Le PLD est prêt à assumer sa mutation organique !

10/03/2022 mis à jour: 07:58
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L’année 2021 s’est achevée sur fond de colères, de frustrations et d’espoirs déçus, celle de 2022 risque à bien des égards de ressembler à toutes les précédentes.

La crise qu’endure l’Algérie depuis plusieurs décennies risque d’être très lourde de conséquences sur le devenir immédiat et lointain du pays. Les fondements de l’Etat-nation en sont menacés. Si des mesures d’exception ne sont pas envisagées, la crise mènerait de façon irréversible au chaos et à l’éclatement, d’autant que les lendemains du mouvement citoyen de 2019 ne sont que désenchantement et amères désillusions. Le pays est bloqué politiquement. En voulant dominer la situation par la répression et la peur, le système semble avoir opté pour le verrouillage politique. Pourtant, tous les voyants du tableau de bord du pays sont au rouge.

La situation sociale est explosive. Tandis que le peuple croule sous le poids d’un quotidien insupportable et que son pouvoir d’achat dévale la pente du toboggan, les affairistes alimentent les pénuries et font leur miel de l’inflation. Si les fruits, la viande ou le poisson ne sont plus à la portée des bourses moyennes depuis fort longtemps, la pomme de terre quant à elle, culmine aujourd’hui à des prix inaccessibles et les couches les plus déshéritées renoncent aux produits de première nécessité comme le lait, l’huile ou la farine. Non seulement des pans entiers de la société sont poussés à la misère, mais même la classe moyenne est frappée de plein fouet par la surchauffe des prix.

Désarticulé par une gabegie endémique, le pays s’enfonce dans une anarchie qui l’empêche de relever les défis du Covid et de prendre en charge sérieusement la crise sanitaire. La santé publique n’étant plus une préoccupation centrale de l’Etat, l’Algérie ne dispose pas d’un hôpital digne de ce nom.

L’encadrement médical a payé un lourd tribut à la pandémie du coronavirus et l’indigence des structures hospitalières est telle qu’il est quasi impossible aux médecins d’exercer dans des conditions satisfaisantes. Ce qui les condamne tragiquement à la démission puis à l’exode. C’est pourquoi, l’hôpital vit une véritable hémorragie comme en témoigne avec fracas le départ massif de plus …d’un millier de médecins algériens vers la France !

A cause de la crise sanitaire, la situation déjà désastreuse à l’école, a aussi empiré. Dans le meilleur des cas, l’enseignement est hachée et quand l’école ferme, des centaines de milliers d’élèves sont jetés à la rue avec un risque fort de décrochage scolaire qui touche, au premier chef, les enfants issus des milieux les plus défavorisés et pour certains, celui-ci peut signifier la fin brutale des études.

Au lieu de prendre le taureau par les cornes, le pouvoir de fait se paye de mots, se gargarise de slogans, recycle ses vieilles méthodes éculées et continue de faire l’impasse sur les solutions réelles.

La «main de l’étranger» n’est qu’un habillage récurrent du discours pour justifier le recours au bâton et le bavardage démagogique est une stratégie politique qui souvent s’abîme dans une litanie de promesses non tenues. Est-il encore possible de croire en la mutation d’un système qui abaisse l’individu en le condamnant à un tutorat permanent et le broie en faisant une variable d’ajustement ?

Mais ce pouvoir n’en a cure ! Le FLN, le RND et leurs satellites se sont taillés la part du lion en s’octroyant l’écrasante majorité des sièges dans les deux chambres et comble du ridicule, l’entre-soi devenant une règle, l’inamovible Salah Goudjil a été reconduit à la tête du sénat à l’âgede ... de 91 ans. Un autre cacique du système depuis plus de 60 ans, Ould Kablia vient d’être désigné membre du sénat dans le tiers présidentiel à l’âge de... 89 ans !

En revanche, Djamila Boupacha, en refusant d’être soudoyée par l’offre d’un siège de sénatrice, dit non à un système passé maître dans l’art de la corruption. Par la noblesse d’un geste, celle qui avait rejoint le champ de bataille à la première heure de la guerre de libération nationale, continue d’écrire l’histoire en lettres majuscules.

Sa probité politique et son sens aigu de l’intérêt national auront à coup sûr un grand retentissement auprès de l’opinion publique et ranimeront les braises des luttes qui couvent sous la cendre du mouvement citoyen du 22 février 2019 pour exiger la fin du système, de l’islamisme et de la classe politique toutes tendances confondues.

En matière de liberté, le bilan est catastrophique car le délit d’opinion est sévèrement réprimé. Tout porteur d’une voix discordante est contraint au silence, voire à l’embastillement pur et simple. Ainsi, plus de trois cent prisonniers politiques croupissent dans les geôles depuis plusieurs mois et d’un moment à l’autre, le risque d’un déchaînement de violence pourrait embraser tout le pays, voire le précipiter dans l’inconnu d’autant que le contexte politique aux frontières est loin d’être rassurant.

Voilà plus de deux décennies que Ouyahia, ex-chef du gouvernement sous Zeroual et Bouteflika, aujourd’hui emprisonné pour corruption, avait plastronné en prédisant l’extinction du terrorisme islamiste. 27 ans plus tard, il est démenti par la réalité. Son «terrorisme résiduel» est toujours mortifère et continue de semer la mort dans les rangs de l’ANP.

Au plan politique, les chiffres vertigineux de l’abstention signent la faillite totale de la classe politique. Les partis «démocrates» ont perdu toute crédibilité auprès de larges couches de la société en se soumettant aux fourches caudines du système et en scellant des alliances contre-nature avec les pires ennemis de la démocratie, les islamistes. Ils ânonnent les mêmes insignifiances et sont dans la génuflexion. Ils font mine de ne pas voir que le peuple est entravé et bâillonné. Un carcan ne disparaît pas parce qu’on cesse de le regarder. Et encore moins quand les oracles du système le convoquent à un nouveau numéro de cirque « électoral ».

Quant aux islamistes, ils ont plusieurs fers au feu : Ceux qui ont fait de l’entrisme leur crédo ont pris racine dans les institutions du pouvoir, les autres courants dont Rachad ont les mains «libres» et travaillent au minage de la scène politique et du terrain social, mais toute la nébuleuse islamiste est en embuscade et attend patiemment le moment propice pour cueillir le fruit mûr, l’Algérie.

Dans la perspective d’une démocratisation réelle de la vie politique en Algérie, en un mot, si le pouvoir de fait s’inscrit dans la voie d’une transition républicaine, tous les partis politiques actuels sans exception, qu’il s’agisse du FLN, du RND, des partis «démocrates», islamistes ou du PLD ne doivent plus continuer à fonctionner dans la configuration actuelle. En principe, pour satisfaire aux impératifs de démocratie, ils seront tous appelés à se réorganiser pour des raisons diverses dont le défaut au renouvellement des instances représentatives. Ils doivent aussi se refonder politiquement pour pouvoir placer leur action dans une Algérie qui aura renoué avec les principes démocratiques.

Pour sortir de la crise multidimensionnelle que nous vivons, le PLD est prêt à assumer une telle mutation organique pour se conformer aux exigences de la légalité, à charge pour le pouvoir de fait de garantir la satisfaction de toutes les conditions politiques au PLD comme aux autres partis politiques.

Il est évident qu’un tel objectif ne peut pas être atteint si le processus de formation de nouveaux partis ne s’accompagne pas d’une interaction profonde avec la société civile. En effet, un tel projet politique ne pourra se concrétiser que si les formations politiques, dont le PLD disposent de toutes les assurances légales leur permettant d’agir, d’informer les militants et les sympathisants par tout canal de communication, de disposer de toutes les commodités matérielles pour tenir des assemblées générales et organiser des débats, le but ultime de ces actions devant être couronnées par la convocation de conférences préparatoires et de celle des congrès constitutifs des nouveaux partis, l’essence du programme politique du PLD renouveau s’inscrivant dans la stratégie de la double rupture, ruptures par rapport au système et à l’islamisme politique.

Seule une telle démarche agrégeant toutes les forces modernistes et républicaines pourra œuvrer à l’émergence de nouveaux outils politiques et à l’ouverture du chemin de la stabilité et du progrès au pays en l’inscrivant dans la voie d’une transition démocratique réelle. Moulay Chentouf

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