La responsabilité de l’Onu

05/03/2023 mis à jour: 04:26
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Intervenant à l’occasion de la 52e session du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, le représentant permanent de l’Algérie auprès de l’Office des Nations unies à Genève et des organisations internationales en Suisse, l’ambassadeur Lazhar Soualem, a interpellé, vendredi, la communauté internationale et les organisations de l’Onu chargées de la défense des droits de l’homme à assumer leurs responsabilités concernant les graves violations de la situation des droits de l’homme dans les territoires sahraouis par les forces d’occupation marocaines. Le diplomate algérien a exhorté le Conseil des droits de l’homme de l’Onu et les commissions et autres organes du système des Nations unies à «surveiller la situation des droits de l’homme et à relever les violations subies par le peuple sahraoui dans les territoires occupés, notamment les arrestations arbitraires, les exécutions sommaires, le blocus, la répression des libertés de réunion et de mouvement, et le pillage des ressources naturelles sahraouies, surtout depuis la violation de l’accord de cessez-le-feu par l’Etat d’occupation marocain». Plus concrètement, le représentant permanent de l’Algérie auprès de l’Office des Nations unies à Genève a appelé le Haut-Commissariat aux droits de l’homme à «réactiver les missions techniques dans le territoire du Sahara occidental».

La tenue de la 52e session du Conseil des droits de l’homme de l’Onu intervient dans un contexte particulier marqué par des développements importants sur les scènes régionale, continentale et internationale, qui confortent la justesse de la lutte du peuple sahraouie pour son indépendance. Après avoir bénéficié durant de longues années de l’impunité totale pour ses atteintes caractérisées aux libertés et aux droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés, grâce aux pratiques maffieuses de corruption du Maroc, en soudoyant des parlementaires européens, en contrepartie du soutien à son plan colonial d’annexion du Sahara occidental, le Parlement européen avait adopté une résolution à une écrasante majorité en janvier dernier (356 voix pour, 32 contre, et 42 abstentions) condamnant le Maroc pour sa politique répressive des libertés et des droits de l’homme au Sahara occidental. Bien que non contraignante, la résolution du Parlement européen avait provoqué l’ire du makhzen, qui avait menacé, via un communiqué des deux Chambres du Parlement marocain réunies en urgence, de reconsidérer les relations avec le Parlement européen.

Se présentant à l’international comme un modèle de démocratie dans la région, le Maroc aura désormais beaucoup de mal à nier et à dissimuler la nature répressive et policière de son système de gouvernance. Sa vitrine de pays, prétendument civilisé, tolérant, terre de coexistence entre les différentes religions, vole en éclats. Sans le vouloir, par ses grossières manœuvres, son déni des réalités historiques, de la volonté du peuple sahraoui à vivre libre et indépendant, ses atteintes aux droits de l’homme qui ont atteint l’innommable, le makhzen travaille pour la cause sahraouie. Plus les frasques politiques du Maroc sont dévoilées sur la place publique, à la face de l’opinion publique et dans les enceintes des institutions internationales, comme c’est le cas du scandale du Marocgate, d’espionnage via le logiciel israélien Pegasus, plus le soutien international à la lutte du peuple sahraoui gagne en intensité. Le Maroc a vécu ces derniers mois un véritable cauchemar en enchaînant les défaites diplomatiques, en se faisant remonter les bretelles par la Cour des droits de l’homme africaine pour ses violations des droits de l’homme au Sahara occidental et le pillage des richesses du peuple sahraoui. Il reste un long combat à mener pour le Polisario et la communauté internationale éprise de paix et de liberté : celui de la responsabilité de l’Onu pour l’application de ses résolutions pertinentes sur le conflit qui passe par l’organisation d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. L’instance onusienne a également le devoir de protéger les populations sahraouies dans les territoires occupés par le Maroc en réactivant les missions de la Minurso et en élargissant ses prérogatives à la question des droits de l’homme.

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