L’apnée du sommeil : Ses risques sur la santé

22/07/2024 mis à jour: 21:57
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Photo : D. R.

Troubles de la respiration, ronflements bruyants, sommeil agité... l’apnée du sommeil touche aujourd’hui des millions de personnes à travers le monde. Et ses conséquences sur la santé sont aujourd’hui prouvées. Explications !

L’apnée du sommeil augmenterait considérablement le risque de fibrillation auriculaire – qui peut provoquer une irrégularité du rythme cardiaque – et d’accident vasculaire cérébral (AVC).» C’est en tout cas ce qu’ont découvert des chercheurs américains après avoir suivi plus d’un million de patients, âgés de 20 à 50 ans, sur près de dix ans.

Ces derniers seraient «cinq fois plus susceptibles de développer une fibrillation auriculaire et 60% plus susceptibles de subir un accident vasculaire cérébral plus tard dans leur vie», affirment les auteurs de l’étude. L’apnée du sommeil pourrait avoir un réel impact sur la santé des individus. «Il faut savoir que l’apnée du sommeil est un trouble assez fréquent puisqu’on estime que 8% de la population en souffre. Il s’agit d’arrêts respiratoires répétés durant le sommeil.

Ces arrêts respiratoires, plus ils sont fréquents, plus ils perturbent le sommeil et plus ils sont néfastes», explique le Dr Samy Akroun, pneumologue. Selon lui, ces apnées peuvent être schématiquement obstructives ou centrales. Sachant que les apnées obstructives sont les plus fréquentes. En effet, elles sont dues à un relâchement de la langue et du pharynx causant une obstruction au passage de l’air. «Cela est la conséquence du surpoids (excès de graisse au niveau de la gorge), de l’âge (relâchement des tissus) et de facteurs génétiques (forme et architecture global de la gorge)», explique le spécialiste.

Les apnées centrales sont, quant à elles, moins fréquentes et sont souvent dues à d’autres maladies, telles que les troubles neuro-psychiatriques, la prise de médicaments ou encore une insuffisance cardiaque. En ce qui concerne le profil des personnes souffrant d’apnée du sommeil, le Dr Akroun explique qu’il s’agit, de manière générale, d’hommes en surpoids, à la 4e ou 5e décennie, ronfleurs et volontiers hypertendus et/ou diabétiques.

«Bien évidemment, ça ne se limite pas à ça, on peut tout à fait trouver des apnéiques parmi les femmes, les jeunes, les minces et même des sportifs !» prévient-il. Par contre, certains signes peuvent alerter et pousser le patient à aller consulter.

En effet, un sommeil non réparateur, une fatigue permanente, notamment au réveil avec des maux de tête et des vertiges, une irritabilité, une somnolence excessive (s’endormir au volant, dans les transports, devant la télé…), des problèmes pour se concentrer (baisse de la productivité au travail) et des troubles de la mémoire peuvent constituer des signes avant coureur.

«D’autres symptômes, moins typiques et tout aussi fréquents, peuvent alerter, notamment chez les femmes, à l’exemple de la dépression, l’anxiété, les troubles de l’humeur, les maux de tête inexpliqués…» ajoute le Dr Samy Akroun.

Si l’apnée du sommeil n’est pas traitée, elle peut entraîner, à court terme, une mauvaise qualité de sommeil, de la fatigue, une somnolence, une irritabilité mais aussi une dépression nerveuse. Sur le long terme, le spécialiste assure que celle-ci peut causer une hypertension artérielle, du diabète, des troubles du rythme cardiaque, des infarctus et des AVC.

«On estime qu’une apnée du sommeil sévère peut augmenter jusqu’à 7 fois le risque cardiovasculaire», soutient-il. C’est pourquoi, il est important, selon le spécialiste, d’analyser en détail le sommeil et la respiration durant ce dernier afin de pouvoir diagnostiquer une éventuelle apnée du sommeil.

Sédentarité

Pour se faire, les médecins utilisent la polygraphie ou la polysomnographie, un enregistrement continu de plusieurs paramètres (respiration, position du corps, mouvements, oxygénation du sang, fréquence cardiaque…). Il faut savoir que la polygraphie est la méthode la plus simple et la plus utilisée.

Elle suffit largement dans 80% des cas. Pour les situations les plus complexes, on utilise la polysomnographie (qui enregistre plus de paramètres, dont notamment l’activité cérébrale) ; mais cette dernière ne se fait qu’en centre spécialisé dans les pathologies du sommeil et non à domicile comme la polygraphie. «Ainsi, à l’aide de capteurs qu’on pose sur le patient durant une ou deux nuits, on analyse en détail les données récoltées afin de caractériser les apnées, les compter et de voir à quel moment/position elles se produisent le plus.»

Toutefois, la prévention reste le principal facteur pour éviter l’apnée. «Il faut aussi lutter contre l’obésité et la sédentarité, qui constituent de véritables fléaux. D’autant plus que perdre du poids suffit souvent à régler une apnée du sommeil légère ou modérée», rassure le Dr Samy Akroun.

Pour les cas sévères, et en l’absence de traitement curatif (qui guérit définitivement la maladie), le spécialiste préconise de mettre en place une pression positive continue (PPC). «Il s’agit d’un petit appareil que le patient utilisera chez lui, muni d’un masque étanche à mettre sur le visage et qui appliquera une légère pression positive sur l’air respiré afin d’éviter le “collapsus” des voies aériennes supérieures (pharynx et langue) et donc de supprimer les apnées», explique-t-il.

Si cela reste contraignant, Samy Akroun assure que l’amélioration de la qualité du sommeil fini de convaincre les patients les plus réticents ; de même que la disparition des ronflements fini de convaincre le conjoint du patient ! «En maintenant ce traitement, on prévient toutes les complications à court et long terme de l’apnée du sommeil», conclut le médecin.
 

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