Le président Abdelmadjid Tebboune a carrément procédé à un «tir de sommation» contre les barons de l’économie de l’informel, en les enjoignant de déposer rapidement l’argent thésaurisé dans des banques publiques ou privées, notamment celles qui ont mis en circuit des produits sans usure. Lors de la rencontre gouvernement-walis, le Président a donné un ultimatum à ceux qui détiennent des fortunes faramineuses en dehors du circuit officiel, causant ainsi un tort énorme à l’économie nationale, avec une inflation galopante et une hausse sensible des prix des produits de large consommation, ainsi que des fruits et légumes. Abdelmadjid Tebboune menace de prendre les mesures qui s’imposent pour mettre fin à une pratique qui n’a que trop duré.
Il faut dire que la tâche n’est pas aisée, tant les tenants de l’économie parallèle ont atteint un niveau de puissance financière hallucinant. Ils «pèsent» plusieurs milliards de dollars et font la pluie et le beau temps du commerce national depuis pratiquement l’indépendance du pays. Les gouvernements successifs se sont avérés impuissants devant un tel phénomène. A l’image d'Ahmed Ouyahia qui avait affiché, du temps où il était chef du gouvernement, une certitude de pouvoir en finir avec l’économie informelle en réhabilitant en premier le chèque bancaire. De simples paroles en l’air qui ne seront jamais suivies d’effet par l’adoption d’un cadre législatif. D’aucuns avaient compris à l’époque que de nombreux barons de l’informel étaient dans les rouages de l’Etat ou gravitaient autour des centres de décisions.
Le président de la République a donc décidé de s’attaquer à la racine du mal qui plombe l’économie nationale et peut aller jusqu’à menacer la sécurité alimentaire des citoyens à travers la rétention des produits achetés en devises par les structures de l’Etat. C’est à travers cette spéculation que les commerçants de l’informel augmentent leurs profits à l’abri des impôts et autres taxes de solidarité. Le Président envisage de faire intégrer l’argent des circuits parallèles dans le circuit officiel des banques. Ce qui représentera un apport fort appréciable pour l’économie et les finances du pays. La conjoncture économique mondiale, avec toutes ses répercussions, ne permet plus à un pays comme l’Algérie, qui ambitionne d’atteindre des performances financières appréciables, d’autoriser encore et toujours le maintien d’une économie informelle. Celle-ci constitue un frein qui peut s’avérer désastreux pour le bien-être des citoyens. D’où ce choix de recourir à une politique très répressive contre les spéculateurs que certains observateurs trouvent exagérée. N’empêche que celle-ci a donné des résultats. Le phénomène de la spéculation en Algérie est en net recul.