L’administration Trump bloque une étude sur les protections féminines

06/04/2025 mis à jour: 16:52
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Pour justifier son choix, la ministre de l’Agriculture Brooke Rollins n’a pas hésité à recourir à la désinformation en affirmant que le projet visait à étudier «les cycles de menstruation chez les hommes transgenres».

L’administration Trump a récemment mis un terme à un projet de recherche dédié aux protections féminines, en avançant à tort qu’il portait sur les hommes transgenres, illustrant une fois de plus les fractures idéologiques qui traversent les États-Unis et l’influence croissante de la désinformation dans les décisions politiques.

Ce projet, baptisé « Project Farm to Feminine Hygiene », devait bénéficier d’une subvention fédérale de 600 000 dollars. Il a été annulé dans le cadre d’une réduction drastique des dépenses publiques imposée par Elon Musk, nommé à la tête de la commission Doge par Donald Trump. Pour justifier cette suppression, la ministre de l’Agriculture, Brooke Rollins, a affirmé que le projet consistait à étudier les cycles menstruels chez les hommes transgenres, une déclaration démentie par les documents officiels liés à la subvention.

En réalité, le projet visait à trouver des alternatives écologiques aux protections hygiéniques synthétiques, notamment à travers l’usage de fibres naturelles comme le coton. Le mot « transgenre » apparaissait dans le dossier uniquement pour signaler que certains hommes transgenres peuvent aussi avoir leurs règles. L’Université Southern de Louisiane, qui devait mener l’étude, a précisé qu’il ne s’agissait en aucun cas d’une recherche sur les cycles menstruels eux-mêmes.

Depuis le retour de Donald Trump à la présidence le 20 janvier, la communauté transgenre est devenue un point central des affrontements entre les progressistes et les conservateurs, attisés par les discours de l’extrême droite. Le nouveau président a rapidement signé un décret réaffirmant que seuls deux sexes, masculin et féminin, seraient reconnus officiellement, en fonction du sexe assigné à la naissance. D’autres programmes ont également été annulés, parfois sur des bases tout aussi contestables, comme une expérimentation censée porter sur un changement de sexe chez les souris.

La polémique autour de ce projet a été largement relayée sur les réseaux sociaux, donnant lieu à des appels à des sanctions contre les chercheurs impliqués. Certains ont réclamé leur licenciement, voire des poursuites judiciaires. Samii Kennedy Benson, la professeure en charge du projet, redoute aujourd’hui pour sa sécurité selon des témoignages recueillis par l’AFP.

Au-delà de la recherche scientifique, le projet comportait également un volet éducatif sur les menstruations et prévoyait la création d’un site de production de fibres naturelles, en collaboration avec l’initiative Acadian Brown Cotton, spécialisée dans une agriculture durable. Une des responsables de ce collectif a dénoncé l’annulation comme étant « motivée par la haine » et dénuée de fondement. La fondatrice, Sharon Donnan, a également fustigé ce qu’elle qualifie de « gâchis énorme pour les femmes », dans une lettre adressée à un responsable politique local.

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