La religion à l’ère numérique : Avantages et défis de l’intelligence artificielle

03/04/2024 mis à jour: 04:25
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Dans le paysage contemporain, l’intersection entre l’intelligence artificielle (IA) et la religion est devenue un sujet de discussion fascinant. Alors que l’IA continue de se développer à un rythme rapide, ses implications sur les croyances religieuses et les pratiques spirituelles suscitent le débat. Tandis que la technologie continue de progresser, il est essentiel que les croyants et les penseurs religieux s’engagent dans un dialogue ouvert et inclusif pour explorer les implications de l’IA sur la foi, la spiritualité et l’éthique religieuse dans le monde moderne. 

C’est la démarche de Ali Kahlane, consultant-formateur en transformation numérique, cybersécurité et intelligence artificielle, et Kamel Chekkat, théologien, qui ont animé une soirée ramadhanesque au Sofitel Alger dans le cadre du dernier club de presse de Ooredoo. 

 «Il y a deux types d’IA : l’IA faible (assistant Google, différents filtres et GPS), spécialisée et qui ne fait qu’une seule chose à la fois. L’IA forte sera capable de faire pratiquement toutes les choses que l’être humain est capable de faire. On peut dire que bientôt on va aller vers l’intelligence générale artificielle (AGI). Différentes régulations sont en train d’être prises en charge par l’Europe en particulier avec l’IA Act», précise Ali Kahlane. 

L’IA va améliorer la communication et surtout la santé. Le côté négatif est qu’on devient addict sans réfléchir, sans faire attention à ce qu’elle donne et qui peut être contraire à ce qu’on pense et à notre conscience. «De plus en plus de groupes et de pays pensent que l’IA est peut-être une autre forme de prophètes. Ils n’ont plus besoin d’avoir une enveloppe physique, ils peuvent avoir une enveloppe virtuelle, surtout quand ils sont aussi parfaits, aussi directs, dans les informations qu’elle donne», souligne-t-il. Il cite l’existence de Hadith GPT qui offre la possibilité de trouver un hadith précis avec ses interprétations. Il renferme plusieurs hadiths de diverses bibliothèques, en particulier celle de l’université Al Azhar du Caire et également celles d’autres pays, comme le Pakistan et l’Indonésie.    
 

Des applications pour le hadj et la Omra 


Le conférencier évoque aussi le transhumanisme, c’est-à-dire «aller au-delà de l’être humain et tenter de rendre l’homme immortel. On a prouvé qu’il peut vivre 120 ans, on est capable actuellement de pratiquement guérir toutes les maladies. Il y a même la possibilité de se congeler avec la cryogénisation  et de pouvoir mourir sans mourir». Des applications sont utilisées pour le hadj et la omra, mais également pour la traduction, l’interprétation du Coran et des hadiths.  «Il faut l’utiliser pour aller au-delà de ce que nous pouvons faire. C’est tout simplement quelque chose qui nous permet de nous augmenter, c’est une augmentation de l’être humain. Bien évidemment, toute chose nouvelle fait peur, vous connaissez tous un peu de quelle façon toutes les technologies ont été créées depuis les temps immémoriaux. On peut parler de l’électricité, du téléphone, de l’imprimerie et même d’internet et les réseaux sociaux : quand elle est arrivée (IA), on a eu très peur. Je pense qu’il faut l’utiliser et la prendre en charge pour en profiter au maximum», met-il en exergue.  
 

De son côté, Kamel Chekkat apporte ses éclairages.  «Quand on parle de spiritualité, on se retrouve dans un islam réfléchi et non dans un islam héréditaire. Ça veut dire qu’on a fait un cheminement qui nous fait sortir du folklore dans lequel baigne pratiquement toute la nation musulmane. Ce qui est sûr, c’est que l’islam ne s’oppose aucunement à la technologie ou au progrès scientifique. Maintenant, si certains parlent d’intégrisme ou de fondamentalisme, il faut savoir que nous sommes là face à deux termes qui n’ont aucun fondement historique en islam. L’intégrisme est catholique, il est né en France en 1900. C’est les sclérosés de l’église catholique qui ont décidé pour faire face à tout ce qui faisait office de progrès, de retourner à une pratique rigide. Le fondamentalisme est né dans l’Eglise presbytérienne aux Etats-Unis en 1915 après la publication d'un certain nombre d'écrits et ils s'opposaient au progrès et au  sécularisme, à tout ce qui pouvait menacer l'esprit religieux chrétien», fait-il remarquer.

 Il ajoute : «Nous sommes au XXIe siècle et certains, surtout dans les pays qui souffrent de sclérose mentale, dans des pays qui ont été contaminés par le wahhabisme, ont tendance à penser que la religion va forcément s’opposer à la technologie et à l'intelligence artificielle.  Les travaux de Michael Kessinger, neurobiologiste canadien, ont conclu que l’être humain semble être programmé pour ressentir une présence divine. C’est-à-dire qu’à défaut de croire en Dieu, il peut croire en n’importe quoi. Rien ne pourra évacuer le sentiment religieux.» 

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