Le PAM va encore réduire son aide alimentaire aux Rohingyas réfugiés au Bangladesh

22/05/2023 mis à jour: 01:16
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Le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé ce lundi qu'il envisageait, par manque de financement, de diminuer l'aide alimentaire destinée au million de réfugiés rohingyas vivant dans des camps au Bangladesh, pour la deuxième fois en trois mois.

«Nous prévoyons de diminuer les rations pour la deuxième fois, de 10 dollars à 8 dollars par personne et par mois, à partir du 1er juin», a déclaré à l'AFP Kun Li, porte-parole du PAM, interrogé par courriel, ajoutant que «la ration complète était de 12 dollars et a été réduite à 10 dollars en mars». «Les réductions des rations s'expliquent par le manque de financement. Nous avons besoin d'urgence de 56 millions de dollars pour rétablir la ration complète (à 12 dollars)», a ajouté le porte-parole de l'agence onusienne. Les autorités bangladaises n'ont pas réagi dans l'immédiat.

Un million de réfugiés

Le Bangladesh accueille environ un million de Rohingyas, dont quelque 750.000 ayant fui en 2017 une campagne de répression par l'armée birmane faisant l'objet d'une enquête pour «actes de génocide» devant la Cour internationale de justice (CIJ). La réduction du mois de mars a déjà causé des difficultés dans les camps surpeuplés du Bangladesh, où la malnutrition est endémique, selon les organisations fournissant de l'aide aux réfugiés de cette minorité musulmane persécutée en Birmanie.

Selon Khin Maung, un dirigeant d'association rohingya basé dans un camp, la nouvelle réduction est une surprise pour les réfugiés menacés de famine. «C'est une action honteuse de la part des Nations unies», a-t-il déclaré à l'AFP. «A mon avis, c'est politique. Certaines personnes ont dit qu'il s'agissait d'un stratagème pour renvoyer les Rohingyas en Birmanie», a-t-il ajouté.

Risque d'attiser le ressentiment

Selon les travailleurs humanitaires, cette mesure pourrait aggraver l'insécurité dans les camps où des dizaines d'affrontements meurtriers, entre groupes criminels rohingyas, se sont produits l'an dernier. Les Nations unies et des diplomates étrangers ont plaidé pour que le gouvernement bangladais lève l'interdiction empêchant les réfugiés de travailler hors des camps dans les environs de Cox's Bazar.

Mais selon des experts, une telle mesure risquerait d'attiser le ressentiment de la population locale et de rendre les Rohingyas moins enclins à rentrer en Birmanie, pays à majorité bouddhiste. La Birmanie a décidé, après plusieurs tentatives infructueuses, de mettre en oeuvre un projet pilote de rapatriement d'environ 1100 Rohingyas dans un canton birman à la frontière du Bangladesh.

Une délégation birmane devrait se rendre dans les camps du Bangladesh cette semaine pour tenter de convaincre des réfugiés d'aller s'y installer. Mais les Rohingyas ayant visité, au début du mois, les villages érigés pour leur rapatriement en Birmanie, ont fait part à l'AFP de leurs réserves, comme Hafiz Solaïman, 38 ans, qui a déclaré ne pas faire «confiance au gouvernement birman.»

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