Le matelas financier dont dispose le Trésor public se porte mieux, mais la prudence reste de mise, notamment avec une poussée inflationniste qui a fortement pesé à la fois sur les ménages et sur l’économie nationale. La Banque d’Algérie a décidé de réagir en prenant des mesures dont l’augmentation du taux de réserve obligatoire.
Dressant un tableau appréciable de la santé financière du pays, le communiqué de la Banque d’Algérie, sanctionnant la réunion du 13 avril du Comité des opérations de politique monétaire, souligne une évolution du niveau des réserves de change (y compris les droits de tirage spéciaux DTS), qui a atteint, à fin mars 2023, le montant de 66,14 milliards de dollars contre 60,99 milliards à la fin décembre 2022.
Ceci est assorti d’une amélioration du compte courant du Trésor à la Banque d’Algérie qui a enregistré, selon le même communiqué, un solde positif de 1788,31 milliards de dinars dont 833,73 milliards logés dans le Fonds de régulation des recettes (FRR).
Un autre signe de l’évolution des fondamentaux de l’économie nationale réside dans le solde global de la balance des paiements, qui a enregistré, à la fin mars 2023, un excédent de 4,5 milliards de dollars. Concernant le niveau des liquidités bancaires, le communiqué de la Banque d’Algérie fait état d’une augmentation constante favorisée par une hausse des revenus des exportations, en passant de 1996,41 milliards de dinars à la fin décembre 2022 à 2475,817 milliards à la fin 2023 (+500 milliards de dinars). Cependant, cette amélioration de la situation financière ne s’est pas accompagnée d’une dynamique ou croissance économique.
Le communiqué de la BA souligne un contraste entre le niveau appréciable des liquidités et celui des crédits à l’économie. Ces derniers marquent une nette baisse en affichant un faible 0,64% à la fin février 2023 contre 3,27% à la fin décembre de l’année écoulée.
Prenant en compte tous les paramètres et indicatifs financiers nationaux et l’évolution constatée sur les tendances mondiales en matière de règles prudentielles et surtout les mesures de limitation des taux d’inflation, le Comité des opérations de politique monétaire (COPM) a décidé d’augmenter le taux de réserve obligatoire de 1 à 3% à compter du 15 avril courant.
Ceci et de renforcer les reprises des liquidités bilatérales introduites au mois de septembre 2020 pour les porter à 600 milliards de dinars. «Il s’agit de mesures qui ciblent, dans un premier temps, les sources de l’excès de liquidités, potentiellement inflationnistes, tout en maintenant le système bancaire en situation permettant le financement de l’économie nationale sans effet d’éviction et sans coûts supplémentaires», indique la BA dans le communiqué. Le COPM a choisi la prudence en ces temps de fragilité post-Covid, qui touche à la fois la situation économique, monétaire et financière nationale et internationale.
La réunion du COPM a d’ailleurs évalué la mise en œuvre de la normalisation progressive de la conduite de la politique monétaire post-Covid, entamée dès mars 2022, «par le retour à la normale en matière d’application par les banques et les établissements financiers des normes prudentielles en termes de seuil minimum du coefficient de liquidité et de l’obligation de constitution du coussin de sécurité», rapporte la même source, en notant que le programme spécial de refinancement d’un montant de 2100 milliards de dinars, initié par la BA en juillet 2021, a été clôturé en juin 2022. «A ce jour, un montant de 463,37 milliards de dinars, soit 22% du programme, a été déjà remboursé», est-il indiqué dans le même communiqué.
Le COPM assure rester attentif à «l’évolution conjoncturelle des indicateurs macroéconomiques et de leurs perspectives, notamment celle de l’inflation et de l’inflation sous-jacente, et réévaluera régulièrement l’utilisation et le calibrage des différents instruments de politique monétaire au regard de ces évolutions». A rappeler que le taux d’inflation en janvier 2023 a atteint 9,3%, selon l’ONS.
Les prix des produits alimentaires ou manufacturés ont connu des augmentations effarantes compte tenu du faible niveau du pouvoir d’achat.