Le groupement algérien de acteurs du numérique (GAAN) attire l'attention des pouvoirs publics : Digitalisation, les retards s’accumulent

18/04/2022 mis à jour: 00:16
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Photo : D. R.

La 7e édition du Forum Rakmana du Groupement algérien des acteurs du numérique (GAAN) a eu lieu samedi dernier à l’hôtel Holiday Inn Algiers - Cheraga Tower. Cette soirée ramadhanesque, riche en échanges, a été dédiée à la présentation du bilan d’activités du groupement ainsi qu’à la stratégie future. Le Gaan, qui se veut plus que jamais «une force de proposition», veut passer des commissions au mode projets.

Tadjeddine Bachir, président du GAAN, a déclaré lors de son allocution : «Ce soir, nous allons faire une pause et regarder en arrière pour constater ce que l’on a fait jusqu’à présent. Le bilan fait ressortir deux années d’activité impactées par la pandémie de Covid-19. Au-delà du bilan et de la stratégie, le Gaan a réalisé certains objectifs très importants, il est devenu un acteur incontournable dans l’écosystème et a imposé le respect de toutes les parties prenantes, même celles qui ne sont pas dans le numérique. Il a créé un nouvel espace d’échanges démocratiques sans que nous soyons dans la politique et a inventé une nouvelle manière de communiquer.»

En effet, dira-t-il «nous critiquons certaines actions ou inactions du gouvernement, sévèrement parfois, sans qu’on soit classé comme des opposants, nous saluons certaines actions du gouvernement sans qu’on soit taxé de ‘‘chiatine’’. C’est grâce à la sincérité de notre démarche et au désintéressement de nos membres. Il a réussi à gagner la confiance des acteurs de l’écosystème et c’est la plus grande consécration».

Abdelkarim M. Mahmoud, président de l’observatoire du GAAN, est revenu sur la mesure de la digitalisation des institutions algériennes dans l’axe e-gouvernement. 48 sites web institutionnels de ministères, d’institutions étatiques et d’organismes gouvernementaux ont été passés au peigne fin et évalués sur un score total de 100 points.

75% des sites web gouvernementaux audités affichent un score mobile inférieur à 50 points. Selon l’outil d’analyse de Google, 43%, soit près de la moitié des sites web audités, n’obtiennent pas plus de 50 points sur 100 en matière de performances desktop. 95% des sites web soumis à l’étude sont hébergés sur le territoire national et 100% d’entre eux disposent de domaines en .DZ.

Hachimi Benali, CEO de CM Consulting, acteur majeur de la transformation digitale en Algérie et représentant de la commission loi de finances complémentaire 2022, a mis en évidence la nécessité de créer «un statut entreprise de production de services numériques».La situation de la société numérique en Algérie est peu reluisante.

Les participants ont mis en exergue le manque de compétence des donneurs d’ordre et l’aversion du risque les pousse vers la massification des projets et l’usage non justifié du «clef en main», ce qui exclut les locaux. Il y a aussi l’insuffisance de la législation en faveur des technologies ou des compétences locales et la faiblesse organisationnelle et dispersion de l’écosystème local.

Abdelmalek Chetta a présenté les grandes lignes de la stratégie 2022 du GAAN. Pour lui, «la mission qu’on veut donner au numérique algérien est de permettre à l’économie et au citoyen de tirer plein profit d’une manière équitable et efficiente sur le long terme. Les dernières statistiques produits par le Gaan et basées sur les chiffres de DataReportal sont excellentes, l’évolution des usages est super positive, la connexion est bien meilleure que la moyenne en Afrique».

Mais, précise-t-il, «investir dans la connexion internet, c’est subventionner Google et Facebook ? Tout centime qui sert à l’interconnexion dans les conditions actuelles de l’écosystème profit largement aux multinationales.

Personne n’est en train de payer la pub sur les sites algériens, tout le monde sponsorise le contenu sur des plateformes internationales. L’Algérien consomme principalement du contenu étranger sur des outils étrangers et cela génère de l’argent à des entreprises qui n’ont même pas de bureau en Algérie, elles n’ont même pas daigné recruter un Algérien qui les représente en Algérie.

La création du contenu n’est pas très rentable. Même pour les influenceurs, ce n’est pas un grand business. Il y a deux types de contenu : professionnel (des entreprises), qui ne représente pas 5% au niveau mondial. L’internet est à la base de la création de contenu par les non-professionnels».

Il propose, entre autres, de «former le citoyen sur l’usage et la création de contenu depuis l’école et susciter un marché de création de contenu prospère et attractif». Abdelkrim Embarek, vice-président, a annoncé le Digital African Summit, un événement très attendu des professionnels des TIC qui se tiendra du 31 mai au 2 juin au Centre international des conférences d’Alger. 

Le Professeur Youcef Mentalechta honoré

Le professeur Youcef Mentalechta, présenté comme le «père de l’informatique en Algérie», a été honoré pour ce qu’il a donné à l’Algérie en tant que moudjahid et scientifique. Il est le premier Algérien à avoir son doctorat en informatique. Il a été très sensible à ce geste symbolique.

Il était responsable du développement informatique à l’Unesco, une sommité, fondateur de l’Institut national de l’informatique de Oued Smar en septembre 1969. Il était convaincu que quelques années après son indépendance, l’Algérie devrait se mettre à l’informatique avec une vision précise. Cet ingénieur a connecté l’Algérie en 1993.

Cela s’est concrétisé entre un Centre de recherche Italien et celui de l’Algérie (Cerist). Les premières autorisations ont été attribuées à des opérateurs privés en 1999. En 2000, le débit national a été augmenté à 1 mégabit/seconde. K. B.

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