L'Algérie en Coupe d’Afrique des nations : CAN-1968 en Ethiopie, Djillali Selmi se souvient

28/12/2023 mis à jour: 06:47
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L’Algérie participe, pour la première fois, à la CAN en 1968. Cette année-là, le tournoi, avec 8 équipes réparties en 2 groupes, se déroule en Ethiopie qui pour la circonstance abrite la compétition pour la 2e fois depuis 1957, date de création de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). 

Les Algériens s’étaient débarrassés en qualifications du Mali (3-0 à Bamako et 1-0 à Alger et du Burkina Faso, ex-Haute Volta (2-1 à Ouagadougou et 3-1 à Alger). 

A l’époque, le Français Lucien Leduc était le sélectionneur de l’Equipe nationale. Djillali Selmi, qui avait tout juste 22 ans, se souvient de la CAN 1968. «Avant de nous rendre en Ethiopie, nous ne savions pas ce qui nous attendait sur place. C’était la première participation de l’Algérie à la CAN. 

On avait entendu vaguement parler du phénomène de l’altitude et ses répercussions sur le rendement des joueurs. Le groupe formé par Leduc était un mixage entre joueurs de qualité et jeunes footballeurs en devenir, à l’instar du gardien de but Mohamed Abrouk (CRB) , feu Djillali Abdi (USMBA), Kechra (MCO), Lakhdar Bouyahi (NAHD), Kamel Berroudji (OMR-USMA). Les cadres de l’équipe n’étaient pas vieux (Attoui, Bouden, Bourouba, Beloucif, Krimo, Djemaa, Belbekri, Lalmas, Kalem, Amirouche, sans oublier celui qui a marqué le premier but de l’Algérie en éliminatoires de la CAN-1968, mon coéquipier au CRB, le regretté Ahcène Achour. Sur le papier, la sélection avait fière allure. 

Malheureusement, elle a été handicapée par son inexpérience à ce niveau. Techniquement, elle était bonne. Des paramètres comme l’altitude (2400 mètres, je crois, au-dessus de la mer), la mauvaise qualité de la pelouse, l’agressivité des adversaires, la partialité des arbitres, tout cela a joué contre nous. Le stage à Seraïdi, en plein Ramadhan, avant de rallier Addis- Abeba, et les conditions générales de séjour au pays du Négus ne nous ont pas permis de passer le 1er tour». 55 ans plus tard, les survivants de cette première campagne restent divisés sur les raisons du ratage.

 Le maestro du CRB esquisse une petite analyse : «Lorsque j’ai rejoint le CRB en 1967, en provenance de l’OMR, j’avais 21 ans. A l’époque, on ne changeait pas de club comme on change de chemise. Il y avait un règlement qui obligeait un joueur qui signait en faveur d’un nouveau club de rester 2 ans sans jouer. La fameuse licence B. Lucien Leduc a fait des mains et des pieds pour que la fédération me qualifie au CRB. Il a dit  qu’il avait besoin de moi en Coupe d’Afrique. La poire a été coupée en deux et j’ai obtenu ma qualification au CRB, une année plus tard. C’est ainsi que j’ai été sélectionné en Equipe nationale pour la CAN-1968. 

A L’époque, il était difficile de rivaliser avec les ténors du continent (Egypte, Soudan, Ethiopie, Ghana) habitués à ces joutes. C’est au retour d’Ethiopie que nous avons compris beaucoup de choses. La CAN est une expédition qu’il faut bien préparer sur tous les plans. Nous avons péché dans plusieurs domaines par inexpérience. Le coach n’avait pas les mains libres dans la composition de l’équipe. Il l’a d’ailleurs avoué après la CAN-1968». 

Des proches de la sélection ont chuchoté que «la composition de l’équipe contre la Côte d’Ivoire (défaite 0-3) a été soufflée d’Alger. Lors du match suivant face à l’Ouganda, Lucien Leduc a aligné «son» équipe qui a balayé l’adversaire 4-0 grâce à un hat-trick de Ahcène Lalmas et un but de Mokhtar Kalem. Les 4 passes des buts ont été délivrées par le «Brésilien» du CRB». Sur cet épisode, ce dernier raconte : «Lors du second match Leduc a joué son va-tout en alignant les joueurs qu’il voulait.  

Le résultat lui a donné raison. Malheureusement, il était déjà trop tard pour la qualification, après la défaite face aux Eléphants. L’Ethiopie a utilisé tous les moyens, même antisportifs, pour nous battre et nous éliminés du tournoi avec la complicité de l’arbitre congolais Angaud qui m’a expulsé après avoir été victime d’une agression et transporté à l’hôpital. Quand je pense encore à la CAN-1968, j’ai la conviction que nous étions passés à côté d’une grosse performance.»

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