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02/09/2023 mis à jour: 03:30
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Après une période de reflux due à la crise sanitaire des dernières années, les fêtes villageoises célébrant les produits du terroir sont de retour à travers de nombreuses localités du pays. En plus d’être des moments d’animation très recherchés, en période estivale notamment, ces rendez-vous haut en couleur revêtent un intérêt économique certain. Véritable constante dans le discours officiel depuis des décennies, la nécessaire diversification de l’économie nationale devra se concrétiser dans des secteurs entiers non encore exploités, en dépit de potentialités reconnues dans le monde.

Un regard rétrospectif permet de nous apercevoir que la question de la labellisation des produits agricoles du terroir est à l’ordre du jour depuis au moins une quinzaine d’années. Des dossiers ont été déposés auprès de commissions ad hoc et attendent l’aboutissement de procédures laborieuses pour pouvoir appréhender sous les meilleurs auspices la phase cruciale de la production. Cela au moment où la concurrence sur les marchés n’attend pas et les chiffres provenant des circuits commerciaux internationaux heurtent parfois les ambitions portées par les acteurs institutionnels ou les opérateurs et artisans des différentes branches du secteur.

L’huile d’olive produite localement s’impose ainsi dans les concours à l’étranger, engrangeant des médailles chaque année, mais notre pays ne figure pas parmi les dix premiers exportateurs de ce produit aux vertus exceptionnelles et à la réputation transfrontalière. Si le niveau requis de qualité est atteint chez plusieurs exploitants d’oliveraies, la dynamique de production à plus grande échelle en maintenant les mêmes exigences dans le processus de production attend une réelle amorce.

Le redéploiement des structures et installations prévues pour le contrôle de la qualité et la labellisation devra aller de pair avec le renforcement des moyens humains dans les directions locales chargées de l’accompagnement des agriculteurs et producteurs. Une ébauche d’activité avait été observée dans ce créneau, il y a une dizaine d’années, à la faveur d’un financement d’un partenaire continental. L’expérience n’a pas été probante et elle est restée d’ailleurs sans lendemain.

Aux fins d’intercepter la dotation, il n’était pas rare de passer sans transition de l’apiculture au recyclage du textile ou autre dossier constitué à la hâte et adoubé dans une parfaite opacité. Pour un développement d’envergure, la ressource première demeure le savoir-faire et le patrimoine local. Le reste n’est qu’une question d’encadrement par des compétences formées en nombre dans les universités algériennes.

Avec l’appui de l’administration locale qui affiche souvent le même degré d’enthousiasme en plus de son expertise technique, la société civile a un rôle prépondérant dans la valorisation des richesses du terroir. Elle gagnerait cependant à ne pas s’astreindre à une forme d’exhaustivité en matière d’activités annexes qui a pour conséquence de diluer l’objectif premier assigné aux différentes initiatives.

Un compte-rendu de presse a relevé que des visiteurs à une fête de la figue étaient proprement restés sur leur faim, n’ayant pu acquérir in situ le produit mis à l’honneur à cette occasion. Une situation déjà rencontrée lors d’un festival du fromage qui s’était tenu sans possibilité d’en acheter, en raison de lacunes dans l’organisation. Comme pour l’huile d’olive, médaillée et trop peu présente sur le marché international, d’autres produits du terroir, une fois le cap de la labellisation dépassé, seront confrontés à celui des standards de production sur le double plan de la quantité et de la qualité.


 


 

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