Résidant au Canada, Lazhar Zouaïmia était rentré au pays pour un séjour de courte durée. Il est poursuivi pour une dizaine d’accusations, notamment «apologie du terrorisme» et «financement d’une organisation terroriste».
Lazhar Zouaïmia, citoyen algérien résidant au Canada, a été arrêté samedi 19 février à l’aéroport Mohamed Boudiaf de Constantine et placé mardi en fin de journée sous mandat de dépôt, a rapporté le site d’information L’Avant-Garde, citant une source familiale.
Lazhar Zouaïmia était rentré au pays pour un séjour de courte durée. Il est poursuivi pour une dizaine d’accusations, notamment «apologie du terrorisme» et «financement d’une organisation terroriste» ; accusations qui ont choqué sa famille et tous ceux qui le connaissent, Zouaimia étant connu pour être un laïc franchement progressiste, issu d’une famille de militants qui a combattu l’obscurantisme islamiste des années 1990 et dont plusieurs membres ont été forcés à l’exil pour fuir la condamnation à mort.
Selon son frère, l’opposant Larbi Zouaimia, Lazhar a effectué ce séjour en Algérie dans le but d’inaugurer une fontaine dans sa région natale, à Sédrata, dans la wilaya de Guelma, en hommage à son fils décédé il y a quelques mois au Canada.
Alors qu’il se présentait à l’aéroport de Constantine pour prendre un vol sur Alger avant de rentrer au Québec, il a été interpellé par des agents de la DGSI qui l’ont conduit dans leurs locaux pour l’interroger, l’ont maintenu en garde à vue pendant 48 heures avant de le présenter devant le procureur, explique Larbi qui promet de répliquer, tout en précisant qu’il défendra son frère comme il défend tous les autres détenus politiques et d’opinion en Algérie.
Les accusations dont a été chargé Lazhar Zouaimia sont aux antipodes de ce qu’il est, de ses actes et ses engagements. Elles rappellent l’absurdité dont a été victime l’universitaire progressiste Ali Bensaad, condamné dans les années 1990 par une justice aux ordres d’un général qui a fini par être exclu du sérail.
Anti-islamiste connu, Ali Bensaad avait été condamné à mort, souvenons-nous, pour avoir soi-disant participé à un attentat islamiste ! Le retour de manivelle dans cette affaire avait été très sévère à l’époque et avait affaibli le pouvoir de Liamine Zéroual.
Aujourd’hui encore, dans la gestion strictement sécuritaire employée par le pouvoir pour mater le hirak, des militants anti-islamistes sont arrêtés et accusés de soutenir, de financer et d’appartenir à des organisations terroristes, à savoir le MAK et Rachad.
Avant le cas Zouaimia, l’activiste Abdelkrim Zeghileche a été chargé lui aussi des mêmes griefs et interné le 24 janvier dernier dans la prison de Boussouf à Constantine, en attendant d’être entendu sur le fond par le juge d’instruction. Zeghileche est pourtant loin d’être un islamiste et le parquet aura fort à faire pour prouver le contraire. Durant les dernières marches du hirak, il avait même été bousculé par des militants de Rachad à Constantine et dessaisi de sa pancarte où il avait inscrit «Ni Etat militaire ni Etat islamiste».