire d’état américain a achevé jeudi une tournée à travers le continent : Blinken détaille la stratégie de Washington en Afrique

27/01/2024 mis à jour: 06:02
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Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a achevé, jeudi dernier, sa tournée dans plusieurs capitales africaines où il a esquissé les contours de la nouvelle stratégie des Etats-Unis en Afrique. «Ce qu’on essaie de faire est de s’assurer premièrement qu’il y ait des réponses africaines aux problèmes de l’Afrique, mais soutenues, comme voulu par les Etats-Unis. On ne va pas se substituer aux pays africains. 

Au contraire, on veut les soutenir et agir ensemble», déclare-t-il dans une interview à RFI. Le diplomate américain révèle ainsi un changement de paradigme dans la politique de son pays concernant l’Afrique. «On n’est plus dans un schéma où on pose la question de savoir qu’est-ce qu’on peut faire pour l’Afrique. C’est plutôt qu’est-ce qu’on peut faire avec l’Afrique ?

 On essaie d’avoir de vrais partenariats. On écoute, parce qu’on n’a pas seulement des leçons à donner, mais on a aussi des leçons à recevoir. Il faut essayer d’écouter nos partenaires pour savoir qu’est-ce qui peut réussir et fonctionner dans les défis que nous avons devant nous», affirme-t-il. 

Antony Blinken s’exprime aussi sur l’offensive chinoise en Afrique et affirme que, pour son pays, «il ne s’agit pas de dire aux pays africains qui il faut choisir, mais de proposer un bon choix et permettre aux pays amis et autres de décider». «Les besoins sont tellement énormes, qu’il y a de la place pour tout le monde. 

Quand on a des pays qui prêtent beaucoup d’argent, mais qui, en le faisant, créent des dettes insoutenables, cela pose un problème. Nous ne voulons pas faire ça», soutient-il.Le chef de la diplomatie américaine est revenu aussi, dans la foulée, sur la crise au Niger pour exiger que les militaires au pouvoir dans ce pays «libèrent immédiatement le président Mohamed Bazoum». 

«C’est une exigence et une nécessité pour que le Niger se remette sur le chemin de la démocratie», lance-t-il, appelant aussi les autorités actuelles au Niger «à mettre en place une transition claire et dans un délai court pour un retour au système démocratique». «Si c’est le cas, nous pourront relancer toute notre coopération, que nous avions suspendue après le coup d’Etat. Mais ça dépend entièrement de la démarche du CNSP (Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, ndlr)», dit-il. 
 

«Avec Wagner, il y a que la violence et l’extrémisme» 

Antony Blinken n’a pas manqué, au passage, de critiquer les démarches de certains pays africains, tel que le Burkina Faso et le Mali, de faire appel aux mercenaires de Wagner. «Au Mali, au Burkina Faso, quand ils font appel – et quand d’autres font appel – à des forces extérieures comme Wagner pour essayer de répondre aux problèmes de sécurité, qu’est-ce que nous voyons ? Nous voyons que les problèmes deviennent encore plus graves, plus difficiles. Les violences, l’extrémisme, le terrorisme vont en s’aggravant dans les Etats qui ont fait appel à Wagner», déclare-t-il dans une autre interview accordée à Jeune Afrique et The Africa Report.
 

Outre les questions sécuritaires, le responsable américain affirme à chacune de ses étapes : «Nous mettons le paquet sur l’Afrique.» Il vante également les vertus du «partenariat» entre Washington et le continent sur le plan économique, notamment via le dispositif African Growth and Opportunity Act (Agoa). A noter que le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken s’est efforcé jeudi à Luanda de soigner les relations avec l’Angola riche en pétrole, entre un ambitieux projet d’infrastructures et des discussions sur la médiation de conflits, lors de la dernière étape d’une semaine de tournée africaine. Avant l’Angola, M. Blinken s’est rendu au Cap-Vert, en Côte d’Ivoire et au Nigeria dans une opération visant à rappeler l’intérêt des Etats-Unis pour le continent africain, où la Chine et la Russie gagnent du terrain. 

Dans la capitale Luanda, le secrétaire d’Etat a visité le chantier du «couloir Lobito», plus ambitieux projet américain d’infrastructure sur ce continent, où la Chine, en quête de ressources naturelles, multiplie les projets de constructions. Ce couloir vise à relier la Zambie, pays enclavé que Washington considère comme une réussite démocratique, et la République démocratique du Congo, riche en ressources mais sous-développée, au port de Lobito, en Angola. 

Les Etats-Unis se sont engagés à financer 1300 km de voies ferrées, travaillant avec des créanciers multinationaux pour étendre le projet jusqu’à la Tanzanie, et relier l’Atlantique à l’océan Indien. Cette voie permettra le transport de ressources naturelles, comme le cuivre et le cobalt. M. Blinken s’est également rendu au musée des sciences de la capitale angolaise, où il a fait la promotion d’une autre initiative américaine, visant à fournir aux pays en développement des semences résistantes. «L’Afrique se nourrira un jour elle-même et nourrira probablement d’autres parties du monde», a-t-il assuré.

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