Le marché Michelet renaît

10/04/2022 mis à jour: 00:49
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L’initiative intitulée «Marchés du Ramadhan» a donné un semblant de vie à la structure du marché Michelet, un marché couvert situé en plein cœur de la ville d’Oran, autrefois réputé pour être «huppé», mais dont les étals ont fini par être abandonnés. 

Ce sont quelques-uns de ces espaces-là qui ont été investis par divers producteurs de denrées alimentaires. L’idée des organisateurs, une collaboration entre la direction du commerce et la chambre de commerce et d’industrie de l’Oranie, est justement de proposer aux consommateurs des marchandises à des prix les plus bas possibles, car ne passant pas par des intermédiaires (grossistes ou détaillants). 

Beaucoup de producteurs ont accepté de jouer le jeu en réquisitionnant quelques-uns de leurs employés pour tenir les étals. «Ici, la différence c’est que nous pratiquons les prix d’usine, c’est-à-dire, les mêmes que nous appliquons pour nos clients gérants des grandes surfaces, et vous imaginez donc bien l’avantage qu’il y a pour le particulier», a expliqué samedi dernier, premier jour du Ramadhan, un présentant d’un grand producteur d’huile de table, qui propose également un large éventail d’autres produits sous le même label. «Nous sommes au tout début de cette initiative devant durer tout le mois de Ramadhan, et si nous ne constatons pas une grande affluence, c’est que les gens ne sont pas encore bien informés», ajoute le même vendeur. La remarque est d’autant plus pertinente que déjà en son temps, ce marché était réputé pour pratiquer des prix élevés comparés à ceux en vigueur à la Bastille (marché de la rue des Aurès), à El Hamri où à M’dina J’dida. 

En général et dans ce cadre-là, pour le moment, ce sont plutôt les produits conditionnés qui sont proposés, à l’instar des feuilles de «dioul» de ce producteur basé à Es-Sénia, car il s’agit aussi d’impliquer les producteurs locaux en adéquation avec le concept du «circuit court» qui permet d’éviter les frais liés au transport. 

Ce produit est particulièrement prisé durant tout le mois de Ramadhan en tant qu’élément essentiel dans la préparation des «bourek» qui accompagnent l’inévitable «hrira» ou chorba. «Je suis employée à l’usine mais je suis là juste pour une semaine, car un autre employé viendra me remplacer pour assurer une permanence durant tout le mois», assure la vendeuse dépêchée à l’occasion, précisant là aussi que ce sont les prix d’usine qui sont appliqués. 

Plusieurs marques, certaines plus connues que d’autres, sont présentes pour donner un petit coup de pouce au pouvoir d’achat. L’étal attribué à un producteur d’œufs est déjà pris d’assaut par les consommateurs grâce aux prix appliqués nettement attractifs avec une différence de près de 5 DA l’unité. «Vous imaginez bien que notre participation n’est pas motivée par le gain», rassure-t-on sur place. 
 

Le marché n’est de toutes les façons plus ce qu’il était et, pour preuve, hormis un poissonnier et des bouchers, il ne reste pratiquement qu’un seul marchand de fruits et légumes trônant en solitaire au milieu de ce grand et ancien édifice datant de l’ère coloniale. «Je ne fais pas partie de l’initiative car moi je suis là depuis une bonne vingtaine d’années et je peux vous dire que, dans le temps, l’endroit grouillait de monde», se remémore-t-il non sans un sentiment de nostalgie. Il est l’un des derniers témoins de la décrépitude du lieu. «Certains marchands de métier sont décédés, d’autres sont partis et il n’y a pas eu de relève, puis, peu à peu, la clientèle a fini par déserter les lieux», déplore-t-il. Hormis son caractère solidaire, l’initiative «Marchés du Ramadhan» pourrait bien impulser une nouvelle dynamique ici. A noter que ce marché est l’un des nombreux autres points retenus pour cette louable initiative.

 Les autres devaient ouvrir graduellement un peu partout sur le territoire de la wilaya et dans l’ensemble des communes dans un souci d’équité. 
 

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