L’actuel avant-projet de réforme de la loi relative à l’investissement prône «la liberté d’initiative» et promet surtout de «débureaucratiser» l’investissement. Ce projet législatif prévoit également de renforcer les incitations «en direction des investissements directs étrangers (IDE) créateurs d’emploi et garantissant le transfert de technologie».
Avant d’aboutir à la mouture finale de cette réforme, un large débat doit porter sur les bases légales permettant d’ajuster les équilibres entre l’ouverture par l’attractivité des investissements directs étrangers et la réactivation du protectionnisme via le contrôle des IDE. L’ouverture aux investissements étrangers doit viser en premier lieu le transfert de technologie.
Le but est d’investir dans le savoir-faire des pays développés et de l’utiliser au profit de l’économie algérienne. L’ouverture à l’égard des investisseurs étrangers peut assurer à l’Algérie un afflux de capitaux et de savoir-faire, contribuant ainsi non seulement à la valeur ajoutée, mais aussi à la création d’emplois.
Il va sans dire que l’utilité incontestable de cette ouverture doit s’accompagner de prudence. L’ouverture a des limites. De nombreux Etats développés ont adopté des règles pour contrôler les IDE afin de se protéger.
Ces pays ont réactivé avec vigueur le protectionnisme envers les investissements étrangers. En la matière, l’Algérie a des instruments incisifs pour se prémunir des opérations de rachat non souhaitées, par le fait que des entreprises stratégiques sont la propriété de l’Etat.
Avant d’être assouplie, il y a deux ans, la règle 51/49 visait à renforcer la place économique nationale contre les rachats par des investisseurs étrangers susceptibles de nuire à l’intérêt du pays. Il s’agit nommément de protéger des infrastructures et des secteurs d’importance systémique et stratégique.
Aucun pays ne permet d’acquérir aussi facilement une entreprise stratégique. Pour le bien de notre économie, il faut renforcer les bases légales soumettant les investissements directs de l’étranger à un système équilibré de contrôle.
La nécessité d’un filtrage des investissements étrangers dans les secteurs stratégiques marque une prise de conscience salutaire face aux opérations qui peuvent nuire aux intérêts de l’Algérie. Cela dit, le contrôle des investissements est, certes, nécessaire, mais doit être pertinent.
Il s’agit de trouver le juste équilibre pour filtrer les rachats d’entreprises algériennes stratégiques par des fonds souverains étrangers ou par des entreprises contrôlées ou financées par des Etats étrangers.
Trop de protectionnisme peut néanmoins agir comme un frein économique. Les investissements directs étrangers peuvent constituer le moteur de croissance par excellence.
Au-delà de l’instauration d’un tel juste équilibre vis-à-vis de l’ouverture aux IDE, l’amélioration du climat des affaires doit être une priorité pour bâtir une économie diversifiée en Algérie. L’administration doit laisser les porteurs de projets travailler.
Le plus grand problème est connu depuis des décennies : la bureaucratie est toute puissante. Il serait pertinent de s’inspirer de certains pays émergents, où l’Etat est géré comme une entreprise avec un esprit entrepreneurial.
Dans ces pays, les fonctionnaires touchent des salaires indexés en fonction de leurs performances tout en étant révocables quand ils se dressent en obstacle devant les créateurs de richesse.