Le ministre de l’Intérieur menace de suspendre le RCD

08/01/2022 mis à jour: 01:46
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Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) semble dans le collimateur du ministère de l’Intérieur. Après avoir engagé des actions judiciaires contre l’UCP, le PST, le département de Kamel Beldjoud brandit la menace de suspension de la formation présidée par Mohcine Belabbas. Motif : l’accueil au siège du parti d’une rencontre du Front contre la répression et les libertés, tenue le 24 décembre dernier, avec la participation d’acteurs politiques de divers horizons.

La tenue de cette activité est aux yeux de l’administration, comme noté dans la mise en demeure adressée à la direction du RCD, «en contradiction avec les objectifs tracés par les statuts du parti».

Selon la même source, le siège du RCD a été ouvert à «des réunions d’individus et d’organisations non agréées et non déclarées», en citant la réunion du 24 décembre dernier. Pour le ministère de l’Intérieur, «ces activités sont en violation de la loi sur les partis du 12 janvier 2012 et la loi sur les réunions et les manifestations publiques du 31 décembre 1989».

De ce fait, le département de Kamel Beldjoud menace de suspendre ses activités en vertu de l’article 66 de la loi sur les partis. «La violation par le parti politique des dispositions de la présente loi organique entraîne la suspension temporaire de ses activités prononcée par le Conseil d’Etat. La suspension temporaire entraîne la cessation de ses activités et la fermeture de ses locaux», stipule cet article.

Pour rappel, le RCD avait reçu des mises en demeure en 2019 pour l’ouverture du bureau régional d’Alger aux manifestants du hirak, accusés de «s’adonner à la consommation de drogue et de psychotropes». En 2020, une autre mise en demeure est envoyée au parti pour avoir accueilli des réunions des forces du Pacte pour l’alternative démocratique (PAD).

Cette coalition de partis de la mouvance démocratique, faut-il le souligné, a été empêchée, à maintes reprises, de se réunir dans des salles publiques, malgré le fait qu’elle est constitué de partis agréés. La missive du ministère de l’Intérieur a suscité une première réaction de la direction du RCD, dont son président, Mohcine Belabbas.

«Un huissier de justice s’est présenté au siège national du RCD avec un courrier nous enjoignant encore une fois de cesser de faire de la politique. Cette dernière est désormais un domaine réservé de l’administration et de tous ceux qui portent des uniformes», écrit-il sur sa page Facebook. Cette mise en demeure, affirme Atmane Mazouz, chargé de communication du RCD, «porte un seul message : la fermeture du champ politique et du droit à l’exercice démocratique dans le pays».

«La parenthèse ouverte par les luttes démocratiques des années 1980 est en phase d’être fermée par un pouvoir dont les pratiques n’ont rien à envier aux Etats autocratiques et aux dernières dictatures du monde», déclare-t-il, précisant que le RCD «n’est pas à ses premières intimidations de l’administration et de la justice». «L’acharnement contre le parti est désormais au programme du gouvernement qui ne cesse d’harceler militants, encadrement et direction du parti. Le ministre de l’Intérieur veut s’ériger en censeur sur les activités partisanes.

Ce n’est qu’un pas de plus après les poursuites judiciaires et les emprisonnements de nombreux militants politiques», indique-t-il, soulignant que ces «dérives autoritaires, voire totalitaires du pouvoir n’entameront en rien la détermination du RCD et celle de l’opposition à continuer le combat juste pour lequel des millions d’Algériens continuent à se mobiliser».

Réagissant à cette mesure qui cible le RCD, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) dénonce la poursuite de l’escalade de la répression, citant les cas du PST, de l’UCP, de RAJ et de SOS Bab El Oued ciblés auparavant par le département de Kamel Beldjoud.

Pour l’organisation, il s’agit d’«une atteinte manifeste aux libertés publiques et démocratiques, alors que la liberté de réunion, d’organisation et de manifestation pacifique est consacrée par la Constitution et sur simple déclaration et que le pays s’apprête à recevoir la visite du rapporteur spécial de l’ONU sur la liberté de réunion, d’organisation et de manifestation pacifique prévue en septembre prochain».

«Que dira la Cour constitutionnelle au sujet de cette dérive ? Que dira le gouvernement lors de cette visite et devant son prochain examen UPR de l’ONU ?» s’interroge la LADDH. 

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