Le pain blanc de Farid Mellal aux éditions Baghdadi : Un roman sur fond de leçon de vie

12/02/2022 mis à jour: 03:35
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Arrivé à l’âge adulte, chacun d’entre nous s’efforce de s’assurer un moyen de subsistance, en cherchant un travail, que ce soit à son propre compte où salarié. C’est cet emploi qui permet, certes entre autres, de s’affirmer, mais également de faire face aux dépenses de la vie au quotidien, aux exigences de la vie en société, à commercer au sens propre comme au figuré avec les autres membres de la société», explique-t-il. Dans le texte qu’il propose au lecteur, il est surtout question d’un jeune qui se confronte au monde du travail, et en amont, à la vie tout court, et qui, peu à peu, se décarcasse pour être à jour avec le monde qui s’ouvre devant lui et qui nécessite de lui, de chacun d’entre nous de faire œuvre utile. En voulant savoir si l’auteur est à son premier livre, sa réponse est oui et non !

Il dira qu’il a déjà rédigé une autobiographie bien des années avant, mais pas encore terminée à ce jour.

«Je n’ai pas terminé cette autobiographie. J’ai décidé finalement de détruire le manuscrit, écrit à la dactylo et réécrit sur un pc, plus tard, au fond d’un cybercafé. J’ai considéré qu’elle contenait trop de choses intimes sur moi et sur les gens que j’ai côtoyés et je n’étais pas prêt à me dévoiler et pas du tout disposé à parler des mes proches, famille, voisins et amis.» Il se rappelle que durant son adolescence, il écrivait quelques textes de poésie. «Je tenais même un journal intime. Aujourd’hui, je n’en garde aucune trace, mais Le Pain blanc est le premier livre que j’ai édité.» Il reconnaîtra que c’est sur l’insistance d’un ami à lui, un auteur d’ouvrages sur l’astronomie en amazighe, qu’il finira par être convaincu, et encouragé, à se lancer dans l’aventure de contacter un éditeur. Ce qui fut chose faite en prenant langue avec Mohamed Baghdadi, des éditions Baghdadi, dont le siège se trouve à Alger. «En fait, il ne m’a pas été facile de décider de publier Le Pain blanc. L’ébauche du roman a pris une dizaine d’années afin que je puisse en tracer les contours et savoir ce que je voulais réellement. Par ailleurs, on a toujours cette boule au fond de l’estomac, cette peur ou ce trac, sur l’accueil qui sera réservé par le lecteur. Maintenant c’est chose faite et le livre est en phase d’être distribué dans les librairies. Ce qui n’est pas chose aisée», insiste-t-il. Il faut dire que la parution de ce livre l’encourage et il a déjà un autre livre en gestation : «Il s’agit d’une biographie sur un jeune de ma ville natale, un comédien appartenant au théâtre amateur de Koléa, très doué d’après ses pairs, qui s’est lancé dans la mise en scène et dans la rédaction de pièces de théâtre. Cet élan a été coupé court puisque le comédien est décédé malheureusement des suites de complications de santé. Des conséquences d’une opération de greffe d’un rein.» Revenons à son livre Le Pain blanc, l’auteur, et entre les lignes, a un message à faire passer : la vie vaut vraiment la peine d’être vécue. «Il y a de la détresse dans certains romans que j’ai lus. Je considère qu’il y a aussi plein de joie au quotidien, de plaisirs apparemment anodins, de bonheur intense également, qu’il s’agit de dénicher au gré des jours, d’apprécier intensément. Le personnage principal du roman fait cette fabuleuse découverte, en apprivoisant son métier, en faisant en sorte d’avoir de nouveaux contacts, avec ses collègues au travail, son patron, et les clients qui passent par l’estaminet.»

Le héros du roman exerce le métier de garçon de café

Dans le roman, il y a une grande part de réel. D’ailleurs, s’est inspiré de son vécu en tant que garçon dans un café public au sortir du lycée. Et c’est bel et bien son défunt père qui s’est chargé non seulement de le recommander mais aussi de le placer chez l’une de ses connaissances. Adolescent, il se rappelle qu’il faisait la cueillette des nèfles avec les enfants de son âge, notamment à Hay Nessah, un hameau bien réel, situé pas loin du village agricole de Attatba, dans la wilaya de Tipasa, et ce, en échange de sous bien mérités pour acquérir des fringues et assez d’argent de poche pour passer les vacances. La pandémie et les longues périodes de confinement ont poussé certains à s’adonner à l’écriture. Est-ce le cas de l’auteur ? «En fait, le texte que je propose au lecteur est ce que j’ai pu récupérer de longues années d’écriture. J’ai passé une dizaine d’années à accoucher par écrit des bribes de réflexions, selon l’humeur et l’inspiration du moment. Je profitais également des heures de pause, sur le lieu même du travail, afin de rédiger des textes et des textes et encore des textes, lorsque j’étais inactif, après le travail et que le programme télé ne me plaisait pas.» Mais, à dire vrai, reconnaîtra que c’est durant la première année de la pandémie, et du confinement, astreint aux règles du télétravail et ayant beaucoup de temps libre, qu’il s’est senti d’ardeur afin d’arranger la mouture finale du Pain blanc, élaguant et ajoutant phrases et détails. 

L’écriture, est-ce une passion ou une thérapie pour l’auteur ? «L’écriture pour moi est d’abord un réflexe. Un réflexe que j’ai acquis durant ma scolarité, en rédigeant l’expression écrite du devoir ou de la composition. Je suis également un grand lecteur, de littérature française, d’auteurs français et ceux de la littérature maghrébine d’expression française. Ce cheminement m’a tout naturellement poussé à me dire, lorsque j’ai poursuivi des études en licence de français, que je pourrai peut-être avoir quelque chose à dire. Ce qui est chose faite avec Le Pain blanc» En guise du mot de la fin, Le Pain blanc est, d’après son auteur, le déroulé de la vie intérieur d’un jeune Algérien qui, confronté au vicissitudes de l’existence, finit par abandonner l’idée même de la harga, et choisit de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Plus encore, placé dans un poste de travail, assez stable à dire vrai, il se retourne résolument vers l’avenir qu’il s’est décidé à forger. Le jeune garçon de café finit même par trouver ce que à quoi il aspirait ardemment : trouver une place dans la société qui est la sienne.

 

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