Larbi Djabri. Professeur en hydrogéologie et Environnement à l’université de Annaba : L’université doit se lancer dans les formations des métiers de l’eau

13/01/2022 mis à jour: 14:40
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Photo : D. R.

La récupération des eaux de pluie demeure, depuis la nuit de temps, un rempart contre les inondations. La conservation des eaux permet une économie très importante de la ressource qui pourra être utilisée dans le cadre de l’alimentation artificielle des nappes d’eau, d’où un gain très important en matière d’eau. Larbi Djabri, professeur en hydrogéologie et environnement à l’université de Annaba, insiste, dans cet entretien, sur la nécessité de se lancer d’avantage dans les formations des métiers de l’eau.

  • Pourriez-vous nous expliquer, techniquement, quelles sont les méthodes les plus efficaces et les moins coûteuses en matière de la récupération des eaux de pluie ?

La récupération des eaux de pluie passe par la mise en place d’obstacles permettant le blocage des eaux et la conservation du sol. En effet, les écoulements lors de fortes pluies entraînent le ruissellement des eaux et des sols qui, dans la plus grande partie, aboutissent aux niveaux des barrages favorisant ainsi le phénomène d’envasement.

Les Américains utilisent le procédé basé sur les peu placés les uns sur les autres tout au long des routes pour empêcher les pertes en eau et la conservation du sol. Ce mode de protection n’est pas coûteux et ne demande pas une haute technicité et il est facile à mettre en place.

  • Une fois maîtrisées, peut-on s’attendre à ce que ces méthodes contribuent d’une manière efficace à la baisse du taux de consommation actuelle ?

La conservation des eaux permet une économie très importante de la ressource qui pourra être utilisée dans le cadre de l’alimentation artificielle des nappes d’eau, d’où un gain très important en matière d’eau et aussi une conservation des sols de leurs humus, ainsi le recours aux engrais diminuera de manière conséquente et les produits agricoles seront de bonne qualité car presque bio.

Elle permet aussi de ralentir l’envasement des barrages, ce qui traduit par un emmagasinement important en matière de volumes d’eau. Cependant, ce projet ne sera viable que par l’implication de tous. La mise en route de ce projet doit se faire par un personnel recruté par l’Etat, ce qui permettra de mener à bien les taches à réaliser. Le citoyen doit aussi s’impliquer dans cette gestion, car c’est lui le premier bénéficiaire, c’est lui qui consomme cette eau.

  • Aujourd’hui, faute d’implication, nous constatons que les fuites, même au niveau des grandes villes, sont monnaie courante, ce qui se traduit par des pertes colossales d’eau qui a pourtant coûté au contribuable. Jusqu’à quand doit-on continuer à pratiquer la politique de l’autruche ?

Il y a quelques années de cela, il y avait des instituts qui formaient des spécialistes, mais ces derniers ont baissé rideau, laissant le secteur de l’eau sans secours. Aujourd’hui, plus qu’avant, l’université doit se lancer dans les formations des métiers de l’eau, ceci permettra de rétablir le fonctionnement des différentes stations et avoir une donnée fiable permettant l’élaboration des futurs projets. Il est anormal qu’un pays comme le nôtre ne dispose pas de données sur les stations implantées sur le territoire. Un effort est à réaliser dans cette perspective.

  • Les méthodes de récupération des eaux de pluie peuvent-elles se généraliser à tous les foyers (milieu urbain et rural) ?

Pour l’histoire, durant les années 70, l’Etat a investi des sommes colossales dans la construction des retenues collinaires dans différentes contrées. Or, il se trouve que ces retenues sont à l’abandon ou envasées.

L’idéal serait de les remettre en état de fonctionnement en prenant soin de faire un aménagement en amont qui permettra de les protéger contre les arrivées des sols. Au niveau des petits villages, on doit faire appel aux personnes âgées pour nous inculquer le bon mode de conservation des eaux, car souvent dans ces cas, on n’a pas besoin de micro-ordinateur et de bureaux luxueux pour faire du bon travail. On doit tous aller vers la protection de l’OR BLEU.

1. Au Mexique, l’eau de pluie est récoltée

Le groupe mexicain Isla Urbana utilise une technique qui consiste à récupérer et nettoyer l’eau de pluie. L’eau récupérée est distribuée aux particuliers, aux écoles et aux centres de santé. Le système adopté demeure très peu coûteux. Un système simple à mettre en place. D’après Isla Urbana, l’application à grande échelle de la récolte de la pluie à travers tout Mexico permettrait de fournir 30 % de l’eau de la ville ainsi qu’une source durable aux 12 millions de Mexicains actuellement privés d’accès à l’eau potable.

La ville de Mexico fait face à de nombreuses pénuries d’eau, en particulier sur les hauteurs. Ces zones connaissent d’immenses difficultés pour obtenir un approvisionnement continu en eau. Face à cette situation, l’équipe d’Isla Urbana a décidé d’intervenir en proposant, en collaboration avec des habitants du quartier, la mise en place d’un système ingénieux de récupération des eaux de pluie. Grâce à ce dispositif, des milliers de familles bénéficient aujourd’hui d’un accès 365 jours sur 365 à l’eau courante.

Avec la méthode d’Isla Urbana, l’eau de pluie est récupérée, filtrée et stockée dans d’immenses citernes. Cela permet aux foyers qui ne sont pas connectés au service d’approvisionnement public d’avoir accès à de l’eau pour se laver, boire et cuisiner.

2. Inde : Chennai, une ville qui s’accommode aux aléas climatiques

En 2001, les autorités indiennes ont installé des systèmes de récupération d’eau de pluie dans les bâtiments existants comme elles exigent l’installation de ce système dans les nouvelles constructions. L’eau de pluie récupérée est injectée ainsi dans le sous-sol à travers divers mécanismes (des plus simples aux plus complexes). Cette technique vise à compenser l’extraction et en restaurer ainsi le niveau des aquifères.

Depuis la mise en place de cette stratégie, les volumes d’eau ont remonté. Actuellement, on estime que la situation est relativement stable. Il faut rappeler que les besoins de la population dans cette région ne cessent d’augmenter en raison de l’extension urbaine. A cela s’ajoutent les précipitations qui tombent dans cette zone sous forme de rafales de courte durée et d’une grande intensité.

Ce qui rend l’absorption plus difficile. Au début des années 2000, la situation est jugée critique. 65% de l’eau de pluie s’écoulant vers la mer ou s’évaporant avant d’être absorbée par le sol. Pour faire barrage à une catastrophe environnementale, les autorités ont décidé de mettre en place un système de recharge «artificielle» des aquifères qui n’est pas éloigné du cycle de la nature.

CLÉS : 

  • Les pertes d’eau dans la nature à cause des fuites constituent plus de 50% de la quantité utilisée par les usagers en Algérie. 
  • L’Algérie projette d’enregistrer d’ici 2025 900 millions de m3 d’eau traités annuellement 
  • D’ici 2050, la quantité d’eau traitée pourrait atteindre 1200 millions de m3 annuellement
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