Le président Tebboune entame, aujourd’hui, sa visite d’Etat en Chine pour le «renforcement de la coopération économique entre les deux pays amis».
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, entame aujourd’hui une visite d’Etat en République populaire de Chine, à l’invitation de son homologue chinois, Xi Jinping. Cette visite, qui intervient 15 années après la dernière visite d’un chef d’Etat algérien en Chine, vise à développer davantage les «relations solides et enracinées» et à «renforcer la coopération économique entre les deux pays amis», est précisé dans le communiqué de la présidence de la République diffusé le jeudi 13 juillet.
Il est bien clair que la coopération économique est au menu de cette visite, durant laquelle les deux Présidents auront également à discuter de la demande d’adhésion de l’Algérie au groupe des BRICS, un bloc économique composé du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud. La Chine a accueilli favorablement la candidature de l’Algérie à ce bloc économique.
Comme lors de sa visite en Russie en juin dernier, le président Tebboune devrait être accompagné d’une importante délégation, composée de hauts responsables mais aussi de chefs d’entreprise membres du Conseil du renouveau économique algérien (CREA). Le président Tebboune aura également à aborder avec son homologue chinois les questions internationales et échanger leurs points de vue sur plusieurs sujets de préoccupation commune, tels que la crise au Soudan.
L’Algérie et la Chine, qui ont d’excellentes relations politiques, partagent les mêmes positions concernant le règlement des conflits régionaux et les enjeux internationaux. Ces relations ont une profondeur historique qui remonte à la Guerre de Libération nationale. La Chine était l’un des premiers Etats à reconnaître le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) en 1958, comme elle avait aidé le FLN historique financièrement, militairement et diplomatiquement.
L’excellence des relations politiques
Ainsi, beaucoup est attendu de cette visite aussi bien à Alger qu’à Pékin. Les deux pays, qui entretiennent d’excellentes relations à tout point de vue, ambitionnent de les hisser à un nouveau supérieur.
Pour l’ambassadeur de Chine en Algérie, M. Li Jian, cette visite est de nature à permettre l’approfondissement des relations stratégiques entre les deux pays. «La Chine et l’Algérie sont deux grands pays en développement, avec d’importantes influences sur les marchés émergents», a souligné M. Li Jian, dans une contribution publiée par El Khabar, rappelant que les deux pays sont liés par un «partenariat stratégique global».
Le diplomate chinois a également précisé que l’Algérie a signé avec son pays en 2018 un accord de coopération relatif à la construction de la «Ceinture et la Route». Aussi, selon lui, l’Algérie fait partie des premiers pays à rejoindre le Groupe des amis de l’Initiative mondiale pour le développement, lancé par la Chine et auquel ont adhéré plus de 100 Etats.
Outre les BRICS, l’Algérie a formulé une demande pour intégrer l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), créée en 2001. L’élection de l’Algérie en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité de 2024 à 2025 constitue, pour l’ambassadeur Li Jian, un «espace plus large» offert aux deux pays pour affiner leur coopération stratégique. Sur le plan économique, la Chine occupe depuis 2013 la place de principal fournisseur de l’Algérie, avec un volume moyen annuel de 8 milliards de dollars.
Gros marchés
Les échanges commerciaux sont importants mais la balance est plutôt en faveur de la Chine. Dans une interview accordée à Chine Magazine en mai 2022, l’expert économique, Abderrahmane Mebtoul a indiqué que de 2010 à fin 2020, l’Algérie a importé de la Chine pour 76 milliards de dollars, alors qu’elle n’a exporté vers ce pays que pour 14,7 milliards de dollars. Ainsi, durant cette période, le déficit commercial de l’Algérie avec la Chine s’est élevé à plus de 61 milliards de dollars.
En plus des échanges commerciaux, de nombreuses entreprises chinoises sont présentes en Algérie, notamment dans le domaine des travaux publics, du bâtiment et de l’hydraulique. Parmi les grands projets réalisés par des sociétés chinoises, l’on peut citer l’autoroute Est-Ouest, la Grande Mosquée d’Alger, les stades de Baraki et de Douéra à Alger, ainsi que le nouveau stade d’Oran. On trouve également des entreprises chinoises dans l’exploitation minière, en partenariat avec des groupes algériens.
C’est le cas des groupes Asmidal (filiale de Sonatrach) et Manal, qui ont signé en mars 2022 avec les sociétés chinoises Wuhuan et Tian’an un pacte d’actionnaires pour la création d’une société de droit algérien afin d'entamer les activités préliminaires relatives au développement du Projet phosphates intégré (PPI). Toujours dans le même domaine, c’est le consortium chinois qui exploite le gisement de fer Gara Djebilet, en partenariat avec l’Entreprise nationale algérienne du fer et de l’acier (Feraal).
Il y a également la réalisation du grand port à El Hamdania, dans la wilaya de Tipasa, confiée à une société mixte de droit algérien composée du groupe public des services portuaires et de deux compagnies chinoises. La coopération algéro-chinoise est, par ailleurs, très développée dans les télécommunications et le domaine spatial.
Les deux pays œuvrent aujourd’hui à renforcer davantage leur partenariat dans divers domaines, tels que les énergies nouvelles et renouvelables, l’hydrogène, l’énergie éolienne et la géothermie. Dans une démarche visant à consolider ces relations bilatérales, les deux pays ont signé, en novembre 2022, le deuxième Plan quinquennal de coopération stratégique globale 2022-2026.