Le projet de gazoduc transsaharien devrait connaître un nouvel élan à la faveur de la visite, depuis hier à Alger, du ministre du Pétrole du Niger, Sahabi Oumarou.
Ce dernier, à la tête d’une importante délégation composée de responsables du secteur et cadres du Premier ministère, vient confirmer «la volonté mutuelle d’ouvrir de nouvelles perspectives au développement des relations entre les deux pays», souligne un communiqué du ministère de l’Energie et des Mines.
De nombreux projets soudent les échanges entre les deux Etats, dont ceux touchant au secteur de l’énergie, notamment le projet de recherche et d’exploration de Sonatrach avec la Sonidep nigérienne, ainsi que le gazoduc transsaharien TSGP.
Cette visite de la délégation nigérienne fait suite à celle effectuée en août dernier par le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, à la tête également d’une importante délégation composée de plusieurs cadres du secteur, dont le PDG de Sonatrach, Rachid Hachichi, au Niger et au cours de laquelle a été effectuée une évaluation des activités de Sonatrach au niveau du champ pétrolier du bloc Kafra. M. Arkab avait assuré son homologue nigérien de la disposition de l’Algérie «à transférer son expertise et son savoir-faire et accompagner la partie nigérienne dans le développement de l’industrie pétrolière».
Le dossier du TSGP a également été ouvert lors de ces échanges à Niamey en réaffirmant la poursuite des réunions de coordination en vue d’examiner les volets d’exécution liés à ce projet. En mars dernier, lors de la tenue à Alger des travaux du Sommet des pays exportateurs de gaz du GECF, le ministre algérien avait remis sur la table des discussions avec ses homologues nigérian et nigérien le projet du transfert de gaz du Nigeria à destination de l’Europe en passant, via un gazoduc, par le Niger et l’Algérie.
Les troubles sécuritaires au Niger avaient quelque peu freiné l’évolution des discussions sur le sujet, mais la visite de M. Arkab le mois dernier à Niamey et celle de Sahabi Oumarou aujourd’hui à Alger semblent remettre sur les rails ce grand projet dont les retombées positives sur les trois pays seront très importantes. Avec une longueur de 4128 kilomètres (dont 1800 kilomètres restent à achever), le gazoduc algéro-nigéro-nigérian représente un pari stratégique pour assurer un approvisionnement de gaz sûr à l’Europe.
S’étendant de la ville de Warri dans le sud du Nigeria, jusqu’au centre de transfert de gaz de Hassi R’Mel en Algérie en passant par le Niger, le TSGP nécessite un budget de réalisation de près de 13 milliards de dollars pour un transfert de pas moins de 30 milliards de mètres cubes par an de gaz vers l’Europe. Selon l’Energy Research Unit, le projet est fortement soutenu par la Banque africaine de développement ainsi que l’Union africaine, et l’Europe mise fort sur sa concrétisation afin de se libérer de sa dépendance vis-à-vis du gaz russe.
Le 18 février 2022, pour rappel, l'Algérie, le Niger et le Nigeria se sont entendu sur une feuille de route permettant la réalisation de ce projet, et en juin de la même année un mémorandum d’entente a été signé pour affirmer de nouveau «l’engagement des trois pays à poursuivre et parachever les travaux des groupes d’experts afin de concrétiser ce projet stratégique, tout en mettant en exergue leur forte volonté de progresser dans sa réalisation». En juillet 2022, un accord a également été paraphé pour la réalisation d’une étude de faisabilité et d’approfondissement du projet de gazoduc.
Outre ce dossier, le communiqué du ministère de l’Energie indique que le programme de la visite du ministre nigérien du Pétrole prévoit «plusieurs rencontres ainsi que la visite de certaines installations énergétiques et d’instituts de formation du secteur, afin d’explorer les moyens de diversifier et d’étendre la coopération entre les deux pays à d’autres domaines, comme le raffinage et la pétrochimie, et de bénéficier de l’expertise algérienne dans ces domaines».