Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a effectué le jeudi 16 mars un remaniement ministériel, le septième depuis son arrivée à la tête de l’Etat en décembre 2019 et le quatrième opéré avec le Premier ministre Aïmane Benabderrahmane.
Très attendu depuis le coup de gueule du président Tebboune lors du Conseil des ministres du 20 février dernier, ce remaniement ministériel a touché d’importants départements, comme les Affaires étrangères, les Finances et le Commerce.
Dix ministres ont quitté l’Exécutif et d’autres l’ont rejoint. Ramtane Lamamra, nommé à la tête de la diplomatie algérienne le 7 juillet 2021, cède sa place à Ahmed Attaf, qui marque donc son retour aux Affaires étrangères, un portefeuille ministériel qu’il avait occupé sous la présidence de Liamine Zeroual de janvier 1996 à décembre 1999.
Le départ de Lamamra du gouvernement était prévisible, lui qui avait déjà disparu des radars médiatiques depuis plusieurs semaines. Autre départ sans surprise du gouvernement : celui du ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Kamel Rezig, remplacé par Tayeb Zitouni, actuellement secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND).
Ayant bénéficié de la confiance du président Tebboune durant trois longues années, Kamel Rezig a fini par décevoir celui même qui l’a désigné à ce poste ministériel. La colère du président de la République était perceptible dans le communiqué du Conseil des ministres du 20 février dernier dans lequel il s’est élevé, entre autres, contre la confusion entre protection de la production nationale et protectionnisme, suite aux interdictions en chaîne de l’importation de produits ayant impacté négativement le marché national et provoqué la rareté de certains biens de consommation. «Le président de la République a souligné que la réduction de la facture d’importation ne doit pas se faire au détriment des besoins du citoyen, mais en tenant compte de la disponibilité de la production nationale, quantitativement et qualitativement», était écrit dans le communiqué de la présidence de la République. Kamel Rezig est appelé à d’autres fonctions, comme l’a précisé le communiqué de la présidence de la République.
Son remplaçant, Tayeb Zitouni, aura fort à faire pour garantir ce juste équilibre entre la nécessité de réduire la facture des importations et l’impératif d’assurer l’approvisionnement régulier du marché national en produits non disponibles localement, en quantité et en qualité. Autre portefeuille ministériel touché par ce remaniement : celui des Finances.
En effet, le nouvel argentier du pays est désormais Laaziz Fayed, qui a remplacé Brahim Djamel Kassali à la santé chancelante. Inconnu du grand public, Laaziz Fayed est un technocrate qui était directeur du Budget au ministère des Finances avant sa nomination à la tête de ce département ministériel. Le ministère de la Jeunesse et des Sports change a été aussi touché par ce remaniement.
Occupant ce portefeuille ministériel depuis juillet 2021, Abderezak Sebgag a cédé sa place à l’actuel président du Comité olympique algérien, Abderrahmane Hammad, sauteur en hauteur médaillé de bronze aux Jeux olympiques de Sydney en 2000.
Nommé en septembre 2022 à la tête du département de l’Industrie pharmaceutique en remplacement de Lotfi Benbahmad, Ali Aoun voit sa place consolidée au sein du gouvernement avec un portefeuille ministériel plus important, englobant l’Industrie et la Production pharmaceutiques.
Ahmed Zeghdar, qui s’occupait de l’Industrie, a quant à lui été éjecté du gouvernement.
Retour du ministère de l’Hydraulique
Ce changement ministériel marque également le retour du ministère de l’Hydraulique, qui a été fusionné lors du remaniement du 8 septembre 2022 avec le département des Travaux publics et des Infrastructures de base. Ainsi, Tahar Derbal, ministère de l’Hydraulique, hérite du ministère de l’Hydraulique, et Lakhdar Rakhroukh, quant à lui, garde le ministère des Travaux publics.
Le retour à cette ancienne configuration, avec deux départements ministériels, semble avoir été dicté par les exigences du terrain et la masse du travail à la fois dans les Travaux publics, mais aussi dans le ce secteur de l’eau où il y a urgence d’accélérer l’exécution des projets d’approvisionnement en eau potable et d’extension des superficies agricoles irriguées pour faire face aux aléas climatiques.
Fayçal Bentaleb, directeur de la Caisse nationale de sécurité sociale des non-salariés (Casnos), est nommé à la tête du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, en remplacement de Youcef Cherfa. Maintenu au sein du gouvernement, M. Cherfa s’occupera du ministère des Transports, en remplacement de Kamel Beldjoud, qui a quitté l’Exécutif. Le ministère de la Numérisation et des Statistiques revient à Meriem Benmiloud, en remplacement de Hocine Cherhabil, appelé à d’autres fonctions.
Des fins de mission ont été également signifiées à d’autres ministres, à l’instar de celui du Tourisme et de l’Artisanat, Yacine Hammadi est remplacé par Mokhtar Didouche ; celui de l’Environnement et des Energies renouvelables, Samia Moualfi, par Fazia Dahleb et celui de la Pêche et des Productions halieutiques, Hichem Sofiane Salaouatchi, par Ahmed Bidani. Le président de la République a également nommé son directeur de cabinet Abdelaziz Khellaf comme ministre d’Etat et conseiller ; Mohamed Ennadir Larbaoui, comme directeur de cabinet à la présidence de la République. Plusieurs fois ambassadeur, notamment au Caire et au sein de la Ligue arabe, Mohamed Ennadir Larbaoui dispose d’un long parcours diplomatique.
En septembre 2021, en pleine crise avec le Maroc, ce diplomate chevronné a été nommé comme représentant permanent de l’Algérie aux Nations unies. Durant son mandat, il a eu à répondre aux attaques répétitives et injustifiées du représentant du régime marocain contre l’Algérie. Mohamed Ennadir Larbaoui a également présidé la 31e session du Sommet des Etats arabes tenu à Alger les 1er et 2 novembre 2022.
Abderrachid Tabi, ministre de la Justice, Brahim Merad, ministre de l’Intérieur, Mohamed Arkab, ministre de l’Energie, Mohamed Bouslimani, ministre de la Communication, Abdelhamid Belabed, ministre de l’Education nationale, Youcef Belmahdi, ministre des Affaires religieuses et des Wakfs sont maintenus à leurs postes.