Le Parti socialiste des travailleurs (PST) ne compte pas se laisser faire, après la suspension temporaire de ses activités par le Conseil d’Etat. «Une délégation de notre parti se rendra, dès la confirmation écrite de la décision du Conseil d’Etat, au ministère de l’Intérieur afin de s’informer sur les procédures à entreprendre pour la levée de cette injuste suspension», affirme la direction de cette formation politique dans un communiqué, rendu public hier.
Le PST, selon son avocat Me Amine Hamadache, «prend acte de cette décision et tentera de se mettre en conformité avec la réglementation le plus tôt possible». Dans cette affaire, explique-t-il, le ministère de l’Intérieur n’a pas respecté les dispositions de la loi sur les partis l’autorisant à saisir la justice en cas de dépassements.
«En avril dernier, le ministère a adressé une mise en demeure au PST concernant le retard dans l’organisation de son congrès. Mais, tout de suite après, et sans attendre la fin du délai fixé par la loi, il a entrepris une procédure du gel des activités du parti. Pis encore, le ministère a même refusé d’accuser réception des nouveaux documents fournis par la direction du PST qui a organisé un congrès dans les délais.
Le représentant du gouvernement a même refusé de recevoir l’huissier de justice mandaté par le parti», souligne l’avocat. Selon lui, les véritables intentions du département de Kamel Beldjoud seront connues dans les prochains jours. «S’il continue à refuser que le PST se mette en conformité avec la loi, c’est qu’il veut sa dissolution.
On va attendre la suite des événements», souligne Me Hamadache. En attendant, le PST qualifie sa suspension de «grave précédent contre le multipartisme et d’une atteinte supplémentaire intolérable aux libertés démocratiques dans notre pays». «Il est à rappeler que cette décision a été rendue suite à la plainte introduite le 26 avril 2021 par le ministre de l’Intérieur.
Prétextant le retard pris dans l’organisation de notre congrès, cette action judiciaire abusive est intervenue avant l’expiration du délai de 15 jours fixé par la mise en demeure qui nous a été adressée d’une part et, d’autre part, au lendemain de la tenue, justement, de notre congrès et la transmission des documents y afférents au ministre de l’Intérieur par le biais d’un huissier de justice», rappelle le parti dans son communiqué.
Dénonçant l’escalade répressive «qui n’a épargné ni des chefs de parti, ni des militants politiques», le PST estime que celle-ci «constitue aussi une grave dérive qui fragilise les capacités de résistance de notre pays face aux menaces extérieures, et contredit le ronronnement du discours officiel sur l’impérative consolidation d’un front intérieur anti-sioniste et anti-impérialiste». «Pour notre parti, le combat pour les libertés démocratiques, l’égalité et la justice sociale, entamé dans la clandestinité depuis 1974, et poursuivi à partir de 1989 dans le cadre du PST, continue.
C’est un combat historique que plusieurs générations de militants de notre courant ont incarné et payé parfois de leur vie», insiste la direction du parti. Les réactions à la suspension des activités du PST se poursuivent depuis vendredi dernier. Après le PT, le RCD et la LADDH, le FFS condamne, lui aussi, «fermement» cette sentence.
«Cette décision, qui est une dérive dangereuse du pouvoir, fait partie d’une série de restrictions affectant les organisations politiques, inédites et croissantes, avec l’utilisation flagrante de l’administration et de la justice, dans le but d’hypothéquer l’action politique et de mettre fin au pluralisme politique que les Algériens ont arraché après des décennies de lutte», écrit le FFS dans un communiqué, exprimant sa solidarité avec le PST.
«Ce sont des signaux qui confirment la contradiction du discours du pouvoir avec ses pratiques sur le terrain et indiquent l’absence d’une volonté d’ouvrir le champ politique pour contribuer à l’adoption d’un projet national global», ajoute le même document.