Lavrov a transmis une invitation officielle à Tebboune pour une visite en Russie en assurant : «Nous apprécions hautement la position algérienne»

12/05/2022 mis à jour: 05:53
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Photo : D. R.

Lors de sa visite à Alger ce mardi, Sergueï Lavrov a mis l’accent sur l’importance de la Déclaration de coopération stratégique signée en 2001 entre Alger et Moscou. Il a annoncé la signature d’un «nouveau document» pour «renforcer la coopération bilatérale» et a adressé une invitation officielle au président Tebboune pour effectuer une visite d’Etat en Russie.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a effectué ce mardi 10 mai une visite à Alger. Il a été reçu au palais d’El Mouradia par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en présence du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, et du directeur de cabinet à la présidence de la République, Abdelaziz Khellaf. 

«L’Algérie et la Russie sont liées par des relations sincères et amicales» a déclaré M. Lavrov à la presse, à l’issue de ses entretiens avec le chef de l’Etat.

Et alors que l’on s’approche du 60e anniversaire de l’indépendance, le ministre russe des Affaires étrangères s’est réjoui que les deux pays «célébreront ensemble le 60e anniversaire de l’établissement de leurs relations diplomatiques coïncidant avec le 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie».

Sergueï Lavrov a mis l’accent sur l’importance de la Déclaration de coopération stratégique signée en 2001 entre Alger et Moscou, précisant que cet accord constitue «le fondement des relations bilatérales». «Et nous avons réaffirmé aujourd’hui, a-t-il insisté, l’importance de l’action commune pour renforcer la coopération bilatérale à la faveur de la signature d’un nouveau document qui servira de base à ces relations.»

«Les échanges commerciaux ont atteint 3 milliards de dollars»

Outre la signature de ce nouveau document, le chef de la diplomatie russe a annoncé qu’une invitation officielle a été adressée à Abdelmadjid Tebboune pour effectuer une visite d’Etat en Russie. «Dans le souci de développer les relations au volet politique et pour renforcer la coopération commerciale, économique, militaire, artistique, culturelle et humanitaire, nous avons transmis au président Tebboune l’invitation de son homologue russe, Vladimir Poutine, pour effectuer une visite à Moscou», a indiqué M. Lavrov.

Au niveau économique, l’émissaire russe a affirmé que «le volume des échanges commerciaux entre les deux pays a atteint 3 milliards de dollars l’année dernière». M. Lavrov a attiré l’attention dans la foulée sur «l’intérêt que portent les entreprises russes au développement de leurs relations avec les partenaires algériennes dans plusieurs domaines, dont l’énergie, les mines, l’exploration et l’industrie pharmaceutique».

Autre point évoqué au cours de ces entretiens : «La coopération dans le domaine militaire et technique.» L’hôte de M. Tebboune a relevé à ce sujet la «confiance mutuelle» qui règne entre les deux pays en vue du développement de cette coopération.

Au menu également de la visite de M. Lavrov figurait l’examen des «étapes à venir en termes de coopération humanitaire, culturelle et éducative». Le ministre russe des Affaires Etrangères a exprimé la disponibilité de son pays à «accorder davantage de bourses d’études aux Algériens au sein des universités russes».

Lors de cette audience, il a été aussi question des dossiers brûlants de l’actualité internationale. Et la situation en Ukraine a été – on s’en doute bien – au cœur des discussions. «Nous considérons hautement la position algérienne, (une position) sage et objective vis-à-vis des développements en Ukraine», a souligné Sergueï Lavrov. 

«L’Algérie, a-t-il rappelé, est membre du Groupe de contact arabe sur la crise en Ukraine, lequel s’est récemment rendu en Russie et qui a aussi rencontré la partie ukrainienne.»

Pour une «position unifiée» sur le gaz

Selon M. Lavrov, il a été convenu, au terme de cette entrevue avec le chef de l’Etat, de «l’importance d’une coordination commune dans les forums internationaux, notamment au niveau de l’ONU et dans le cadre du Forum des pays exportateurs de gaz et de l’OPEP».

Concernant l’éventualité d’une hausse des exportations gazières, sachant que de nombreux pays européens s’activent pour réduire leur dépendance au gaz russe, Sergueï Lavrov a fait savoir que son pays est «en faveur d’une position unifiée dans le cadre du Forum des pays exportateurs de gaz pour honorer les accords précédents». «Il en sera de même, a-t-il ajouté, pour ceux à venir.» D’après l’AFP, l’Algérie «fournit environ 11% du gaz consommé en Europe, contre 47% pour la Russie».

Abordant la situation au Mali, M. Lavrov a appelé à engager un «dialogue politique» sur la base de l’accord d’Alger de 2015. Le MAE russe estime qu’il est «inutile d’annoncer plus de sanctions contre les dirigeants actuels au Mali».

Dans le point de presse qu’il a animé, M. Lavrov a été interrogé sur les propos tenus par le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell.

Dans une récente interview au Financial Times, M. Borrell a plaidé en faveur de l’utilisation par l’Union européenne des actifs russes gelés pour reconstruire l’Ukraine, en citant l’exemple des Etats-Unis qui n’ont pas hésité à prendre possession de 7 milliards de dollars appartenant à la Banque centrale afghane et placés auprès d’institutions financières américaines, après la prise de Kaboul par les talibans.

Sergueï Lavrov a rétorqué sèchement à cette sortie en déclarant, selon des propos cités par l’AFP : «On peut dire que c’est du vol qu’on n’essaie même pas de dissimuler.» «Il ne devrait pas oublier qu’il est le diplomate en chef de l’UE et non pas son chef militaire.» 

Et de lancer : «Mais peut-être que, bientôt, le poste de diplomate en chef de l’UE n’existera plus puisque l’UE n’a presque plus de politique étrangère car elle affiche sa solidarité entière avec la politique imposée par les Etats-Unis.»

La dépêche de l’APS rapporte de son côté cette réponse : «Notre position est connue. Nous sommes habitués à de telles opérations (gel d’actifs) comme ce fut le cas avec l’Afghanistan. Cependant, ces fonds n’ont pas servi à reconstruire l’Afghanistan détruit par les attaques de l’OTAN ces vingt dernières années. Ces fonds ont été détournés à d’autres fins.» 

D’un ton ferme, M. Lavrov a assuré que la Russie «ne ménagera aucun effort pour empêcher l’établissement d’un monde unipolaire qui violerait les principes fondamentaux sur lesquels a été édifiée l’Organisation des Nations unies»

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