De la brique de terre crue à haute résistance mécanique et haute durabilité. Une invention du chercheur, le Pr Mohamed Bencheikh de l’université de M’sila. Portrait.
Il s’appelle Mohamed Bencheikh et il est directeur de laboratoire de recherche de développement des géomatériaux à l’université Mohamed Boudiaf de M’sila. Depuis cinq ans, il vit dans une inspiration, détermination et réalisation d’un rêve et d’une ambition. Cela a commencé avec de la brique de terre traditionnelle constituée de paille, dite «toub».
Aujourd’hui, il est l’inventeur d’une brique de terre crue dont son composant principal est la terre constituée d’argile et de sable. L’avantage de cette brique est que ces composants sont disponibles de manière abondantes dans toutes les toutes les régions du pays et particulièrement dans le Sud algérien.
Une richesse abondante. Cette terre constitue 95% de la composition de la brique crue et peu de stabilisant, comme la chaux ou le ciment qui ne doit dépasser en aucun cas les 5% de sa composition, ce qui confère à la brique sa qualité naturelle et respectueuse de l’environnement.
La brique de terre crue consomme peu d’énergie lors de sa fabrication et lors de la durée de son exploitation par rapport à d’autres matériaux de construction, en effet elle ne nécessite aucune cuisson lors de sa fabrication, au contraire elle est séchée naturellement au soleil. Elle est un matériau possédant une forte inertie thermique, ce qui fait d’elle un régulateur naturel de température dans une construction.
Sans poussière
La brique de terre crue stocke la chaleur en été et empêche la pénétration de la chaleur dans la construction ce qui donne de la fraîcheur à l’intérieur. Elle constitue un chauffage naturel. La terre crue permet la respiration de la construction sans dégagement de poussière ni d’éléments nocifs.
Ce type de construction est très recommandé pour les personnes souffrant de problèmes de respiration ou d’allergies. Et la bonne nouvelle aussi, la construction en terre crue est recyclable à 100%.
La construction avec cette terre permet une climatisation naturelle par son architecture aide la pénétration de l’air frais par la base de la construction et le dégagement de l’air chaud par le haut. Son laboratoire de recherche de développement des géomatériaux se focalise d’ailleurs sur l’élaboration des bétons et ciments à faible taux de clinker.
Car ce dernier composant constitue actuellement le premier ennemi de l’environnement par sa forte consommation d’énergie et par le dégagement du CO2. Et puis, les recherches se concentrent aussi sur l’élaboration des géomatériaux à faible taux de ciment et l’élaboration du béton innovant, durable et imperméable. Mohamed Bencheikh est diplômé de l’Ecole nationale polytechnique d’Alger en 1984 (ingénieur d’Etat en génie civil) à l’âge de 22 ans.
Puis, il décroche son diplôme des études approfondies (DEA) de l’Institut national des sciences appliquées de Lyon, France, en 1985 et 4 ans plus tard, il obtient le doctorat de l’INSA, à Lyon en génie civil.
Depuis 1992, en parallèle de son expertise en foncier au niveau de la justice, il possède aujourd’hui quatre brevets d’invention sur l’élaboration et la fabrication de la brique de terre crue à haute résistance mécanique et haute durabilité et sur un procédé de fabrication du béton imperméable et sur un procédé de fabrication d’un mortier et d’un revêtement naturellement coloré en terre crue.
Il ambitionne aujourd’hui la production de la brique de terre crue compressée et stabilisée au niveau de la wilaya de Djanet à partir de juin 2022 et à Sidi Bel Abbès, en cours d’étude et de négociation avec le partenaire socioéconomique).