De simples gestes, quotidiens, ininterrompus qui font de leur cité un bijou en plein quartier caractérisé par un manque d’urbanisme, l’anarchie et l’incivisme. Un exemple de l’amour de la nature et de civisme à suivre.
Il tond la pelouse, taille les haies de troènes, ramasse les feuilles mortes, plante diverses plantes, traces les lignes des places de parking, initie les plus petits au tri des déchets et à la protection de l’environnement… Celui que tout le monde appelle Aami Ahmed, de son vrai non Ahmed Guechtouli, veille sur sa cité à temps plein.
Ce retraité de 70 ans, a réussi, en l’espace de 20 ans, de faire de la cité des 200 logements, sise au niveau de la brise marine de Bordj El Bahri, un réel coin de paradis. Il est vrai que le contraste est impressionnant entre l’intérieur et l’extérieur de la cité. Ce havre de paix abrite, en son centre, un magnifique jardin clôturé. Ses jolies fleurs colorées, ses hauts arbres aux branches bien réparties, et sa pelouse parfaitement taillée captent tout de suite le regard. «A la base, il y avait une sorte de stade avec du grillage qu’on a vite pensé à aménager en jardin», raconte-t-il.
C’est en 2008, en plein mois de Ramadhan que Aami Ahmed et son voisin et commencent a travaillé la terre de cet espace. Au départ, tout le monde pensaient que les deux hommes cherchaient seulement à tuer le temps durant le mois sacré. «Or, notre but était de verdir la cité», se rappelle-t-il. De peur de voir cet espace occupé par une nouvelle construction, la superficie étant conséquente, les deux hommes commencent à planter tout ce qu’il le passe sous la main. «Nous n’y connaissions rien. La crainte et la précipitation nous ont motivé à ne pas abandonné notre idée de verdir la cité.
Aujourd’hui, avec le recul et l’apprentissage, on se dit qu’on aurait du planter cet arbre ici, et l’autre la bas par exemple», confie-t-il. Le bas des immeubles n’a pas été oublié. Un massif fleuri a été conçu. Celui-ci est idéal car il apporte du volume et de la couleur autour de toute la cité. En termes de propreté, la encore, il n y a rien à dire. Pas un papier ne traine par terre. «Je tiens d’ailleurs à remercier les services d’Extranet pour le travail qu’ils font. Ils ont remarqué la propreté dans le quartier et continuent de le garder propre. Par la même occasion, Je remercie infiniment M. El Hachemi Dilmi du service de l’environnement au niveau de l’APC de Bordj El Bahri qui nous aide beaucoup».
Et pour embellir la cité, ils ont commencé petit à petit. «Nous nous sommes organisés en petit comité et on s’est décidés de tout aménagé», assure M. Ahmed. En premier lieu, les bennes à ordures ont pris place dans un coin bien défini. «Nous avons initié les habitants au tri sélectif avant même la création du Ministère de l’environnement», affirme-t-il fièrement.
En effet, dés les années 2000, les habitants de la cité ont commencé à trier leurs déchets. «Malheureusement, la commune ne disposant pas d’un centre de tri, les déchets étaient mélangés une fois ramassés. Mais cela ne nous a pas découragé à continuer notre tri car on juge que cet acte est important pour l’environnement», confie M. Ahmed.
Recyclage
Aujourd’hui, le pain est récupéré par un jeune homme. Idem pour le plastique. «Aujourd’hui, avec tous les espaces verts que compte la cité, nous étions obligé d’embauché un jardinier pour les entretenir correctement», affirme M. Guechtouli. Selon lui, tout le monde respecte ces espaces, y compris les enfants.
D’ailleurs, ces derniers ne s’aventurent jamais dans les jardins, ne cueillent jamais les fleurs, ne piétinent pas les buissons. «Nous les avons éduqué à cela. Il est vrai que ce n’était pas évident de faire respecter cela mais la majorité des habitants ont adhéré et désormais tout va bien», affirme-t-il. Assurant au passage que seuls les enfants de l’extérieur de la cité qui viennent parfois cueillir des fleurs pour la maitresse mais jamais ceux du quartier. «Ils savent qu’ils n’ont pas le droit. Que ces espaces sont fait pour être admirés des balcons et de l’extérieur et ne devraient pas être piétinés ou saccagés», ajoute-il. C’est pourquoi, M. Ahmed avoue avoir placé des plaques ‘’interdit’’ un peu partout devant ces espaces.
A cet effet, il affirme : «J’ai même créé, en 2016, une association nommée El Boustan pour défendre notre cité contre la mauvaise conduite des gens». Une sorte de pépinière a également trouvé sa place dans la cité.
Le but : Ne plus racheter des plantes de l’extérieur mais se fournir directement en cas de besoin. Mais cet havre de paix connait toutefois, par moment, des instants de turbulences. «Certains ne respectent pas le travail accompli depuis 20 ans et cherchent à saccager certains espaces notamment en tentant de raccorder les conduites des eaux usées avec celles des eaux pluviales, ce qui est inconcevable.
C’est pourquoi, je prie les autorités compétentes de se penchent sur la question afin d’éviter tout désastre», conclut-il.
Sofia Ouahib
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