Le Comité d'Al Qods sourd face à la multiplication des actes de profanation des lieux saints en palestine : L’autre trahison du roi Mohammed VI

15/02/2023 mis à jour: 19:05
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Le souverain marocain Mohammed VI

Issue de l’Organisation de la coopération islamique ( OCI), le Comité d’Al Qods, créé en application de la résolution n° 1/6-P de la sixième Conférence islamique des ministres des Affaires étrangères tenue en juillet 1975 à Djedda, en Arabie Saoudite, dans sa composante actuelle, sa présidence assurée par le roi du Maroc, Mohammed VI, et au regard de la conjoncture actuelle que traverse la question palestinienne, est-il qualifié pour remplir les missions historiques pour lesquelles il a été fondé ? Historiquement, la naissance du Comité d’Al Qods est intervenue dans un contexte où la ville et son patrimoine historique séculaire, dont la mosquée Al Aqsa subissait, quasi-quotidiennement, les assauts des militants sionistes d’extrême droite et d’autres courants ultra partisans de la «terre promise», qui militent pour changer le statut de la ville sainte dans le sens de sa judaïsation.

Ce fut donc à l’origine un moment phare d’une prise de conscience politique aiguë des Etats musulmans membres de l’OCI face au plan annexionniste de la ville sainte et à la tentation spoliatrice de l’occupant israélien visant la négation et la remise en cause de l’identité de la ville sainte. Les missions et les objectifs fixés par la Conférence islamique des ministres des Affaires étrangères au Comité d’Al Qods, en vertu de ses textes fondateurs, font de ce comité un instrument opérationnel pour sensibiliser et mobiliser les organismes internationaux autour de la défense de l’intégrité physique et spirituelle de la ville d’Al Qods, rapprocher, unifier les positions des acteurs, entre Etats et sociétés civiles de pays membres de l’OCI, dans un front rassembleur, engagé autour des questions de la centralité de la cause palestinienne, de ses référents historiques et civilisationnels. Concrètement, le Comité d’Al Qods est chargé, entre autres misions, d’examiner et d’être à l’écoute de l’évolution de la situation dans la ville sainte dans tout ce qui touche à son statut, conformément aux résolutions des instances internationales, de prendre contact avec les organismes internationaux susceptibles d’aider à la sauvegarde d’Al Qods, de présenter des propositions aux Etats membres et à tous les organismes intéressés concernant les démarches à entreprendre pour assurer l’exécution de ces résolutions. Enfin, au terme de chaque exercice, le Comité est tenu de présenter un rapport d’activité à la Conférence des ministres des Affaires étrangères.

Comme on le voit, à sa création, le Comité d’Al Qods s’est doté de toutes les prérogatives à même de lui permettre de jouer un rôle moteur dans la défense de la ville sainte contre les visées colonialistes de l’entité sioniste. Mais l’expérience a démontré que depuis sa création, ce Comité s’est révélé être une coquille vide, phagocytée par le souverain marocain, d’abord par le roi Hassan II, et depuis le décès de ce dernier par son successeur, le roi Mohammed VI, qui a hérité de son défunt père le titre spirituel de «Commandeur des croyants». Et c’est d’ailleurs, fort de ce statut qui le présente comme un descendant de la lignée du Prophète que Hassan II s’est autoproclamé président du Comité Al Qods avec le pouvoir de transmission de la présidence à son successeur selon un mode successoral de type dynastique. En s’adjugeant le poste de président du Comité d’Al Qods, le roi Hassan II avait besoin de cette tribune hautement symbolique dans la conscience collective de la communauté musulmane pour légitimer son pouvoir et son titre de commandeur des croyants en interne, vis-à-vis de son opinion publique et, particulièrement, des islamistes qui commençaient à gagner du terrain, mais aussi, vis-à-vis de l’extérieur. Cela, tout en régentant le champ religieux et en instrumentalisant la cause palestinienne pour des considérations de politique intérieure. Le prochain président du Comité d’Al Qods pourrait être le jeune prince héritier Moulay Hassan, s’il accédera au trône. Et comme le roi Mohammed VI est donné très souffrant et que la maladie pourrait le contraindre à abdiquer plus tôt que prévu en faveur de son fils, le jeune prince pourrait se retrouver à la tête du Comité. C’est dire l’incongruité politique de cette forme de transmission monarchique du pouvoir au sein du Comité d’Al Qods, qui est fondamentalement la cause essentielle de son immobilisme et de sa privatisation par le Maroc. Il ne faudrait pas s'étonner alors du gel des activités de cette institution à l’existence fantomatique dont le siège est à Rabat, laquelle ne s’est pas réunie depuis de longues années alors que la ville sainte d’Al Qods et la mosquée d’Al Aqsa n’ont jamais subi autant de souillures, de meurtrissures, d’ actes de profanation des symboles religieux de la ville, qui sont quotidiens, prémédités, reflets de la politique de colonisation et de judaïsation officiellement assumée par l’entité sioniste.

Le président du Comité d’Al Qods aux abonnés absents ?

Les conditions historiques ayant présidé à la création du Comité d’Al Qods et sa caporalisation par le palais royal marocain ont enfanté une structure mort-née. La signature des accords d’Abraham par lesquels fut scellée la normalisation des relations diplomatiques entre Israël et certains pays arabes, dont le royaume du Maroc, a enterré définitivement l’espoir qu’avait fait naître la création de cette institution dans le cœur des Palestiniens, des Arabes et des musulmans du monde entier, d’une manière générale, pour la sacralité de la cause qu’il est censé défendre. Le sentiment de colère exprimé à l’encontre de ce comité de la part des Palestiniens et de la rue arabe est monté de plusieurs crans depuis le retour aux affaires de Benyamin Netanyaou et la désignation dans son gouvernement de ministres d’extrême droite, à l’instar du ministre raciste chargée de «la Sécurité nationale», Itamar Ben Gvir, qui a reçu carte blanche pour accélérer le processus de judaïsation de la ville sainte d’Al Qods en encourageant les actes de profanation de la mosquée Al Aqsa devenus quasi quotidiens, dans le prolongement du plan de colonisation de la Palestine axé sur la modification du rapport de force démographique, du caractère et du statut juridique des territoires d’Al Qods occupée et de la mosquée Al Aqsa.

Où est passé le président du Comité Al Qods, le roi du Maroc ? Cette interrogation revient tel un leitmotiv depuis ces dernières semaines, où les raids contre la mosquée Al Aqsa, conduit par le sinistre ministre de la «Sécurité nationale», ne se comptent plus. Pendant que les Palestiniens, femmes, enfants, vieillards, se font canardés quotidiennement dans l’indifférence de la communauté internationale et des grandes puissances pour lesquelles les vies de Palestiniens et celles d’Israéliens n’ont pas la même valeur, le président du Comité d'Al Qods, le roi Mohammed VI, ordonne à son appareil policier de réprimer, sans ménagement, les rassemblements de soutien au peuple palestinien à Rabat, Casablanca et dans d’autres villes marocaines. Après avoir longtemps dupé son monde, ses sujets, les Palestiniens, la rue arabe et musulmane sur son rôle à la tête du Comité d’Al Qods, l’évolution que connaît, aujourd’hui, la question palestinienne avec la réunification des rangs palestiniens scellée, à la faveur du Sommet de la Ligue des Etats arabes tenu à Alger les 1er et 2 novembre dernier, et la trahison de la cause sacrée de la libération de la Palestine par les Etats arabes ayant normalisé leurs relations avec Israël, les observateurs n’excluent pas que le Comité d’Al Qods se transforme en tombeau pour le roi Mohammed VI, au vu du mouvement de contestation et de colère suscité au sein de l’opinion marocaine par les liaisons dangereuses nouées par le makhzen avec l’entité israélienne. Le monarque marocain tente de sauver la face et le trône en faisant dans la diversion et le double discours, en se redéployant sur d’autres fronts, pour ne pas avoir à pratiquer la politique de la chaise vide et pour parasiter les décisions d'institutions régionales, dont le Maroc est membre. C’est le sens de sa présence aux travaux de la Conférence de haut niveau de soutien à la ville d’Al Qods, qui s’est tenue au Caire ce dimanche et qui a regroupé les ministres des Affaires étrangères des Etats de la Ligue arabe, dont l’Algérie assure la présidence en exercice au niveau du Sommet. 

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