Dans un contexte de crise sanitaire sans précédent et face à la baisse des recettes pétrolières, l’Algérie, à l’instar d’autres pays, a été contrainte d’adopter des mesures de restriction de ses échanges commerciaux et de réduction de la facture d’importation.
Plusieurs mesures d’urgence ont été prises depuis l’année 2020 pour limiter l’importation de nombreux produits, surtout ceux fabriqués localement. Les opérateurs économiques découvraient, quasiment chaque mois, une nouvelle liste de produits à bannir de l’importation. Une manière pour les pouvoirs publics de préserver les réserves de change, l’outil national de production et d’encourager les consommateurs à acheter les produits «made in Algeria».
En 2021, un système de licences d’importation a été établi afin de canaliser les opérations d’importation et identifier les importateurs qui doivent s’acquitter de l’obligation d’avoir un certificat Algex pour pouvoir prétendre introduire un produit dont la licence d’importation a été libérée.
Ces mesures visant à stimuler la production nationale, et même si elles ont contribué à réduire la facture d’importation, ont toutefois touché des produits non disponibles sur le marché national, ou ceux que la production nationale ne couvrait pas ou très peu. Ce qui a provoqué des pénuries et un déséquilibre entre l’offre et la demande exerçant une pression supplémentaire sur les prix.
Des produits de base et matières premières nécessaires à la production ont été touchés par les mesures restrictives à l’importation, pénalisant des usines et provoquant même parfois des faillites d’entreprises comme dans le cas de certaines laiteries. Des intrants nécessaires à la production agricole, industrielle et pharmaceutique ont du jour au lendemain disparu du marché sans alternative possible.
Après le tour de vis exercé sur le poste des importations, et en prenant conscience du lourd impact sur la production locale, les pouvoirs publics ont pris des mesures d'allégement en révisant les listes des produits interdits à l’importation, afin de permettre la disponibilité sur le marché de certains intrants, notamment ceux nécessaires à la production nationale. Ces mesures d’assouplissement sont intervenues en mars 2023, après que le président Tebboune ait affirmé en février de la même année que «la rationalisation des importations ne doit pas se faire au détriment des besoins du citoyen».
Abdelmadjid Tebboune avait soutenu en outre que «la substitution des importations doit intervenir une fois l’augmentation de la production locale, sa disponibilité et sa capacité à couvrir les besoins est confirmée, ce qui, dit-il, requiert le recours à la numérisation de la gestion». Le président Tebboune mettait même en garde contre «l’exploitation politique de la pénurie».
Notons que la levée des restrictions à l’importation n’a pas touché tous les segments d’activité. Le ministère du Commerce, en charge de réguler le secteur, opère au cas par cas. L’adoption de mesures conjoncturelles a montré ses limites, preuve en est l’injonction du Président lors du dernier Conseil des ministres d’en finir avec «les lobbies de l’importation».
La régulation du secteur appelle à une stratégie sur le long terme à même de garantir une gestion transparente et efficace et de ce segment du commerce extérieur en prenant en compte à la fois la préservation de la production nationale et les besoins des consommateurs. Notons que les importations de biens ont enregistré, selon les chiffres de la Banque d’Algérie, une hausse de 10,5% en 2023, en passant à 42,842 milliards de dollars contre 38,757 mds de dollars en 2022.
Cette hausse a essentiellement concerné les biens d’équipement industriels (+23,1%) avec 9,881 mds de dollars, les biens de consommation non alimentaires (+15%) avec 6,43 mds de dollars, et autre produits. Les importations des services ont marqué une hausse durant cette période en atteignant 8,728 mds de dollars contre 7,944 mds de dollars en 2022, dont 2,569mds de dollars d’importation des services techniques fournis aux entreprises.
L’importation d’énergie et celles d’équipements agricoles ont également augmenté avec respectivement 6% et 39,8%. L’importation des biens alimentaires représentant 23,2% du total des importations de biens, a enregistré une légère baisse en passant de 10,367 mds de dollars en 2022 à 9,921en 2023. Cette baisse est expliquée par le recul des importations de céréales.