La solitude des ménages

07/04/2022 mis à jour: 01:55
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Chaque jour, les prix augmentent et chaque jour les autorités donnent l’impression d’être dépassées et surtout incapables de freiner la flambée due à la spéculation et la cupidité des intervenants.

En quelques mois, les prix des produits – tous les produits – ont augmenté et pas qu’une seule fois. Jusqu’à 150% pour certains articles.

Et ceux extrêmement nécessaires pour les petites bourses, comme le lait en sachet, l’huile et la semoule, subissent des tensions extrêmes, créant des scènes de grande pauvreté qu’on croyait à jamais révolues depuis les années 1980, les Souk el fellah et le PAP.

La flambée est justifiée par l’augmentation des taxes décidées dans la loi de finances 2022, l’augmentation des prix des intrants à l’international, la multiplication des frais de fret, et l’inflation en général.

Mais en ce début de Ramadhan, la cupidité des commerçants offre un point d’orgue au phénomène et rend la facture trop salée. Les augmentations deviennent sauvages et sont insupportables.

Un véritable complot contre la ménagère. Rien n’explique, en effet, que la pomme de terre, la tomate et la majorité des légumes s’accrochent au-dessus des 100 DA, si ce n’est la cupidité des intervenants et l’impuissance des autorités à contrôler le circuit.

Certes, il y a les menaces et les mesures de Kamel Rezig, mais nous savons d’expérience qu’elles sont aussi efficaces qu’une commission parlementaire.

Quant aux sanctions judiciaires mises en place en janvier pour dissuader les spéculateurs, elles n’ont manifestement pas eu l’effet escompté.

Il n’y a qu’à voir la multiplication des vendeurs illicites aux abords des routes, dans les rues et au cœur des quartiers, rejoints par les commerçants qui désertent les marchés municipaux, pour se rendre compte que l’illicite a le vent en poupe et que la marge bénéficiaire a augmenté substantiellement pour ameuter les amateurs du gain facile.

Au détriment du citoyen. Les Algériens ont l’impression de faire face à un ennemi qui agit impunément pour siphonner leurs revenus.

Ce qui renforce le sentiment de solitude et d’abandon qui travaillent des familles de plus en plus pauvres, et celles déclassées parmi les couches moyennes.

La question du pouvoir d’achat est trop sérieuse pour être traitée avec nonchalance, ou considérée à travers l’ornière de l’idée bien répandue dans les sphères du pouvoir, selon laquelle l’Algérien triche sur sa condition.

C’est jouer avec le feu que de nier que la stabilité du pays est menacée, et jouer au Cassandre. Le fil est trop tendu et risque de rompre à tout moment.

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