Par Dr Ammour Benhalima (*)
Professeur des universités
Dans un article publié, le 23/06/2024 , dans le même quotidien, nous avons abordé, dans le fond, la question du changement climatique également nommé «réchauffement climatique», qui se traduit par une augmentation de la température moyenne de la surface terrestre ainsi que par une modification des régimes météorologiques à grande échelle.
L’une comme l’autre sont attribuées aux émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine. L’oxyde de carbone (CO2) et le méthane (CH4) représentent 90% des effets de gaz à effet de serre dues aux activités humaines.
Nous avons précisé, dans ce même article, que le réchauffement climatique a touché l’ensemble de la planète, qu’il s’est accru à un rythme accéléré, que les émissions de gaz à effet de serre sont actuellement très élevées et ont entraîné une augmentation de la concentration des effets de serre à des niveaux inédits et constituent, aujourd’hui, indéniablement, une croissance des risques.
De plus, dans ce même article, nous avons suggéré à ce que tout le monde s’y mette pour réduire le réchauffement climatique. Pour mieux comprendre le changement climatique et répondre aux incertitudes qui persistent, il n’y a pas mieux, selon certains experts, spécialistes de la question, que de faire appel à l’Intelligence Artificielle.
Le terme d’Intelligence artificielle a été créé par John Mc Carty, informaticien américain, né en 1927 à Boston. L’intelligence artificielle se fonde sur l’hypothèse que le processus de pensée humaine peut être mécanisé. L’intelligence artificielle est un domaine de l’informatique qui vise à créer des machines capables d’exécuter des tâches nécessitant une intelligence humaine.
L’intelligence artificielle est un atout de poids dans la lutte contre le dérèglement climatique, un puissant outil pour prévoir et mesurer l’impact des changements climatiques, favoriser la durabilité environnementale et aider à faire face à la crise climatique des politiques bas-carbone très efficaces.
L’intelligence artificielle constitue un défi écologique et une alliée précieuse contre le changement climatique, ses capacités en terme d’analyse de données et d’optimisation laissent entrevoir des applications prometteuses. L’intelligence artificielle est de plus en plus utilisée dans les prévisions météorologiques.
Elle est, actuellement, utilisée pour accélérer la transition écologique et aider à optimiser les réseaux électriques, responsables d’un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Beaucoup de spécialistes, de la question, voient l’intelligence artificielle comme une occasion pour le climat.
Selon un rapport édité par Boston Consulting Group, les solutions liées à l’intelligence artificielle, si elles sont mises en œuvre largement, pourraient réduire les émissions de CO2 mondiales de 10 à 5% d’ici 2030. Selon toujours, le contenu de ce rapport, les bénéfices de l’intelligence artificielle dépassent largement les aspects négatifs et que l’intelligence artificielle incarne le mythe de la technologie qui va sauver le monde.
Cependant, selon certains experts, de la question, présenter l’intelligence artificielle, comme une solution à la crise environnementale, risque de dissuader la société d’agir et d’aller vers davantage de sobriété, de verdir l’image d’une technologie et de mettre, sous stéroides, l’économie mondiale actuelle très carbonisée. Le dérèglement climatique a un impact sur l’économie à travers de multiples canaux.
Les conditions météorologiques qu’il engendre entraîneraient, tout d’abord, des détériorations et des destructions d’infrastructures. Le dérèglement climatique pèse, également ,sur les rendements agricoles et la productivité agricole. Selon un document publié par deux économiste de Harvard et Northwestesn, un degré de réchauffement climatique aura un impact de 12% sur le PIB Mondial, au bout de six ans.
Le prix Nobel d’économie, William Nordhams, en 2018, estimait, qu’un réchauffement climatique de -6°C mènerait à une perte du PIB Mondial de 8,5% en 2100. Un rapport de l’OCDE de 2015 citait un cas central de 12% de perte du PIB Mondial en 2100.
Les études actuellement disponibles sur les effets économiques du changement climatique, aussi bien par régions que par secteurs, font apparaitre de fortes inégalités pour beaucoup de pays, notamment ceux qui sont les plus proches de l’équateur du fait de la faiblesse de leurs institutions et de la prédominance de l’agriculture, secteur le plus touché.
Le processus de changement climatique a des conséquences négatives mesurables : moindres rendements agricoles, baisse de l’offre de travail, croissance plus faible de la productivité. Les secteurs les plus touchés par le réchauffement climatique relèvent essentiellement du secteur marchand : agriculture, gestion de l’eau, demande en énergie, tourisme, industrie de l’assurance.
Les changements climatiques menacent directement la croissance économique de nombreux pays et mèneront, pour certains pays, à une augmentation de la pauvreté et à une érosion de la sécurité alimentaire. Les pays les moins développés risquent de perdre de plus de points du PIB.
Une étude parue dans la revue Nature, en France, en avril 2024, estime que le dérèglement climatique pourrait générer une perte annuelle, pour l’économie mondiale, d’environ 38000 milliards de dollars. Les économistes, à l’origine de cette étude, montrent que la plupart des régions du monde seront affectées et que la perte du revenu global devrait y atteindre, à l’horizon 2025, 22% contre 11% en Europe et aux Etats Unis.
En conclusion : aucun pays ne gagnerait au changement climatique, étant donné les multiples canaux de transmission (épidémies, stabilité financière, commerce, migration). Les résultats actuels de l’impact du changement climatique sur le PIB Mondial plaident pour des politiques publiques en faveur d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre qui doivent être coordonnées au niveau mondial.
Pour essayer de limiter les effets du changement climatique, les pays signataires de la convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique (CCNUCC) se sont donnés, pour objectif, en signant l’accord de Paris, en 2015, de contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement au-dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels. A. B.
(*) Ancien cadre supérieur à la Banque d’Algérie-ex-Membre d’une équipe de recherche universitaire algéro-américain sur le climat-université de l’Ohio-Etats-Unis