Le marché de voitures de Tidjellabine fermé depuis juin 2021 : Plus de 40 milliards de manque à gagner pour la commune

12/09/2023 mis à jour: 09:45
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Photo : D. R.

Sa fermeture inexpliquée, en juin 2021, a plongé la commune dans des difficultés insurmontables. Principale source de revenus de la collectivité, le marché hebdomadaire de voitures d’occasion de Tidjellabine (Boumerdès) générait, en moyenne, 17 milliards de centimes par an. Soit 1,4 milliard cts par mois et 350 millions par semaine.

Une véritable manne dont rêve n’importe quelle assemblée communale pour répondre aux besoins de ses administrés et réduire sa dépendance financière de l’administration centrale.

D’une superficie de 8ha, le marché en question est l'un des plus importants et plus anciens à travers le pays du pays. «C’était le poumon de la commune. Aujourd’hui, sans les subventions de l’Etat, on n’aura même pas de quoi payer les salaires de nos employés», dira un élu abordé dans les couloirs de l’APC.

Très avare en informations, l’édile local espère une décision d’en haut, dans les meilleurs brefs délais, afin de limiter les pertes engendrées par la fermeture du marché. Selon lui, le manque à gagner induit par sa fermeture est évalué à plus de 40 milliards de centimes. De quoi réaliser, dit-il, plusieurs projets de développement. L’affaire a tout d’un scandale.

Le problème soulève moult questions, à commencer  par les prérogatives des élus, le rôle du wali, la loi régissant les procédures d’adjudication, les enchères publiques et le barème appliqué par la direction des Domaines.

Si l’on considère l’intérêt qu’accorde le gouvernement à la question de la valorisation des biens communaux, l’activité du marché en question ne devrait jamais être suspendue.

«L’APC a lancé un avis  d’adjudication aux enchères publiques à cinq reprises, mais aucun exploitant ne s’est manifesté, car la direction des Domaines a fixé la mise à prix à 20 milliards de centimes. Ce qui est exorbitant de l’avis des habituels soumissionnaires. Beaucoup se sont plaints de la baisse de rentabilité du marché, en raison de sa dégradation et la réduction de sa  superficie», dira un cadre de l’APC.

Législation inadaptée

La direction des Domaines a souligné, récemment, que le barème a été fixé conformément à la loi, notamment l’article 191 du code communal. En août 2019, on se rappelle que le marché a été cédé pour 17,25 milliards/an, après 9 appels infructueux. Mais l’exploitant a fini par résilier son contrat durant la période de la Covid, évoquant l’absence de clôture et le squat de parcelles du marché par certains industriels.

Les responsables des Domaines ont donc augmenté le prix de 3 milliards, justifiant cela par l’inflation et les données transmises par l’APC. Une chose est sûre, si la mise à prix était du ressort de l’APC, on n’aurait jamais vécu un tel scénario. Il faut rappeler que plusieurs autres biens communaux à travers le pays ne sont pas exploités, à cause du même problème.

Les articles 191, 192, 193 et 194 du code communal ne sont pas faits pour éviter de telles situations hautement préjudiciables. «Ce marché est un bien communal, et qui mieux que les élus connaît sa valeur vénale ?  Les Domaines semblent oublier que le marché des véhicules a stagné depuis plusieurs années, à cause de la baisse de l’offre», argue l’édile local.

Mais cet argument ne disculpe pas l’APC qui, elle aussi, a toute la latitude de gérer le marché avec les moyens disponibles, afin de renflouer ses caisses. Des articles du code communal garantissent au maire la possibilité de valoriser le patrimoine communal et d’exercer les droits mobiliers et immobiliers sur les biens appartenant à la sa municipalité. Si les élus actuels ont  manqué d’initiative, pourquoi le wali n’est-il pas intervenu pour rouvrir le marché ?

«On est en train d’élaborer un nouveau cahier des charges que nous avons copié d’une commune de Djelfa. C’est la seule solution qui nous reste», martèle un chef de service à l’APC. En 2018, on se souvient que la régie au niveau du marché était assurée, pendant 8 mois, par des employés de la commune, ce qui a permis à la collectivité d’engranger 8 milliards de recettes, en 12 mois.

A défaut de les remercier, l’ex-P/APC et trois de ses adjoints ont été relevés de leurs fonctions en mars 2021, avant d’être poursuivis en justice pour dilapidation de deniers publics  et abus de fonctions. Les accusés ont fini par être acquittés, mais l’affaire continue à faire parler d’elle à ce jour, ce qui a tué l’esprit d’initiative chez nombre d’élus et de fonctionnaires.

 


 

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