Le quotidien cumulerait plusieurs bilans négatifs : Rebrab veut fermer Liberté

02/04/2022 mis à jour: 08:45
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Coup de tonnerre sur la scène médiatique. Le quotidien national d’information d’expression française Liberté, créé en 1992, risque de disparaître des kiosques avant de fêter ses 30 ans d’existence. Issad Rebrab, actionnaire majoritaire du journal, a décidé de dissoudre à partir de mercredi prochain la Société algérienne d’édition et de culture (Saec-Liberté) qui édite le journal, a appris El Watan auprès de sources proches des salariés de l’entreprise. 

La décision de fermeture de l’un des plus grands titres de la presse nationale est motivée par des considérations «politiques» liée à sa ligne éditoriale, ont ajouté les mêmes sources. La situation financière du titre est néanmoins extrêmement fragile. Il cumulerait plusieurs bilans négatifs. 
 

Les employés du quotidien francophone se sont constitués en collectif dans l’espoir d’infléchir la décision de l’actionnaire majoritaire. Une rencontre est prévue, aujourd’hui, entre les employés et l’un des fils de l’homme d’affaires Issad Rebrab. De son côté, Abrous Outoudert, directeur de la publication et gérant du journal Liberté, a confirmé la volonté de Rebrab de fermer le quotidien. «Il a dit qu’il allait fermer le journal, mais à ce jour il n’est pas venu s’expliquer devant le collectif ni ne m’a appelé pour me donner des explications. Il a prévu une réunion qui va avoir lieu incessamment. Mais je ne connais pas les raisons qui l’ont poussé à prendre cette décision», a-t-il déploré dans une déclaration à El Watan. 

Le collectif de Liberté a déjà adressé un courrier au propriétaire du journal dans lequel il a sollicité une audience dans l’espoir d’infléchir sa décision, a-t-il précisé, relevant que ce collectif attend toujours la tenue d’une réunion avec l’actionnaire majoritaire.  

Notre interlocuteur n’a pas souhaité tirer de conclusions hâtives à  propos des motifs réels de cette décision jugée, selon lui, inquiétante. «Le journal Liberté est déficitaire. J’ai fait une politique de compressions de personnels. Ça aurait pu marcher ! » a souligné le directeur de la publication. 
 

Selon des sources proches des salariés, «les autorités ne semblent pas apprécier la ligne éditoriale du journal et soupçonnent Issad Rebrab d’être derrière le ton critique de Liberté». En février dernier, la publication d’une interview du PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, a provoqué la mise sous contrôle judiciaire d’un journaliste du quotidien. Sonatrach avait déposé plainte contre le quotidien Liberté auprès du tribunal de Bir Mourad Raïs pour avoir «manipulé et déformé»  les propos de son PDG, qui avait accordé un entretien à ce journal. Ce que conteste la rédaction de Liberté.
 

Le président Tebboune avait par ailleurs fait allusion  à une manchette du journal, sans le citer, au sujet de la pénurie des produits de première nécessité sur le marché, qualifiant le titre de «mensonger». De tels incidents auraient donc mis sous pression l’actionnaire majoritaire du journal qui est aussi à la tête du plus grand groupe industriel privé algérien. 
 

Une chose est sûre : l’annonce de la prochaine fermeture du journal a déjà provoqué une onde de choc au sein de la corporation .

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